L’Encyclopédie/1re édition/MAROC, Empire de

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MAROC, Empire de, (Géogr.) grand empire d’Afrique dans la partie la plus occidentale de la Barbarie, formé des royaumes de Maroc, de Fez, de Tafilet, de Sus, & de la province de Dara. Voyez M. de Saint-Olon.

Cet empire peut avoir 250 lieues du nord au sud, & 104 de l’est à l’ouest ; il est borné du côté du nord par la Méditerranée, à l’orient & à l’occident par la mer Atlantique, & au midi par le fleuve Dara. Les chrétiens cependant tiennent quelques places sur les côtes ; les Espagnols ont du côté de la Méditerranée Ceuta, Meilila & Orans ; les Portugais possedent Magazan sur l’Océan.

Tout le reste appartient à l’empire de Maroc, qui se forma dans le dernier siecle. Le fameux Mouley-Archi, roi de Tafilet, & Moula-Ismaël son frere, réunirent les royaumes de Maroc, de Fez, de Tafilet & de Sus, la vaste province de Dara sous une même puissance.

Ainsi cet empire, qui comprend une partie de la Mauritanie, fut mis autrefois par Auguste sous le seul pouvoir de Juba. Il est peuplé des anciens Maures, des Arabes Bédouins qui suivirent les califes dans leurs conquêtes, & qui vivent sous des tentes comme leurs ayeux, des Juifs chassés par Ferdinand & Isabelle, & des noirs qui habitent par-delà le mont Atlas.

On voit dans les campagnes, dans les maisons, dans les troupes, un mélange de noirs & de métis.

Ces peuples, dit M. de Voltaire, trafiquerent de tout tems en Guinée ; ils alloient par les deserts, aux côtes où les Portugais vinrent par l’Océan. Jamais ils ne connurent la mer que comme l’élément des pirates. Enfin toute cette vaste côte de l’Afrique depuis Damiete jusqu’au mont Atlas, étoit devenue barbare, dans le tems que nos peuples septentrionaux autrefois plus barbares encore, sortoient de ce triste état pour tâcher d’atteindre un jour à la politesse des Grecs & des Romains. (D. J.)

Maroc, royaume de, (Géog.) royaume d’Afrique dans la partie la plus occidentale de la Barbarie. Il est borné au nord par le fleuve Ommirabi, à l’orient par le mont Atlas, au midi par la riviere de Sus, & au couchant par l’Océan occidental. Ce royaume s’etend le long de la côte, depuis l’embouchure de la riviere de Sus, que les anciens appelloient Suriga, jusqu’à la ville d’Azamor.

Les forces de ce royaume sont peu redoutables par mer, parce que le nombre des bâtimens qu’il équipe en mauvais ordre, n’ont ordinairement qu’une douzaine de 15 à 20 pieces de canon mal servies. S’ils font des prises, le roi en a sa moitié, mais il prend tous les esclaves en payant 50 écus pour chacun de ceux qui ne sont pas compris dans sa moitié.

Les forces de terre ne valent pas mieux que celles de mer, parce qu’elles n’ont ni armes ni discipline.

Quoique le royaume de Maroc soit divisé en sept provinces assez grandes, il est cependant très-peu peuplé, à cause de son terrein sablonneux & ingrat, qui ne permet pas l’abondance des grains & des bestiaux ; il produit seulement une grande quantité de cire & d’amandes qui se débitent en Europe.

On compte dans tout ce royaume 25 à 30 mille cabanes d’adouards, qui font 80 à 100 mille hommes payant annuellement au roi la dixme de leurs biens depuis l’âge de 15 ans. Un adouard est une espece de village ambulant composé de quelques familles arabes, qui campent sous des tentes tantôt dans un lieu, tantôt dans l’autre ; chaque adouard a son marabou & son chef, qui est elu. Rien n’est comparable à la misere & à la malpropreté de ces arabes.

Le roi de Maroc prend le titre de grand chérif, c’est-à-dire de premier successeur de Mahomet, dont il prétend descendre par Aly & par Fatime, gendre & fille de ce faux prophete.

Sa religion, pleine de superstitions, est fondée sur l’alcoran, que les Maures & les Arabes expliquent à leur maniere, selon l’interprétation de Melich.

Quoique les esclaves chrétiens appartiennent au roi, ils n’en sont pas moins malheureux par la rudesse de leurs travaux, leur mauvaise nourriture, les lieux souterreins où on les fait coucher.

Les juifs, quoiqu’utiles & en grand nombre dans cet état, y sont rançonnés comme autrefois parmi les chrétiens.

Les alcaïdes gouvernent le royaume sous l’autorité du chérif, car il n’a ni cour de justice, ni conseil particulier, ni ministre ; il est l’auteur, l’interprete & le juge de ses lois. Dans son royaume de Maroc, comme à la Chine, il donne le droit à l’empire par son testament en faveur de celui de ses enfans qu’il lui plaît de nommer, ou même d’un autre sujet pour son successeur. Ainsi les partis peuvent se former pendant la vie du monarque ; & s’il ne fait point de testament, ou s’il ne laisse point de nomination par son testament, tout se trouve préparé à la division & aux guerres civiles.

J’ajoute que le roi de Maroc, malgré son despotisme, reconnoît en matiere de religion l’autorité supérieure du Moufti & de ses prêtres ; il n’a pas le pouvoir de les déposer, quoiqu’il ait celui de les établir : cependant s’ils mettoient obstacle à ses desseins, sa vengeance seroit sûre & leur perte inévitable, à moins qu’ils ne le détronassent au même moment. (D. J.)

Maroc, province de, (Géog.) c’est la principale des sept provinces du royaume de même nom, & qui forme une figure triangulaire au milieu des autres.

Cette province se nommoit autrefois Bocano emero, & sa capitale étoit l’ancienne ville d’Agmet, d’où les Lumptunes ou Almoravides vinrent fondre dans le pays. Ils y bâtirent ensuite la ville de Maroc pour être le siége de leur empire & la capitale non-seulement de la province, mais encore de toute la partie occidentale de la Mauritanie Tangitane.

Les habitans de cette province ont hors des montagnes un terrein abondant en froment, en orge, en millet & en dattes ; ils sont dans les villes assez bien vêtus à leur mode, mais les montagnards sont misérables, parce qu’ils ne recueillent qu’un peu d’orge sous la neige. (D. J.)

Maroc, (Géogr.) capitale du royaume & de la province de même nom ; c’est une grande ville, la mieux située de toute l’Afrique, dans une belle plaine, à cinq ou six lieues du mont Atlas, environnée des meilleures provinces de la Mauritanie tangitane. On croit que c’est l’ancienne Bocanum Hemerum, où il y avoit un évêché avant la domination des Maures. Elle a été bâtie par Abu Téchifien, premier roi des Almoravides, environ l’an 1052, & 454 de l’hégire. Elle est fermée de bonnes murailles faites à chaux & à sable, avec une forteresse du côté du midi ; mais cette ville a bien déchu de son ancienne splendeur, & ne contient pas aujourd’hui 25 mille ames. Sa forteresse & sa mosquée, autrefois si fameuses, ne sont plus rien. Maroc est à environ 100 lieues S. O. de Fez, 50 N. E. de Sus. Long. 10. 50. lat. 30. 32. (D. J.)

Maroc, s. m. (Draps.) serges qui se fabriquent à Rouen. Voyez l’article Manufacture en laine.