L’Encyclopédie/1re édition/MARÉOTIDE la
MARÉOTIDE la, (Géog. anc.) Marrotis regio, ou Mareotus nomus ; pays d’Afrique à l’extrémité de la Libye & de l’Egypte, auprès d’Alexandrie ; c’étoit du lac de ce pays que le Nome prit le nom de Maréotide ; ainsi voyez l’article de ce lac. (D. J.)
Maréotide lac, (Géog. anc.) Mareia, Mareotis, Mareotis palus ; grand lac d’Afrique, auprès d’Alexandrie d’Egypte. Pline & Strabon en parlent beaucoup. Ce dernier assûre que les eaux s’étoient accrues par des canaux qui venoient du Nil, de sorte que l’on pouvoit s’y rendre par eau de toute l’Egypte. Il arrivoit de-là que les habitans d’Alexandrie avoient sur ce lac un port plus riche & mieux pourvû que celui qui étoit du côté de la Méditerranée. Le même Strabon donne au lac Maréotide 150 stades de largeur (7 à 8 lieues de France), & près du double de longeur. Le vin qui croissoit sur ses bords s’appelloit mareoticum vinum, & c’est le même qu’Athéneé nomme vin d’Alexandrie : tous les anciens en parlent avec éloge. Virgile dit de ses vignes,
- Sunt Thasia vites, sunt & Mareotides alba.
Les excellens vins de l’île de Tharos, & ceux du lac Maréotide sont blancs.
Sur la nouvelle qu’Octave avoit pris Alexandrie, Horace, pour lui plaire, peint le caractere de Cléopatre avec les couleurs les plus vives ; l’amour de cette princesse étoit, selon lui, une fureur ; son courage un desespoir, son ambition une ivresse ; le trouble, dit il, de son esprit, causé par les fumées du vin d’Egypte, se changea tout-à-coup en une véritable crainte.
Mentemque hymphatam Mareotico
Redegit in veros timores Cæsar.
Non seulement on ne voit plus les bords du lac Maréotide, aucuns vestiges des fameux vignobles ou croissoit ce vin si renommé chez les anciens ; mais le lac lui-même est tellement desséché que nous doutons si c’est le lac de Bukiara des modernes. Il ne faut pas néanmoins s’étonner de son desséchement, puisque ce n’étoit d’abord qu’un étang formé par les eaux d’une simple source, & que ce fut la seule communication avec le Nil qui en fit un grand & vaste lac. (D. J.)