L’Encyclopédie/1re édition/LUCUS

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LUCUS, (Géog.) ce mot latin veut dire un bois saint ; & comme l’antiquité avoit l’usage de consacrer les bois à des dieux ou à des déesses, il est arrivé en géographie, qu’il y a des noms de divinités même des noms d’empereurs, joints à lucus, qui désignent des villes ou lieux autrefois célebres, comme Lucus Augusti, ville de la Gaule narbonnoise, dont nous dirons un mot ; Lucus Asturum, qui est Oviedo, ville d’Espagne en Asturie, & autres semblables.

L’étymologie du mot lucus, bois consacré aux dieux, vient de ce qu’on éclairoit ces sortes de bois aux jours de fêtes, quod in illis maximè lucebat ; du moins cette étymologie me semble preférable à celle de Quintilien & de Servius, qui ont recours à l’antiphrase, figure de l’invention des Grammairiens, que les habiles critiques ne goûtent gueres, & dont ils ont fort sujet de se moquer. (D. J.)

Lucus Augusti, (Géogr. anc.) ville de la Gaule narbonnoise, alliée des Romains, selon Pline, liv. III. chap. iv. Tacite, Hist. liv. I. la nomme Lucus vocontiensis, & n’en fait qu’un municipe ; c’étoit la ville de Luc en Dauphiné dans le Diois, grande route des Alpes, sur la Drome. Il y a seulement quelques siecles, qu’une roche étant tombée dans cette riviere, en boucha le lit, & causa une inondation, dont l’ancien Luc fut submergé & détruit. Le nouveau Luc qu’on rebâtit au-dessus de Die, n’est resté qu’un simple village.

Les anciens ont encore donné le nom de Lucus Augusti à la ville de Lugo en Espagne, &c. le mot lucus signifie un bois, & l’on sait que la religion payenne avant consacré les bois aux divinités, la flatterie ne tarda pas d’y joindre des noms d’empereurs, elle commença par Auguste. (D. J.)