L’Encyclopédie/1re édition/MELILOT

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MELILOT, s. m. melilotus, (Bot.) genre de plante à fleur papilionacée : le pistil sort du calice & devient, quand sa fleur est passée, une capsule découverte, c’est-à-dire qu’elle n’est pas enveloppée du calice de la fleur comme dans le trefle. Cette capsule contient une ou deux semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre que chaque pédicule porte trois feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte 15 especes de mélilot, auxquelles on peut joindre celle qui est représentée dans les mémoires de l’académie de Pétersbourg, tome VIII. page 279. Elle y est nommée melilotus, siliquâ membranaceâ, compressâ ; & elle est venue de graines cueillies en Sibérie. Mais c’est assez de décrire ici le mélilot commun à fleurs jaunes, qu’on appelle vulgairement mirlirot : c’est le melilotus Germanicus de C. B.P. & des I. R.H. 407, en anglois the common ou german mélitot.

Sa racine est blanche, pliante, garnie de fibres capillaires fort courtes, plongées profondément dans la terre ; ses tiges sont ordinairement nombreuses, quelquefois elle n’en a qu’une ; elles sont hautes d’une coudée ou d’une à deux coudées, lisses, cylindriques, cannelées, foibles, cependant creuses, branchues, revêtues de feuilles qui viennent par intervalles au nombre de trois sur une même queue, grêles & longues d’un pouce & demi ; ces feuilles sont oblongues, légerement dentelées, & comme rangées à leur bord, lisses, d’un verd foncé.

Ses fleurs naissent sur de longs épis qui sortent des aisselles des feuilles : elles sont clair-semées, légumineuses, petites, jannes, à quatre pétales, portées sur des pédicules courts très-menus ; il leur succede des capsules ou gousses fort courtes, simples, pendantes, ridées, nues, c’est-à-dire qui ne sont pas cachées dans le calice, comme dans le trefle, noires quand elles sont mûres ; elles renferment chacune une ou deux graines arrondies, jaunâtres, d’une saveur légumineuse.

Cette plante verte n’a presque point d’odeur ; mais quand elle est seche, elle en a une très-pénétrante : elle croît en abondance dans les haies, les buissons & parmi les blés ; elle est d’usage étant fleurie. On s’en sert extérieurement pour amollir, résoudre, digérer. On tire de ses fleurs une eau distillée qui s’emploie dans les parfums. (D. J.)

Mélilot, ou Mirlirot, (Pharm. & Mat. méd.) Les sommités fleuries de mélilot sont employées très-fréquemment dans les décoctions pour les lavemens carminatifs & adoucissans, & pour les fomentations résolutives & discussives : on les applique en cataplasmes, étant cuites dans de l’eau avec les plantes & les semences émollientes, sur les tumeurs inflammatoires, dont on prétend qu’elles arrêtent les progrès ou qu’elles procurent la maturation. Quelques auteurs ont recommandé l’application extérieure de ces fomentations ou de ces cataplasmes, comme étant très-utile contre les affections inflammatoires des visceres, & particulierement contre la pleurésie. Voyez aux articles Inflammation, Pleurésie & Topique, quels fonds on peut faire sur les secours de ce genre.

Le suc ou l’infusion des fleurs de mélilot ont été recommandés dans les ophthalmies douloureuses.

On emploie rarement le mélilot à l’intérieur ; quelques auteurs ont recommandé cependant l’infusion & la décoction de ses fleurs contre les inflammations du bas-ventre, les douleurs néphrétiques & les fleurs blanches.

On garde dans quelques boutiques une eau distillée & chargée d’un petit parfum leger qui ne peut lui communiquer que très-peu de vertu médicinale.

Le mélilot a donné son nom à son emplâtre dont l’usage est assez fréquent, & dont voici la composition.

Emplâtre de mélilot de la pharmacopée de Paris. Prenez des sommités de mélilot fleuries & fraîches, trois livres ; hachez-les & jettez-les dans quatre livres de suif de bœuf fondu ; cuisez jusqu’à la consommation presqu’entiere de l’humidité ; exprimez le suif fortement, & mêlez-y de résine blanche six livres, de cire jaune trois livres, & votre emplâtre est fait. (b)