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L’Encyclopédie/1re édition/MARON

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MARON, s. m. terme de relation. On appelle marons dans les îles françoises les negres fugitifs qui se sauvent de la maison de leurs maîtres, soit pour éviter le châtiment de quelque faute, soit pour se délivrer des injustes traitemens qu’on leur fait. La loi de Moïse ordonnoit que l’esclave à qui son maître auroit cassé une dent seroit mis en liberté ; comme les chrétiens n’acquierent pas les esclaves dans ce dessein, ceux-ci accablés de travaux ou de punitions, s’échappent par-tout où ils peuvent, dans les bois, dans les montagnes, dans les falaises, ou autres lieux peu fréquentés, & en sortent seulement la nuit pour chercher du manioc, des patates, ou autres fruits dont ils subsistent. Mais selon le code noir, c’est le code de marine en France, ceux qui prennent ces esclaves fugitifs, qui les remettent à leurs maîtres, ou dans les prisons, ou entre les mains des officiers de quartier, ont cinq cens livres de sucre de récompense. Il y a plus : lorsque les marons refusent de se rendre, la loi permet de tirer dessus ; si on les tue, on en est quitte en faisant sa déclaration par serment. Pourquoi ne les tueroit on pas dans leur fuite, on les a bien achetés ? Mais peut-on acheter la liberté des hommes, elle est sans prix ? Voyez Esclavage, Droit nat. Morale, Religion.

Au reste, j’oubliois de dire une chose moins importante, l’origine du terme maron : ce terme vient du mot espagnol simaran, qui signifie un singe. Les Espagnols qui les premiers habiterent les îles de l’Amérique, crurent ne devoir pas faire plus d’honneur à leurs malheureux esclaves fugitifs, que de les appeller singes, parce qu’il se retiroient comme ces animaux au fond des bois, & n’en sortoient que pour cueillir les fruits qui se trouvoient dans les lieux les plus voisins de leur retraite. (D. J.)