L’Encyclopédie/1re édition/MENUISERIE

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MENUISERIE, s. f. (Art. méchan.) De la Menuiserie en général. Sous le nom de Menuiserie, l’on comprend l’art de tailler, polir & assembler avec propreté & délicatesse les bois de différente espece pour les menus ouvrages ; comme les portes, les croisées, les cloisons, les parquets, plafonds, lambris, & toutes les especes de revêtissement dans l’intérieur des appartemens, faites en bois. Ce mot vient de minutarius ou munitiarius ; parce que l’ouvrier emploie des menus bois, debités[1] par planches, ou autres pieces d’une grosseur médiocre, corroyées & polies avec des rabots (fig. 92, 95.) & autres instrumens, & qu’il travaille en petit en comparaison du charpentier dont les ouvrages sont en gros bois, comme poutres, solives, chevrons, sablieres, &c. charpentés avec la coignée & parés seulement avec la besaiguë. Quelques-uns nomment encore ainsi ceux qui travaillent en petit, comme chez les Orfévres & les Potiers d’étaim, ceux qui font des boucles, anneaux, crochets, &c. opposés aux vaisselles & autres ouvrages qu’ils appellent grosserie. En général on donne plus communément ce nom à ceux qui travaillent aux menus ouvrages en bois.

La Menuiserie se divise en deux classes : l’une où l’on emploie les bois de différentes couleurs, débités par feuilles très-minces, qu’on applique par compartiment sur de la menuiserie ordinaire, & à laquelle on donne plus communément le nom d’ébénisterie ou de marqueterie. L’autre qui a pour objet la décoration & les revêtissemens des appartemens, pour laquelle la connoissance du dessein est nécessaire, se fournit dans les bâtimens par les Menuisiers à la toise courante ou superficielle, selon qu’il est spécifié par les devis & marchés faits avec eux. Les ouvriers qui travaillent à la premiere, se nomment Menuisiers de placage ou Ebénistes ; & ceux qui travaillent à la seconde, se nomment Menuisiers d’assemblage ou seulement Menuisiers.

On divise encore cette derniere en trois différentes especes. La premiere est la connoissance des bois propres à ces sortes d’ouvrages ; la seconde en est l’assemblage ; & la troisieme est l’art de les profiler & de les joindre ensemble, pour en faire des lambris propres à décorer l’intérieur des appartemens.

Des bois propres à la Menuiserie. Les bois dont on se sert pour la menuiserie sont le plus communément le chêne, le sapin, le tilleul, le noyer & quelques autres. On se sert encore quelquefois de bois d’orme, de frêne, d’hêtre, d’aune, de bouleau, de châtaignier, de charme, d’érable, de cormier, de peuplier, de tremble, de pin & d’une infinité d’autres de différente espece ; mais de tous ces bois employés le plus ordinairement par les Tourneurs en bois, les uns sont rares, les autres sont trop durs ou trop tendres ; & d’autres enfin sont trop foibles, trop petits, & n’ont aucune solidité. Il y a encore des bois de couleur fort durs qu’on appelle ébéne, mais ils ne sont employés que pour l’ébénisterie & la marqueterie.

Le chêne est de deux especes : l’une que l’on appelle chêne proprement dit, se trouve dans toutes les terres fraîches, sur-tout lorsqu’elles sont un peu sablonneuses. On l’emploie pour les gros ouvrages, comme portes cocheres, chartieres, d’écurie, de cuisine, &c ; & pour les chassis des autres portes & croisées qui ont besoin de solidité. Ce bois seul a la qualité de se durcir dans l’eau sans se pourrir. L’autre espece de chêne, que l’on nomme bois de Vauge & qui vient du pays de ce nom en Lorraine, est plus tendre que le précédent, & sert pour les lambris, sculptures & autres ouvrages de propreté & de décoration.

Le bois de sapin qui est beaucoup plus leger, plus tendre, plus difficile à travailler & plus cassant que ce dernier, sert aussi quelquefois pour des lambris de pieces peu importantes, & qui n’ont pas besoin d’une si grande propreté.

Le bois de tilleul est aussi fort tendre & fort leger ; peu solide à la vérité dans ses assemblages, mais se travaillant mieux & plus proprement que tous les autres bois. C’est pourquoi on ne s’en sert que pour des modelés ; aussi est-il d’un usage excellent pour ces sortes d’ouvrages.

Tous les bois propres à la menuiserie, qui se vendent chez les marchands de bois, se débitent ordinairement dans les chantiers[2] ou forêts de chaque province ; & arrivent à Paris tous débités par planches de différentes dimensions ; dont la longueur differe de trois en trois piés, depuis six jusqu’à environ vingt & un ; & l’épaisseur à proportion, en variant de trois en trois lignes depuis six lignes, épaisseur des planches de six piés de long qu’on appelle voliches, jusqu’à cinq à six pouces épaisseur des planches qui servent aux tables de cuisine & aux établis de Menuisiers & d’Ebénistes. Mais les Menuisiers intelligens, & qui peuvent faire une certaine dépense, ont soin d’en prendre sur les ports de la Rapée ou de l’Hôpital à Paris, dont ils font une provision qu’ils placent dans leurs chantiers par piles les unes sur les autres, entrelacées de lattes, afin que l’air puisse circuler dans l’intérieur, & que l’humidité puisse facilement s’évaporer. Ils couvrent ensuite ces piles de quelques mauvaises planches en talut, pour faire écouler les eaux, & observent d’entretenir cette quantité de bois, & de n’employer que celui qui a seché pendant cinq ou six ans. Aussi les Menuisiers qui ne sont pas en état de faire cette dépense, & qui l’achetent chez les marchands à mesure qu’ils en ont besoin, sont très-sujets à faire de mauvais ouvrages ; ce qu’ils peuvent, à la vérité, éviter lorsqu’ils ont affaire à des marchands de bonne foi, ou en l’achetant chez leurs confreres, lorsqu’ils en trouvent d’assez complaisans pour leur en vendre.

Pour que le bois soit de bonne qualité, il faut qu’il soit de droit fil, c’est-à-dire que toutes les fibres soient à-peu près paralleles aux deux bords des planches, qu’il n’ait aucun nœud vicieux[3], tampon[4], aubier[5], malandre[6], flache[7], fistule[8], ou galle[9] ; on le distingue selon ses especes, selon ses défauts, & selon ses façons.

Du bois selon ses especes. On appelle bois de chêne ruste ou dur, celui qui a le plus gros fil & dont on se sert dans la charpenterie & dans la menuiserie, pour les chassis des portes & croisées, qui ont besoin d’une certaine solidité.

Bois de chêne tendre, est celui qui est gras & moins poreux que le précédent qui a fort peu de fils, & qu’on emploie dans la menuiserie pour les lambris, profils, moulures, sculptures & autres ouvrages de propreté. On l’appelle encore bois de Vauge ou de Hollande.

Bois précieux & dur, est un bois très-rare, de plusieurs especes & de différentes couleurs, qui reçoit un poli très-luisant, & qu’on emploie le plus souvent dans l’ébénisterie & la marqueterie.

Bois legers, sont des bois blancs dont on se sert au lieu de chêne, tels que le tilleul, le sapin, le tremble & autres qu’on emploie dans les planchers, cloisons, &c. pour en diminuer le poids.

Bois sain & net, est un bois qui n’a aucun nœud, malandres, galles, fistules, &c.

Du bois selon ses défauts. On appelle bois blanc, celui qui est de même nature que l’aubier, & qui se corrompt facilement.

Bois carié ou vicié, celui qui a des malandres, galles ou nœuds pourris.

Bois gelif, celui que l’excès du froid ou du chaud a fait fendre ou gerser.

Bois noueux ou nouailleux, celui qui a beaucoup de nœuds qui le font casser lorsqu’il est chargé de quelques fardeaux, ou lors même qu’on le débite.

Bois qui se tourmente, celui qui se déjette[10], ou se caussine[11], lorsqu’il seche plus d’un côté que de l’autre, dans un endroit que dans un autre.

Bois rouge, celui qui s’échauffe & est sujet à se pourrir.

Bois roulé, celui dont les cernes ou fibres sont séparées, & qui ne faisant pas corps, n’est pas propre à débiter.

Bois tranché, celui dont les fibres sont obliques & traversantes, & qui coupant la piece l’empêchent de résister à la charge.

Bois vermoulu, celui qui est piqué de vers.

Du bois selon ses façons. On appelle bois bouge ou bombé, celui qui est courbé en quelques endroits.

Bois corroyé, celui qui est corroyé avec le rabot, fig. 92, ou la varlope, fig. 95.

Bois d’échantillon, celui qui est d’une grosseur ordinaire ; tel qu’il se trouve dans les chantiers des marchands.

Bois de sciage, celui qui est propre à refendre, & que l’on débite pour cela avec la scie, fig. 125, pour des planches, voliches, &c.

Bois flache, celui dont les arrêtes ne sont pas vives, & où il y a du déchet pour le dresser ou l’équarrir. Les ouvriers appellent cautibai, celui qui n’a du flache que d’un côté.

Bois gauche ou deversé, celui qui n’est pas droit selon ses angles & ses côtés.

Bois lavé, celui dont on a ôté tous les traits de la scie avec le rabot, fig. 92, ou la varlope, fig. 95.

Bois méplat, celui qui a beaucoup moins d’épaisseur que de largeur, telles que des membrures de menuiserie, &c.

Bois tortueux, celui dont les fibres sont courbées, & qui pour cela n’est propre qu’à faire des parties circulaires.

Bois vif, celui dont les arrêtes sont vives, & dont il ne reste ni écorce, ni aubier, ni flache.

Des assemblages de menuiserie. On entend par assemblage de menuiserie l’art de réunir & de joindre plusieurs morceaux de bois ensemble, pour ne faire qu’un corps. Il y en a de plusieurs especes ; on les nomme assemblages quarrés, à bouement, à queue d’aronde, à clé, ou onglet, ou anglet, en fausse coupe, en adeul & en emboiture.

Le premiere espece, que l’on appelle assemblage quarré, fig. 1. & 2, se fait quarrément de deux manieres ; l’une, fig. 1, en entaillant le deux morceaux de bois par les bouts A & B, que l’on veut joindre ensemble, chacun de la moitié de leur épaisseur ; & en les retenant avec des chevilles & de la colle forte que l’on applique toute chaude dessus : ce que l’on appelle communément coller & cheviller, tel qu’on le voit en C, même fig. L’autre, fig. 2, en les assemblant à tenon A, & à mortaise B ; cet assemblage se fait en perçant dans l’épaisseur du bout B, d’un de ces deux morceaux de bois, un trou méplat qu’on appelle mortaise, avec un bec-d’âne, fig. 77, & un ciseau, fig. 75, & en entaillant le bout A de l’autre morceau de bois du tiers de son épaisseur de chaque côté ; & laisser par-là de quoi remplir la mortaise B ; ce qu’on appelle tenon. On fait entrer ensuite le tenon dans la mortaise, que l’on colle & que l’on cheville, si on le juge à propos. Mais ordinairement lorsque le tenon & la mortaise sont bien dressés, & qu’ils entrent bien juste l’un dans l’autre, on se contente de les cheviller sans les coller ; afin que si par la suite il étoit nécessaire de démonter cet assemblage, on n’ait que les chevilles à ôter pour les séparer. On a toujours soin lorsque l’on fait ces sortes d’ajustemens, de tenir le tenon A plus d’un côté que de l’autre, afin qu’il puisse rester à l’extrémité de la mortaise B, une épaisseur de bois qui puisse la soutenir, & de la rendre plus ferme. Il faut observer encore de tenir ce tenon A, un peu plus épais que la troisieme partie de l’épaisseur du bois ; parce que de ces trois parties, le tenon n’en a qu’une, & la mortaise en a deux, & que deux sont plus forts qu’une. Il arrive quelquefois que ce même tenon A ne traverse pas la mortaise B, comme on le voit dans les fig. 3 & 4 ; ce qui rend cet assemblage beaucoup plus propre, & non moins solide.

Le second assemblage, fig. 3. 4. & 5. se nomme à bouement, & se fait à tenons & à mortaises comme le précédent ; à l’exception que les moulures ou les cadres de ses paremens sont coupés en onglet[12]. Il y en a de trois sortes. La premiere, fig. 3. est appellée à bouement simple, parce qu’elle n’a de moulure A que d’un côté. La seconde, fig. 4. est appellée à bouement double, parce qu’elle en a des deux côtés. Et la troisieme, fig. 5. est appellée à bouement double de chaque côté, parce les moulures A sont doubles des deux côtés. La mortaise est ici percée à jour ; & comme il s’y trouve un tenon de chaque côté, ils ne contiennent chacun que la moitié de l’épaisseur du bois.

Le troisieme assemblage, fig. 6. 7. & 8. se nomme à queue d’aronde ; c’est une espece d’ajustement à tenons & à mortaises ; mais qui differe des précédentes, en ce que les tenons A s’élargissent en approchant de leurs extrémités, & qu’ils comprennent toute l’épaisseur du bois, & les mortaises sont faites comme les tenons. Il y en a de trois sortes : La premiere, fig. 6. que l’on appelle à queue d’aronde seulement, sert quelquefois à entretenir de fortes pieces de bois pour les empêcher de se déranger de leurs places, lorsqu’elles sont posées. Aussi cet assemblage n’est-il pas des plus solides, parce qu’il coupe le bois transversalement. La seconde, fig. 7. se nomme à queue perdue, parce que ces especes de tenons A sont perdus dans l’épaisseur du bois, & qu’ils se trouvent recouverts par un joint B en onglet, qui rend cet ajustement fort propre. La troisieme, fig. 8. se nomme à queue percée, parce que les tenons A entrent dans les mortaises B, & traversent l’épaisseur du bois. Cet assemblage seroit fort solide, & plus que le précédent, si ce qui reste de bois C entre chaque mortaise ne se trouvoit pas à bois debout[13] ; & que le bois disposé de cette maniere n’a aucune force, & est sujet à s’éclater d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi les bons ouvriers ont soin de choisir pour cet effet des morceaux de bois noueux dans cet endroit, & propres à cela, afin de donner à ces intervalles plus de fermeté. Celui qui porte les tenons, n’a pas besoin de ces précautions, en observant toujours de le disposer à bois de fil[14].

Le quatrieme assemblage, fig. 9. se nomme à clé. Il sert ordinairement à joindre deux morceaux de bois ou planches l’une contre l’autre, ainsi que pour les emboîtures, fig. 14. comme nous le verrons ci-après. Ce n’est autre chose qu’une mortaise A fig. 9. percée de chaque côté, dans l’une desquelles on chasse à force[15] une espece de tenon, collé, chevillé & retenu à demeure d’un côté, & par l’autre chevillé seulement, pour donner la liberté de démonter cet assemblage lorsqu’on le juge à propos. On en peut placer dans la longueur de deux planches que l’on veut joindre ensemble, autant qu’il est nécessaire pour les entretenir.

Le cinquieme assemblage, fig. 10. & 11. se nomme un onglet ou anglet. C’est une espece d’assemblage quarré, plus long à faire & moins solide que les autres ; raison pour laquelle on s’en sert fort peu. Il s’en fait cependant de deux sortes : l’une fig. 10. dont l’extrémité A du bois est taillée quarrement d’un côté, & à onglet de l’autre. Et l’autre B est percée d’une espece de mortaise à jour, dont un côté est aussi en onglet. La seconde sorte en onglet, fig. 11. s’assemble simplement à tenons & à mortaises dans l’angle : mais il est mieux de le faire, comme ceux des assemblages quarrés.

Le septieme assemblage, fig. 13. se nomme en adent. Il sert à joindre des planches l’une contre l’autre, à l’usage des lambris, panneaux de portes, &c. On l’appelle plus communément assemblage à rainure & languette, parce qu’il est composé d’une rainure A faite avec les bouvets, fig. 105. 190 & 111. & d’une languette faite avec celui fig. 107.

Le huitieme & dernier assemblage, fig. 14. se nomme en emboîture. Il est composé d’une emboiture A, sur laquelle on fait une rainure B d’un bout à l’autre, dans laquelle entre la languette C. Cette emboiture se trouve percée de distance en distance, de mortaises D dans lesquelles s’ajustent des clefs E, chevillées seulement, pour retenir de part & d’autre plusieurs planches E, assemblées à rainures & languettes, comme nous venons de le voir, à l’usage des tables, des portes, &c.

Des lambris. Les lambris de menuiserie sont très en usage, & d’une plus grande utilité en France & dans les pays voisins du Nord que dans les pays chauds ; car dans ceux-là, ils échauffent les pieces, les rendent seches, & conséquemment salubres, & habitables peu de tems après leur construction ; au-lieu que dans ceux-ci, ils font perdre une partie de la fraîcheur des appartemens, & les insectes, en abondance, s’y amassent & s’y multiplient. Ils n’ont pas le seul avantage d’économiser des meubles dans les pieces d’une moyenne grandeur, & dans celles qui sont les plus fréquentées : ils ont encore celui de corriger leurs défauts : comme des irrégularités, biais, enclaves, causés par des tuyaux de cheminées, murs mitoyens, ou par la décoration extérieure des bâtimens, sur lesquels on adosse des armoires, dont les guichets conservent la même symmétrie que le reste des lambris. Les bâtis[16] qui contiennent les panneaux, doivent former des compartimens de moulures & de quadres, proportionnés, séparés par d’autres plus étroits, que l’on nomme pilastres ; en observant d’éviter les petites parties, défaut fort commun autrefois, où l’on employoit tous les bouts de bois ; de sorte qu’il y avoit des panneaux si petits qu’ils étoient élégis à la main sans aucun assemblage ; & les plus grands étoient de mairrain, de cinq à six lignes d’épaisseur : mais maintenant que l’on tient le bois plus long & plus épais, on assemble plusieurs ais l’un contre l’autre, à clef, fig. 9. ou à rainure & languette, fig. 13. que l’on colle ensemble. On les assemble aussi à rainure & languette dans leurs bâtis ; mais bien loin d’y être collés, ils y sont placés à l’aise, afin que si ceux sur-tout qui ont beaucoup de largeur, venoient à se tourmenter, ils ne pussent se tendre ni s’éclater.

Des lambris en particulier. Sous le nom de lambris, on comprend les différens compartimens de menuiserie servant à revêtir les murailles, tel que dans l’intérieur des appartemens, les portes à placards, simples & doubles, les armoires, buffets, cheminées, trumeaux de glaces, tablettes de bibliotheques, & dans la plupart des églises, des retables, tabernacles, crédences d’autels, bancs, formes, confessionnaux, œuvres, chaires de prédicateurs, tribunes, porches, &c. On les réduit à deux especes principales, l’une qu’on appelle lambris d’appui, & l’autre lambris à hauteur de chambre, ou seulement lambris de hauteur.

La premiere ne se place que dans le pourtour intérieur des salles, chambres & pieces tapissées, & n’ont que deux piés & demi à trois piés & demi de hauteur. Ils servent à revêtir les murs au-dessous des tapisseries pour les garantir de l’humidité des planchers & du dossier des sieges.

La seconde sert à revêtir les murs des appartemens dans toute leur hauteur depuis le dessus du carreau ou du parquet jusqu’au dessous de la corniche.

La continuité & ressemblance des mêmes panneaux dans un même lambris, tel qu’on le pratiquoit autrefois, ne produisoit rien de fort agréable aux yeux : on y a introduit peu-à-peu des tableaux, pilastres, &c. de distance à autre, disposés symmétriquement & correspondans à leurs parties opposées, le choix des moulures & des ornemens que l’on y distribue maintenant à propos & avec délicatesse, ne concourent pas moins à en augmenter la richesse & l’agrément, jusqu’à le disputer même avec les plus beaux ouvrages de ciselure les plus recherches. Les formes des quadres que l’on insere dans les panneaux se varient à l’infini, selon le goût des décorateurs ; mais il faut leur donner peu de relief, ainsi qu’aux parties de lambris qui forment des avant-corps, & il est fort désagréable de voir des ressauts trop marqués dans une même continuité de lambris. On avoit coutume autrefois de diviser les panneaux dans leur hauteur, par des especes de frises[17] : ce que l’on peut faire cependant lorsque les planchers des pieces sont d’une trop grande élévation, & on ne connoissoit alors que les formes quarrées. Mais depuis que la menuiserie s’est perfectionnée, on a reconnu que les grands panneaux faisolent un plus bel effet ; & il n’y a plus maintenant de forme, quelqu’irréguliere qu’elle soit tant sur les plans que sur les élévations, que l’on ne puisse exécuter facilement ; on s’étudie même tous les jours à en imaginer de nouvelles : tellement que quelques-uns sont tombés dans un défaut opposé de trop chantourner leurs panneaux, au point qu’ils placent ces frivolités jusque dans les pieces qui demandent le plus de gravité ; mais ce qui augmente encore la richesse de ces nouveaux lambris, ce sont les glaces que l’on y insere, & que l’on place sur des trumeaux en face des croisées, des cheminées, & sur les cheminées même.

La fig. 30. est une portion de lambris, dans laquelle il se trouve trois especes de portes A, B & C dont nous parlerons ci après. Ce lambris est distribué de panneaux D & de pilastres E de différentes especes, selon la grandeur & l’usage des pieces où ils doivent être placés. Lorsqu’il s’agit des principales, comme sallons, salle de compagnie, cabinets, chambres à coucher, &c. on décore leurs extrémités haut & bas d’ornemens de sculpture, comme on le voit d’un côte de cette figure. On y en place quelquefois dans le milieu de ces mêmes panneaux & pilastres, lorsqu’ils sont longs & étroits, & cela pour interrompre leur trop grande longueur. Mais lorsqu’il s’agit de pieces peu importantes, comme vestibules, antichambres, garde-robe, &c. on y supprime la sculpture, comme on le voit de l’autre côte de la même fig. F sont des panneaux d’appui, D des panneaux de hauteur, G des pilastres d’appui, E des pilastres de hauteur, H des panneaux dus dessus de portes, où l’on place très souvent des tableaux, camayeux, paysages, &c. Q est une espece de platebande ou moulure qui regne autour des pieces, & qui couronne le lambris d’appui, ainsi que la plinthe ou espece de socle R qui lui sert de base ; & S une corniche qui se fait quelquefois en bois, avec plus ou moins de sculpture, selon l’importance du lieu, mais le plus souvent en plâtre, pour plus d’économie.

Les lambris d’appui se mesurent à la toise courante, en les contournant par-tout, sans avoir égard à la hauteur, & les lambris de hauteur à la toise superficielle, en multipliant la hauteur par le pourtour.

Des moulures. Le choix des moulures, leurs proportions & leurs exécutions, sont trois choses absolument nécessaires pour la perfection des lambris. La premiere, qui dépend de la capacité du décorateur, consiste à n’employer que les moulures relatives à cet art, & qui ont ordinairement plus de délicatesse que celles de la pierre, tant parce qu’elles se soutiennent mieux, que parce qu’elles sont plus près des yeux des spectateurs. Celles qui y sont le plus particulierement affectées, sont les baguettes, fig. 15. boudins, fig. 16. quart de ronds, fig. 17. caret, fig. 18. talons, fig. 19. doussines, fig. 20. bec-de-corbins, fig. 21. &c. qui en quelque situation qu’ils soient, se présentent toûjours avantageusement, & qui pour cette raison réussissent toûjours dans la composition des profils des quadres qui se voyent de différens côtés ; leur proportion demande aussi beaucoup de précision de la part du décorateur ; car il est essentiel qu’elles soient d’une grandeur convenable à celle des quadres & des panneaux auxquels elles servent de bordure, que les plus délicates ne se trouvent pas trop petites ; car lorsqu’elles sont couvertes de plusieurs couches de peinture, elles se confondent, & ne font plus qu’un amas de profils qu’on ne peut distinguer, & dont on ne peut voir la beauté : que les profils des chambranles des portes ayent beaucoup plus de saillie que ceux des quadres de leurs vanteaux, rien ne rendant la Menuiserie plus massive, que lorsque ce qui est contenu a plus de relief que ce qui contient.

La troisieme, qui est l’exécution, & qui n’a pas moins besoin de l’attention du même décorateur, dépend plus particulierement de l’ouvrier, raison pour laquelle il faut choisir le plus habile, & exiger de lui qu’il les pousse[18] avec beaucoup de propreté ; qu’il ait soin de bien arrondir les moulures circulaires, de bien dresser celles qui sont plates, & de rendre leurs arrêtes bien vives.

Tous ces différens profils se réduisent à trois principaux : la premiere, que l’on appelle quadre ravallé ; la seconde, quadre élégi, & la troisieme, quadre embreuvé : on leur donne encore les noms de bouemens simples & doubles ; on les appelle bouement simple, lorsqu’elles ne sont composées que d’une grosse moulure, soit doussine, bec-de-corbin, ou autres ; & boue ment double, lorsque cette même moulure est doublée ; bouement à baguette, lorsqu’elle est accompagnée d’une baguette à boudin, à doussine, à talon, lorsqu’elle est accompagnée d’un boudin, d’une doussine ou d’un talon.

Il faut remarquer que ces quadres doivent être tous pris dans l’épaisseur des bâtis, & jamais plaqués ; ce qui les rend alors beaucoup plus solides.

La premiere se distingue lorsque la moulure a été prise dans l’épaisseur du bois, & qu’elle ne les desafleure point telles que celles marquées AE & C, fig. 26. La seconde, lorsque n’entamant point l’épaisseur du bois, elle semble être apposée dessus telles que celles marquées A, fig. 27. & 28. & la troisieme, lorsqu’elle se trouve prise moitié dehors, & moitié dans l’épaisseur du bois, comme les chambranles A, fig. 22. 23. 24. 25. & presque toutes les autres moulures de cette même planche.

Les figures 22. 23. 24. & 25. sont autant de profils de portes à placards simples ou doubles, dont nous verrons dans la suite l’explication ; A en est le chambranle, tel qu’on le peut voir en petit, fig. 30. dans la partie du lambris marquée I ; B est le bâtis de la porte faisant battement marqué en K, fig. 30. C est le quadre de la porte marqué aussi en L, fig. 30. D est le panneau de la porte marqué en A & en B, fig. 30. & E est un bâti dormant[19] du lambris placé dans l’embrasement de la porte

Les figures 26. 27. 28. 29. sont différens profils de quadres pour des panneaux de lambris.

Des portes. Les portes de Menuiserie sont, comme on le sait, faites pour fermer les communications des lieux dans d’autres, tant pour leur sûreté, que pour empêcher l’air extérieur d’y entrer ; mais leur usage étant assez connu, il suffit d’en distinguer les especes ; les unes placées dans l’intérieur des bâtimens, servent à communiquer de pieces en pieces dans un appartement ; les autres placées dans les dehors, servent à communiquer de l’extérieur à l’intérieur des maisons, des avant-cours aux principales, de celles-ci aux basses-cours, & autres, &c. Les premieres sont appellées à parement simple, & à parement double : l’une, lorsqu’elles ne font parement que d’un côté, c’est-à-dire lorsqu’elles ne sont ornées de quadres & de panneaux que d’un côté ; l’autre lorsqu’elles font parement des deux côtés, c’est-à-dire lorsqu’elles sont ornées de quadres & de panneaux des deux côtés ; elles se divisent en deux especes, l’une marquée A, fig. 30. que l’on nomme porte à placard simple, porte ordinairement de largeur depuis deux piés jusqu’à trois piés & demi, sur six à huit piés de hauteur, & n’a qu’un seul vantail[20] composé de deux panneaux B, environné chacun d’un quadre L, embreuvé ou élégi, pris dans l’épaisseur d’un bâti K, qui regne autour desdits panneaux. M est une traverse allant d’un bâtis à l’autre, faite pour interrompre la trop grande hauteur d’un panneau, qui dans une porte qui va & vient journellement, ne pourroit pas se soutenir ; la seconde marquée B, même figure, que l’on appelle à placard double, differe de cette derniere, en ce qu’elle a deux vanteaux ; les grands appartemens exigeant des portes d’une proportion relative à leur grandeur, on est obligé par conséquent d’en faire de très-larges & très-hautes, dont la largeur est communément depuis quatre jusqu’à six piés, & la hauteur depuis sept jusqu’à dix piés ; & pour éviter l’embarras que ces grandes portes causeroient dans les appartemens, on les fait en deux morceaux, c’est-à-dire à deux vanteaux, dont l’un sert pour entrer & sortir ordinairement, & les deux ensemble en cas de cérémonie. Ces vanteaux sont ornés de quadres & de panneaux en proportion avec leur hauteur, & quelquefois aussi de sculpture comme le reste du lambris. La troisieme espece de porte, même figure, se nomme coupée dans le lambris, & sert à dégager des salles de compagnie, chambres à coucher, &c. dans des garde-robes, toilettes, arriere-cabinets, & autres pieces de commodité voisines de ces grandes pieces. Ces especes de portes ne sont autre chose qu’une portion du lambris coupée en N & en O. Dans l’endroit où arrive la porte, il faut observer pour cacher les joints N de la porte, de les faire rencontrer autant qu’il est possible, dans les assemblages des quadres avec leurs bâtis, comme on le voit du côté O de la même porte. Cette portion de lambris coupée a besoin pour se soutenir d’être plaquée & attachée avec de grandes vis sur une autre porte de Menuiserie P, même figure, suffisamment forte ; & de cette maniere les joints étant bien faits, on ne s’apperçoit pas qu’il y ait de porte dans cette partie de lambris.

Cette figure est accompagnée de son plan au-dessous d’elle, & sert à indiquer les vuides des portes & le plein des murs sur lequel est adossé le lambris.

La seconde espece de porte sont les portes cocheres de plusieurs especes, de basses-cours, charretieres, bâtardes, bourgeoises, d’écurie battantes à un & à deux vanteaux, de cuisine, d’office, de cave, &c.

Toutes ces sortes de portes se font de deux especes, les unes que l’on nomme d’assemblage lorsqu’elles sont distribuées de quadres & de panneaux, comme les figures 31. 32. 33. 34. 35. & autres, & sans assemblage, lorsqu’il n’y a ni quadres ni panneaux, comme celles des figures 36. 44. 45. &c.

Les portes cocheres se varient à l’infini, selon le goût & l’endroit où elles doivent être placées ; elles ont ordinairement depuis sept piés & demi jusqu’à neuf piés & demi, & quelquefois dix piés de largeur, sur douze à vingt piés de hauteur. Il y en a de circulaires ou en plein ceintre, fig. 31. & 32. de quarrées, fig. 33. de bombées, fig. 34. & de surbaissées en forme d’anse de panier, fig. 35. De ce nombre, les unes, fig. 31. 34. & 35. s’ouvrent depuis le haut jusques en-bas ; les autres, fig. 32. & 33. ne s’ouvrent que jusqu’au-dessous du linteau A, & la partie supérieure reste dormante ; ce n’est pas que les unes & les autres ne puissent s’ouvrir indifféremment depuis le haut jusqu’en-bas, ou seulement jusqu’au-dessous du linteau ; mais cette derniere maniere sert à procurer le moyen de placer dans la partie dormante la croisée d’un entre-sol, comme dans la fig. 32. alors on est obligé de placer le linteau A, qui tient lieu d’imposte[21], beaucoup plus bas que le centre de la partie circulaire, lieu où l’on a coutume de le placer. De ces cinq especes de portes cocheres, les trois premieres se placent souvent aux entrées principales des palais, hôtels, & grandes maisons ; les deux dernieres sont le plus souvent admises à cause de leurs formes, aux entrées de maisons particulieres de peu d’importance, ou de basses-cours, chacune d’elles ont de chaque côté une petite porte B, que l’on appelle guichet, qui est dormant d’un côté & ouvrant de l’autre, à l’usage des gens de piés, la grande porte ne s’ouvrant que pour le passage des voitures, ou en cas de cérémonie. Ces guichets sont composés d’un bâtis C qui regne tout autour d’un quadre D, d’un panneau B, & d’une table saillante E, couronnée d’une moulure. Celui qui est dormant est assemblé à rainure & languette (voyez la figure 13.) dans le bâtis F de la grande porte, & celui qui ne l’est pas entre tout entier dans une feuillure qui regne autour du même bâtis F, la figure 38. en est le profil développé, C est le bâti du guichet, D le quadre, E le panneau, F le bâti de la grande porte portant sa feuillure.

Dans la figure 31. les deux guichets sont couronnés chacun d’une table saillante G, sur laquelle se trouve une autre table H, dite d’attente, & sur laquelle on se propose de tailler des ornemens de sculpture ; au-dessus est le linteau A, qui comme nous l’avons dit, tient lieu d’imposte ; au-dessus sont placés deux panneaux I, ornés de quadres K, embreuvés ou élégis.

Les deux guichets B de la fig. 32 sont surmontés d’un panneau G orné de quadre H, au-dessus est le linteau A, au-dessus du linteau est la croisée au bas de laquelle se trouve une banquette I, aux deux côtes de cette croisée sont deux panneaux K ornés de quadres L.

Au-dessus des guichets de la fig. 33 sont deux tables saillantes G, ornées de panneaux H & de quadre I, terminés par en bas de crossettes K, & couronnés d’un bec de corbin L, accompagné de son filet ; au-dessus est le linteau A, au dessus duquel se trouve une grande table distribuée de panneau M, & de quadre N.

Les portes, fig. 34 & 35, sont terminées par en-haut chacune d’une table saillante G, dont la premiere est couronnée d’une astragalle H[22] parallele à la courbe de la porte, & ornée de panneau I & du quadre L suivant aussi la même courbe, au-dessous se trouve une plinthe M & la seconde sans couronnement suit la courbe de la porte, & est distribuée de quadre H ou de panneau I, suivant aussi la même courbe ; cette table se trouve terminée par son extrémité inférieure d’une astragalle K en bec de corbin.

Toutes ces portes sont susceptibles plus ou moins de richesses & d’ornemens de sculpture, comme on peut les faire simplement & sans aucun assemblage, selon l’importance plus ou moins grande des lieux où elles sont placées.

Les portes charretieres, fig. 36, se font aussi à deux vanteaux comme les portes cocheres, mais de deux manieres : l’une est un composé de plusieurs planches A de bateau[23] de même longueur, posées l’une contre l’autre, & retenues par derriere avec deux, trois ou quatre traverse ; B de bois de deux à trois pouces d’épaisseur sur six à huit pouces de largeur, attachées avec de forts clous de distance en distance ; l’autre est aussi un composé de plusieurs planches A même figure, de chêne, assemblées à rainure & languette, & retenues comme la premiere, avec deux, trois, ou quatre traverses B, entaillées à queue d’aronde dans l’épaisseur des planches A : dans ces deux manieres on ajoûte à ces traverses B deux ou trois autres C posées obliquement en forme de support, attachées aussi avec de forts clous, & cela pour soutenir chaque vantail, qui ne manqueroit pas de s’affaisser par sa pesanteur, ces especes de portes servent de fermetures aux basses-cours, granges, fermes, & autres, par où passent toutes les especes de charettes d’où elles tirent leurs noms.

Les portes batardes, fig. 37, qui ont depuis cinq jusqu’à sept piés de largeur sur dix à quatorze piés de hauteur, sont appellées ainsi parce qu’elles tiennent le milieu entre les portes cocheres & les portes bourgeoises d’allées, &c. Elles servent ordinairement d’entrée aux maisons bourgeoises, & autres où l’on ne fait passer aucune voiture, ces portes s’ouvrent à deux vanteaux, & sont décorées à peu près comme les portes cocheres, c’est-à-dire de bâtis B, de quadres C, de panneaux D, & d’une table E, couronnée comme les précédentes d’une moulure ; elles sont aussi ornées quelquefois de sculpture ; on les fait circulaires, quarrées, bombées ou lambrissées comme les autres, en les faisant aussi ouvrir, tantôt depuis le haut jusqu’en bas, & tantôt depuis le dessous du linteau A, & la partie supérieure décorée de quadres F & de panneaux G reste dormante. La fig. 39 en est le profil détaillé, B est le bâti, C le quadre, & D le panneau.

Les portes bourgeoises, fig. 40, sont ordinairement à un seul ventail de trois à quatre piés de large sur sept à neuf piés de haut, & servant d’entrée aux maisons particulieres bourgeoises & à loyer ; elles sont composées d’un bâti A, d’un quadre B, d’un panneau C, & d’une table saillante D, couronnée d’une moulure.

Les portes d’écuries qui ont depuis trois jusqu’à cinq piés de large sur sept à dix piés de haut, se font à un & à deux vanteaux fort simples & sans moulures, mais elles ne peuvent avoir moins de trois piés de largeur, puisqu’il faut que les chevaux y passent ; celle-ci, fig. 41, est à deux vanteaux ; composés chacun d’un bâti A, d’un panneau B, rentrant, saillant ou arrasé, sans quadre ni moulure, & par en bas d’une table C, couronnée d’une moulure.

Les portes battantes se font à deux vanteaux, fig. 42, & à un seul, fig. 43, l’une & l’autre se placent dans l’intérieur des bâtimens, derriere les portes à placard des vestibules, anti-chambres, salles à manger, &c. pour empêcher l’air extérieur de s’y introduire, sur-tout pendant l’hiver ; ces portes sont ferrées de maniere à pouvoir se fermer toujours d’elles-mêmes, raison pour laquelle on les appelle battantes ; ce n’est autre chose qu’un chassis A, assemblé quarrément selon les fig. 1, 2 & 3 avec des traverses B, aussi assemblées quarrément, sur lesquelles on tend une étoffe que l’on attache de clous dorés : les portes de cuisine, d’office, de caves, &c. se font de différentes manieres ; les unes, fig. 44, se font de plusieurs planches A assemblées à rainure & languette, avec une emboîture B par en haut & par en bas ; les autres sans assemblage de rainure & languette avec deux emboîtures B en haut & en bas, & une traverse C dans le milieu, assemblées à queue d’aronde dans l’épaisseur de la porte, ou posées seulement dessus, attachées avec de forts clous ; d’autres avec une seule emboîture B par en haut, & deux traverses C ; d’autres enfin, fig. 45, avec trois traverses C ; ces deux dernieres sont beaucoup mieux lorsqu’elles sont placées dans des lieux humides, parce que l’eau qui coule perpétuellement de haut en bas pourrit facilement & en fort peu de tems les emboîtures.

Toutes les portes que nous venons de voir ont chacune leur plan au-dessous d’elles pour plus grande intelligence.

Des croisées & de leurs volets. Sous le nom de croisée on entend toute espece d’ouverture dans les murs, faites pour procurer du jour dans l’intérieur des appartemens ; ce mot étoit beaucoup plus significatif autrefois que l’on faisoit des croisées en pierre, dans le milieu de ces ouvertures, telles que l’on en voit encore aux palais des Tuilleries, du Louvre, du Luxembourg, & ailleurs ; mais depuis ce tems on a trouvé le moyen de substituer le bois à la pierre, & on en a conservé le nom.

Une croisée est donc maintenant, non-seulement l’ouverture faite dans le mur pour procurer le jour, mais encore la réunion de tous les chassis de bois qu’elle contient, & qui servent tant à la sureté du lieu, qu’à empêcher l’air extérieur d’entrer dans l’intérieur, & par conséquent y procurer plus de chaleur.

La fig. 46 est l’élévation d’une croisée composée d’un chassis dormant BC, de deux chassis à verre DEFG, & de deux volets brisés KLM ; au dessous de cette croisée est son plan, mais pour plus d’intelligence la fig. 47 en est le plan en grand de la moitié, & la fig. 49 le pro il ; A, fig. 47 & 49, est le trumeau, tableau, baie ou appui de la croisée, BC est le chassis dormant, marqué aussi en BC fig. 46, qui entre dans la feuillure du tableau A, & dont le bas C fig. 49 est en bec de corbin, afin que l’eau ne puisse remonter & entrer par-là dans l’intérieur ; DEFG, sont les chassis à verre, dont le haut F & le bas G fig. 49, terminé par une doussine en bec de corbin, de peur que l’eau ne remonte, entrent à feuillure dans le chassis dormant BC, D en est le battant de derriere, dont un côté entre à noix dans l’épaisseur du chassis dormant B, & l’autre est orné d’une moulure en dedans & d’une feuillure en dehors pour recevoir le verre, E en est le battant de devant, qui d’un côté a aussi une moulure & une feuillure pour recevoir le verre, & qui avec celui qui lui est opposé, sont appellés à recouvrement l’un sur l’autre, parce qu’ils se ferment l’un après l’autre & l’un sur l’autre ; mais depuis quelque tems s’étant apperçu que l’air extérieur s’introduisoit par le joint de ces deux battans E, & que, pour le peu que le bois travailloit dans sa hauteur, non seulement il produisoit beaucoup de froid pendant l’hiver, mais encore étoit desagréable à la vûe, on a imaginé de les faire à noix, fig. 48, c’est-à-dire que celui A de cette figure entre dans une espece de cannelure ou gorge pratiquée dans l’épaisseur de celui B de la même figure, & qu’ainsi ces deux battans sont toujours contraints dans leur hauteur, & que la communication de l’air extérieur se trouve interrompue : ces chassis à verre DEFG se trouvant trop larges pour contenir des verres de cette grandeur, qui coûteroient beaucoup, tant pour leur achat que pour leur entretien, on divise cet intervalle de petits bois H sur la largeur & sur la hauteur, composé du côté des dedans de moulures, & par dehors, d’une feuillure de chaque côté, un peu plus profonde que l’épaisseur du verre dans laquelle il se trouve contenu.

Lorsque la croisée se trouve d’une trop grande élévation, on place alors quatre chassis à verre, deux au-dessus & deux au-dessous d’un linteau I, fig. 49, orné en dehors d’une moulure en bec de corbin, & de l’autre de feuillure dessus & dessous, sur laquelle viennent battre les chassis ; on donne de hauteur aux premiers environ la moitié ou les deux tiers de la largeur de la croisée.

Les volets servent à la sureté des dedans pendant la nuit, à procurer un peu plus de chaleur pendant le même tems, à éviter les vents coulis, & à supprimer le grand jour du matin : pour empêcher que leur trop grande saillie n’embarrasse dans les appartemens, on les brise dans leur milieu sur leur hauteur en K fig. 46 & 47, à moins que les murs ne se trouvent d’une assez grande épaisseur pour qu’ils puissent se loger dans leur embrasement ; chaque partie brisée est composée d’un chassis L, fig. 46, 47, & 49 qui ferme d’un côté à recouvrement sur les chassis à verre, & de l’autre est assemblée à rainure & languette en K, comme le fait voir la fig. 13 ; ils sont chacun divisés de deux ou trois traverses M, ornés comme le chassis de quadres ravallés N, & de panneaux ; OP fig. 47 & 49 est une partie du lambris qui sert de revêtissement dans l’embrasement de la même croisée.

La fig. 50 est aussi une croisée, mais plus proprement appellée fenêtre, du latin fenestra ou fenestro, ouvrir, quoique l’on confonde ces deux mots ensemble, elle differe de la premiere en ce qu’elle s’ouvre des deux côtés C à coulisse, & qu’elle ne descend que jusqu’à deux piés & demi à trois piés hauteur d’appui, au lieu que l’autre s’ouvre à deux vanteaux comme une porte, & qu’elle descend jusqu’à environ un pié de la superficie du plancher inférieur ; cette fenêtre est composée d’un chassis dormant A, & de quatre autres chassis à verre BC, dont les deux supérieurs B sont dormans, & les deux inférieurs C s’ouvrent à coulisse par dessus les deux autres ; cette coulisse n’est autre chose qu’une rainure ou feuillure pratiquée dans le chassis dormant A fig. 51, & une dans le chassis à verre C, & qui s’emboîtant l’une dans l’autre forment une coulisse, chacun d’eux sont divisés de petits bois B & C, comme dans la fig. 40 servant aux mêmes usages ; au-dessous de cette fenêtre est son plan.

Des portes croisées, vitrées, &c. Il est encore des portes ou croisées qui participent des unes & des autres, & qui servent aux deux usages en même tems, raison pour laquelle on leur donne le nom de portes croisées. On les nomme portes parce qu’elles servent à communiquer de l’intérieur des sallons, galeries, & autres pieces semblables, dans les vestibules, péristiles, jardins, &c. & on les nomme aussi croisées parce qu’elles servent en même-tems à éclairer l’intérieur de ces mêmes pieces. On en fait comme de toutes autres especes de portes, de quarrées, de circulaires, de bombées, surbaissées, &c. elles s’ouvrent comme les portes-cocheres, quelquefois depuis le haut jusqu’en-bas, & quelquefois jusqu’au-dessous du linteau A, fig. 52. & le chassis à verre, de quelque forme qu’il soit, reste dormant.

La fig. 52. est une porte croisée, composée d’un chassis dormant B, qui, au-lieu de régner tout autour comme celui de la croisée, fig. 46. se termine seulement jusqu’en-bas, sans traverser la baie de la croisée. CD sont deux vanteaux de porte croisée ou chassis à verre ouvrant jusqu’au linteau A, composés comme la croisée fig. 46. chacun d’un battant de derriere C & d’un battant de devant D, dont l’intervalle est divisé de petits bois E pour soutenir le verre. Chacun de ces vanteaux differe encore de ceux de la croisée, en ce que le bas F est divisé de panneaux F & de quadres G jusqu’à environ deux piés de hauteur, afin que là où le jour ne vient point les verres ne soient pas si sujets à être cassés. On peut y placer aussi, si on le juge à propos, des volets de la même maniere que ceux de la croisée, fig. 46.

La partie circulaire au-dessus du linteau étant dormante, on la divise aussi de petits bois E qui suivent la courbe de la porte, entrelacés d’autres petits bois qui vont joindre le centre de cette courbe, & qui ensemble forment l’évantail, ce qui lui en a fait donner le nom.

Au-dessous de cette porte croisée est le plan de la même figure.

La fig. 53. en est le plan détaillé d’une partie, B est le bâtis ou chassis dormant, C le battant de derriere du chassis à verre, & D le battant de devant, qui, avec celui qui lui est opposé, ferment à recouvrement l’un sur l’autre.

La fig. 54. est aussi un évantail fait d’une autre maniere que le précédent.

Les portes vitrées, fig. 55. sont aussi des portes qui servent d’entrée à des cabinets, garde-robes, &c. & qui servent en même tems à leur donner du jour. La différence de celle ci à la précédente, est que l’une prend son jour de l’intérieur des pieces pour le procurer dans celles de commodités, au-lieu que l’autre le prend directement des dehors. Elle est composée d’un chassis à verre A qui regne tout autour, dont l’inter valle est divisé de petits bois B, & la partie inférieure C, jusqu’à environ trois piés de hauteur, est divisée de panneaux C & de quadre D.

Des cloisons de menuiserie. Les cloisons de menuiserie servent comme toutes les autres à séparer plusieurs pieces les unes des autres, pour en faire des pieces purement de commodités. Si ces cloisons ont l’avantage de charger très-peu les planchers à cause de leur légéreté & de leur peu d’épaisseur, elles ont aussi pour cette raison l’inconvénient que d’une piece à l’autre l’on entend tout ce qui s’y passe ; c’est pourquoi on prend quelquefois le parti d’y faire un bâtis enduit de plâtre. Ces cloisons sont composées de plusieurs planches A bien ou peu dressées, & corroyées selon l’importance du lieu & la dépense que l’on veut faire, posées l’une contre l’autre, ou assemblées à rainure & languette, emboîtées dans une coulisse B en haut & en bas, & sur laquelle on pose de la tapisserie, lambris de menuiserie, &c.

Des jalousies. Les jalousies, fig. 57. servent de fermeture aux croisées, contribuent à la sûreté des dedans, à ne point ôter entierement le jour, & à empécher d’être apperçu des dehors. On les fait à un & à deux vanteaux, selon la largeur des croisées, & elles sont composées chacune d’un chassis A assemblé quarrément par des angles à tenon & à mortaile, d’une, deux ou trois traverses B assemblées aussi de même maniere, & de plusieurs planches C très-minces & très-étroites qu’on appelle lattes ou voliches, posées à trois ou quatre pouces de distance l’une de l’autre, & inclinées à-peu-près selon l’angle de quarante-cinq degrés.

Depuis peu l’on a imaginé, par le moyen d’une ferrure, d’incliner ces lattes ou voliches tant & si peu que l’on vouloit, & c’est ce qui a donné lieu à d’autres jalousies qui prennent toute l’épaisseur du tableau de la croisée, & qui s’enlevent toutes entieres jusqu’à son sommet. Ce n’est autre chose qu’une certaine quantité de pareilles lattes ou voliches dont la longueur est la largeur de la croisée, suspendues de distance en distance sur des especes d’échelles de forts rubans attachés par en-haut, sur des planches qui touchent au sommet du tableau de la croisée & qui y sont à demeure, sur lesquelles sont placées des poulies qui renvoyent les cordes avec lesquelles on les enleve, & de cette maniere on peut donner à ces voliches tant & si peu d’inclinaison qu’on le juge à-propos. Ces sortes de jalousies ne tiennent pas directement à la menuiserie, parce qu’elles sont composées de fer & de bois ; aussi toutes les especes d’ouvriers intelligens en font, & les font mieux les uns que les autres.

Des fermetures de boutique. La fig. 58. est une fermeture de boutique, composée de plusieurs planches A assemblées à clé ou à rainure & languette, avec une emboîture B par en-haut & par en-bas, & qui se brisent en plusieurs endroits selon la commodité des Commerçans. On les divise quelquefois comme les lambris de quadre & de panneaux, selon l’importance des maisons où elles sont placées.

Du parquet. La fig. 59. est un assemblage de menuiserie, appellé parquet, qui sert à paver ou, pour parler plus exactement, couvrir le sol des appartemens. Ce parquet est composé de plusieurs quarrés A, environnés chacun de quatre bâtis B, assemblés par leurs extrémités C, & à tenon & à mortaise. Chacun de ces quarrés A est divisé de plusieurs autres bâtis D croisés également, assemblés à tenon & à mortoise par leurs extrémités, & dirigés vers les angles du quarré. La distance de ces petits bâtis D se trouve remplie d’un autre petit quarré E, assemblé dans son périmetre avec les petits bâtis D à rainure & languette.

Cette forme de parquet la plus commune se fait ordinairement en bois de chêne, & est assez en usage en France pour rendre les appartemens plus secs & par conséquent plus salubres. On peut encore en taire de plusieurs autres manieres, & leur donner diverses formes telles que des cercles poligones, ou autres figures circonscrites ou inscrites autour, ou dans d’autres quarrés, cercles ou poligones, divisés aussi de bâtis de différentes formes. Ces sortes de parquets se font en bois de chêne seulement ou recouvert de marqueterie, c’est-à-dire, de bois précieux débité par feuilles très-minces, ouvrage relatif à l’ébenisterie.

Pour rendre les appartemens plus secs & plus sains, & éviter en même tems la dépense du parquet, on se sert de planches assemblées bout à-bout par leurs extrémités, c’est-à-dire, posées l’une contre l’autre, & à rainure & languette sur leurs longueurs, ce qu’on appelle planchéter. Cette maniere qui ne contribue pas moins que le parquet à la salubrité des appartemens, n’est pas si propre à la vérité, mais ne monte pas à beaucoup près à une si grosse dépense.

Tous ces parquets ou planchers se posent & s’attachent, avec des clous ou des broches[24], sur des lambourdes[25] d’environ quinze à dix-huit pouces de distance l’une de l’autre, dont l’intervalle se remplit de poussier de charbon de cendre ou de mâchefer[26], sur-tout dans les lieux humides, pour empêcher que cette même humidité ne fasse déjetter ces parquets ou planchers.

Observation sur les outils de Menuiserie. Il faut remarquer, avant que de parler des outils propres à la menuiserie, que dans tous les arts & professions les ouvriers se servent le plus souvent, & même autant qu’il est possible pour leurs outils, des matériaux qu’ils ont chez eux & qui semblent leur coûter peu : tels, par exemple, que ceux qui emploient le fer, les sont de fer ; ceux qui emploient le bois, comme les Menuisiers & autres, les font de bois, ce qui en effet leur coûte beaucoup moins & leur est aussi utile.

Des outils propres à la menuiserie. La fig. 60. est une équerre de bois, assemblée en A, à tenon & à mortaise faite pour prendre des angles droits.

La fig. 61. est aussi une équerre de bois employée aux mêmes usages, & appellée improprement par les Menuisiers triangle quarré, mais qui plus commode que la précédente, differe en ce que la branche A est plus épaisse que la branche B, & que par-là l’épaulement C posant le long d’une planche, donne le moyen de tracer l’autre côté B d’équerre.

La fig. 62. est un instrument aussi de bois, appellé fausse équerre ou sauterelle, fait pour prendre différentes ouvertures d’angles.

La fig. 63. est un instrument appellé par les Menuisiers triangle anglé, mais plus proprement équerre en onglet, plus épaisse par un bout que par l’autre, & dont l’épaulement A ainsi que ses deux extrémités sont disposés selon l’angle de quarante-cinq degrés. Son usage est pour jauger les bâtis des quadres qui environnent les panneaux de lambris lorsqu’on les assemble, afin que les bouts des deux bâtis étant coupés à quarante-cinq degrés, ils fassent ensemble un angle droit ou de quatre-vingt-dix degrés.

La fig. 64. est un maillet. On en fait de plusieurs grosseurs, selon la délicatesse plus ou moins grande des ouvrages : les uns & les autres servent également à frapper sur le manche de bois des figures 73, 74, 75, &c. On s’en sert pour cela plutôt que du marteau, fig. 65. pour plusieurs raisons : la premiere, c’est que, quoique plus gros, il est quelquefois moins pesant ; la seconde, qu’il a plus de coup[27] ; la troisieme & la meilleure, qu’il ne rompt point les manches de ces mêmes ciseaux. Ce n’est autre chose qu’un morceau de bois d’orme ou de frêne (bois qui se fendent difficilement), arrondi ou à pans coupés, percé d’un trou au milieu, dans lequel entre un manche de bois.

La figure 65 est un marteau qui sert à enfoncer des cloux, chevilles, broches, serres, & autres choses qui ne peuvent se frapper avec le maillet, figure 64, la partie AB de ce marteau est de fer, dont A se nomme le gros, ou la tête, & B la paume ; il est percé au milieu d’un œil, ou trou méplat, dans lequel on fait entrer un manche de bois C, qui est toujours fort court chez les Menuisiers, & qui, pour cette raison a moins de coup, & n’en est pas plus commode.

La figure 66 est un instrument appellé trusquin, compose d’un morceau de bois quarré A d’environ un pié de long, portant par un bout une petite pointe B, de fer ou d’acier, qui sert à tracer, & d’une planchette C, d’environ un pouce d’épaisseur, percée dans son milieu d’un trou quarré, bien juste à la grosseur du bois A, qui passe au-travers, & sur lequel elle glisse d’un bout à l’autre : pour l’y fixer, on perce dans son épaisseur un trou méplat, qui rencontre celui du milieu, & qui avec une espece de clavette de bois en forme de coin, serre l’un & l’autre ensemble ; & fixe la planchette C au point que l’on desire : cette même planchette C, fait une base que l’on fait glisser le long des planches, déja dressées d’un côté, & dont la petite pointe B trace les paralelles de la largeur que l’on juge à-propos.

La figure 67 est aussi un trusquin, qui ne differe du précédent que par la longueur de sa petite pointe B, qui quelquefois est d’un grand usage, lorsqu’il se trouve des saillies plus grandes que sa longueur.

La figure 68 est un compas fait pour prendre des intervalles égaux.

La figure 69 est un instrument double, appellé tenailles ou triquoises, composé de deux bascules A, qui répondent aux deux mâchoires B par le moyen d’une espece de charniere ou tourniquet C ; leur usage est d’arracher des cloux, chevilles, & autres choses semblables, en serrant les deux branches A l’une contre l’autre.

La figure 70 est une espece de petite scie, appellée scie à cheville, dentelée des deux côtés, à pointe par un bout, & enfoncée dans un manche de bois A, qui sert à élargir des mortaises très-minces, à approfondir des rainures, ou à d’autres usages.

La figure 71 est encore un trusquin appellé un trusquin d’assemblage ou guilboquet, employé aussi aux mêmes usages ; il est plus petit & fait différemment que les autres, figures 66 & 67, & composé d’une tige A, percée sur la longueur d’une mortaise, au bout de laquelle est la petite pointe B faite pour tracer, & d’une planchette C, percée aussi d’un trou quarré dans le milieu, traverse dans le milieu sur son épaisseur d’un autre trou plat, au travers de laquelle à la mortoise de la tige A passe une clavette de bois en forme de coin pour fixer l’un & l’autre ensemble.

La figure 62 est un instrument appellé boîte à recaller, qui sert pour les assemblages en onglet, en passe dans son intérieur A les bâtis que l’on veut assembler, en coupant du côté B ce qui passe la boite, aussi ce côté B est-il disposé selon l’angle de 45 degrés.

La figure 73 est un ciseau appellé fermoir, qui avec le secours du maillet, figure 64, sert à couper le bois pour le dégrossir, ce qui s’appelle encore ébaucher ; ce ciseau s’élargit en s’amincissant du côté du taillant A qui a deux biseaux[28] ; l’autre bout B qui est à la pointe, entre dans un manche de bois C.

La figure 74 est aussi un ciseau proprement dit, servant à toute espece d’ouvrage, & qui differe du précédent en ce que le biseau du taillant A est tout d’un côté.

La figure 75 est un pareil ciseau que le précédent, mais plus petit, & appellé pour cela ciseau de lumiere, parce qu’il sert le plus souvent à faire des mortoises, qu’on appelle aussi lumieres.

La fig. 76 est un ciseau appellé fermoir à nez rond, qui differe du fermoir, fig. 73, en ce que son taillant, aussi à biseau des deux côtés, se trouve à angle aigu du côté A, & par conséquent à angle obtus de l’autre B.

La figure 77 est un ciseau appellé bec-d’âne, qui sert communément aux mortaises, & qui se trouve de différente épaisseur, selon celle des mortaises ; ce ciseau differe des précédens en ce qu’il est beaucoup plus étroit & beaucoup plus épais.

La figure 78 est un ciseau appellé gouge, dont le taillant A s’arrondit, & est évidé dans son milieu ; il sert pour toutes les parties rondes.

La figure 79 est aussi une gouge appellée grain d’orge, dont le taillant A retourne quarrément, & forme un angle un peu aigu ; il sert pour toutes sortes d’angles.

Du côté de la pointe de chacun de ces différens ciseaux est un arrasement qui empêche que cette pointe n’entre trop avant dans le manche à mesure qu’on la frappe, ce qui causeroit en peu de tems sa destruction.

La figure 80 est une lime appellée quarelette d’Allemagne, parce que ces sortes de limes viennent du pays de ce nom, telles qu’on les vend chez les quincailliers au paquet, chacune de une, deux, trois, quatre, cinq, six, &c. Cette lime, à pointe par un bout, entre dans un manche de bois A, & sert à dresser & adoucir des parties de menuiserie où le rabot & le ciseau ne sauroient pénétrer.

La figure 81 est aussi une lime appellée rape, qui différe de la précédente par la taille, en ce que celle-là est taillée avec des ciseaux plats, & celle-ci, rustiquée avec des poinçons, est faite non pour limer, mais pour râper & ébaucher des ouvrages où l’on ne sauroit employer le rabot ni le ciseau.

La figure 82 est aussi une râpe taillée de la même maniere que la derniere, & appellée queue de rat, à cause de sa forme ; elle sert à râper dans des trous ronds, soit pour les arrondir, les rendre ovales, ou leur donner la forme que l’on juge à-propos.

On se sert encore, si l’on veut, de limes & de rapes de différentes formes & grosseurs, selon le besoin que l’on en a, comme des ciseaux que les ouvriers intelligens composent, font eux-mêmes, ou font faire, selon les ouvrages qu’ils ont à exécuter.

La figure 83 est une espece de rabot appellé scie à enraser ; c’est une petite scie A attachée avec des cloux ou des vis, sur une espece de rabot, qui, lui-même sur sa longueur, est entaillé par-dessous à moitié, ou selon une mesure requise, & qui en glissant le long des planches déja dressées, forme une rainure de l’épaisseur de la petite scie A.

La figure 84 est un instrument appellé reglet, fait pour dégauchir les planches : il est composé d’une tige A de bois quarré d’environ deux, trois ou quatre piés de long, le long de laquelle glissent deux planchettes B, aussi de bois, d’environ un pouce d’épaisseur, percées chacune d’un trou quarré dans leur milieu, bien ajusté à la grosseur de la tige de bois A ; on peut encore, si l’on veut, pratiquer par-dessous deux petites ouvertures C, pour les empêcher de toucher dans le milieu.

La figure 85 est un instrument appellé vilebrequin, fait pour percer des trous ; c’est une espece de manivelle A, composée d’une manche B, en forme de touret, que l’on tient ferme & appuyé sur l’estomac ; le côté opposé C est quarré, & un peu plus gros que le corps de cet instrument, & est percé d’un trou aussi quarré, dans lequel entre un petit morceau de bois D, quarré, de la même grosseur que celui C qui lui est voisin, portant du même côté un tenon quarré de la même grosseur que le trou dans lequel il entre, & de l’autre une petite mortaise, dans laquelle entre la tête A de la meche, figure 86 ; cet instrument avec sa meche est appellé vilebrequin, & sans meche est appellé fust de villebrequin.

La figure 86 est une meche faite pour percer des trous, dont la partie inférieure B est évidée pour contenir les copeaux que l’on retire des trous que l’on perce.

Des scies. La figure 87 est une scie à refendre composée d’un chassis de bois AB, assemblé dans ses angles à tenon & à mortaise d’une scie à grosse dents C, retenue par en-bas dans un tasseau D, qui glisse à droite & à gauche le long de la traverse B du chassis, & par en-haut, dans un pareil tasseau E, qui glisse aussi à droite & à gauche le long d’une pareille traverse B ; le trou quarré E de ce tasseau se trouve toujours assez grand pour le pouvoir caller lorsqu’il s’agit de bander la scie, ou, ce qui vaut mieux, on perce au-dessus un autre trou F, au travers duquel passe une clavette en forme de coin, qui bande également la scie ; l’extrémité supérieure de ce même tasseau se trouve encore percé d’un autre trou au-travers duquel on passe un bâton G, qui sert à la manœuvrer quelquefois par un seul homme, & quelquefois par deux ; mais dans le premier cas elle est beaucoup plus fatiguante lorsqu’elle est manœuvrée par un seul homme ; il la tient des deux mains, en les écartant à droite & à gauche par les bâtis montans A du chassis ; lorsqu’elle est manœuvrée par deux, le second monte sur l’établi, figure 124, & la tient des deux mains par le bâton G ; elle sert à refendre ou débiter des planches retenues avec des valets A, figure 124, sur l’établi, même figure.

La figure 88 est une scie appellée scie à débiter, qui sert à scier de gros bois ou planches ; elle est composée d’une scie dentelée A, retenue par les deux extrémités B, à deux traverses C, séparées par une entretoise D, qui va de l’un à l’autre. Les deux bouis E des traverses C, sont retenus par une ficelle ou corde F, à laquelle un bâton G, appellé en ce cas gareau, fait faire plusieurs tours, qui font faire la bascule aux traverses G, & par-là font bander la scie A, ce qui la tient plus ferme, & c’est ce qu’on appelle monture de scie.

La figure 89 est aussi une scie appellée scie tournante, dont la monture ressemble à la précédente ; les deux extrémités B de la scie sont retenues à deux especes de clous ronds en forme de touret, qui la font tourner tant & si peu que l’on veut, ce qui, sans cela, gêneroit beaucoup lorsqu’on a de longues planches, ou des parties circulaires à débiter ou à refendre.

La figure 90 est une scie appellée scie à tenon, qui est faite de même maniere que celle de la figure 88, excepté qu’elle est plus legere, & en cela beaucoup plus commode ; elle sert pour des petits ouvrages, ou autres, qui n’ont pas besoin de la grande, figure 88, qui, par sa pesanteur, est plus embarrassante.

La figure 91 est une autre scie, appellée scie à main, ou égoïne, qui sert dans les ouvrages où les précédentes ne peuvent pénétrer ; elle doit être un peu plus épaisse, n’ayant point de monture, comme les autres, pour se soutenir ; son extrémité inférieure est à pointe enfoncée dans un manche de bois.

Des rabots. La figure 92 est un instrument appellé simplement rabot ; il est connu sous ce nom à cause de sa forme & de sa grosseur : la partie de dessous, ainsi qu’à toutes les autres especes de rabots, doit être bien dressée à la regle. Celui-ci est percé dans son milieu d’un trou qui se rétrécit à mesure qu’il approche du dessous, & fait pour y loger une espece de lame de fer appellée fer du rabot, qui porte un taillant à biseau aciéré, arrêté avec le secours d’un coin à deux branches dans le rabot : cet instrument sert à unir, dresser ou raboter les bois.

La figure 93 est le coin du rabot.

La figure 94 en est le fer.

La figure 95 est un rabot d’une autre forme, plus long & plus gros, appellé varlope, qui sert à dresser de grandes & longues planches : pour s’en servir on emploie les deux mains ; l’une, de laquelle on tient le manche A de la varlope ; & l’autre avec laquelle on appuie sur la volute B. Il est percé dans son milieu, comme le rabot précédent, d’un trou pour y loger son fer & son coin, qui sont l’un & l’autre de même forme que ceux du rabot. Chaque ouvrier a deux varlopes, dont l’une, appellée riflard, sert pour ébaucher, & l’autre, appellée varlope, sert pour finir & polir les ouvrages ; aussi cette derniere est-elle toujours la mieux conditionnée.

La figure 96 est un rabot appellé demi-varlope, ou varlope à onglet, non qu’elle serve plutôt que d’autres rabots pour des assemblages en onglet ; mais seulement à cause de sa forme, qui tient une moyenne proportion entre le rabot, figure 92, & la varlope, figure 95 : son fer & son coin ne different en rien de ceux des rabots & varlopes.

La figure 97 est un autre rabot appellé guillaume, à l’usage des plates-bandes, & autres ouvrages de cette espece : il differe des rabots en ce que son fer comprend toute sa largeur.

La figure 98 en est le coin.

La figure 99 en est le fer, beaucoup plus large en bas qu’en haut.

La figure 100 est un rabot appellé feuilleret, qui differe du précédent, en ce que son fer & son coin se placent par le côté, & que par-dessous il porte une feuillure ; cet instrument sert pour faire des feuillures d’où il tire son nom.

La figure 101 en est le coin.

La figure 102 en est le fer, dont la partie supérieure est en forme de crochet, pour le retirer plus facilement de sa place lorsqu’il y a été trop chassé.

La fig. 103 est encore un guillaume employé aux mêmes usages que celui de la fig. 47, mais différent en ce que son fer & son coin se placent par le côté comme ceux du feuilleret ; aussi son fer fig. 104 est-il disposé différemment.

La fig. 105 est un rabot, appellé bouvet simple, dont le côté A est plus haut que celui B, afin de pouvoir glisser le long du bord des planches ; l’intervalle de ces deux bords est à rainure, ce qui, avec la maniere dont le fer, fig. 106, est fait, procure le moyen de former une rainure sur le bord de ces mêmes planches.

La fig. 107 est un pareil rabot, appellé bouvet double, parce qu’il est disposé de maniere, lui & son fer, fig. 108, qu’en faisant comme le précédent la rainure, il fait de plus & en même tems une languette à côté, d’où il a été appellé double.

La fig. 109 est un double rabot, appellé bouvet brisé, dont l’un A, semblable à celui, figure 105, sert à faire les rainures, & l’autre B qui lui sert de conducteur, porte par son extrémité inférieure une espece de languette C, ou rainure, selon le lieu où l’on doit s’en servir ; ces deux rabots sont retenus ensemble par deux tiges de bois quarrées, arrêtées & clavetées à demeure sur celui A, & à coulisse sur celui B, mais que l’on fixe cependant avec deux clavettes D en forme de coin ; cet assemblage double est le même que celui des trusquins fig. 66 & 67 ; cet instrument ne sauroit être manœuvré, à cause de sa largeur, par un seul homme, mais bien par deux, qui sont obligés d’y employer les quatre mains ; il sert à former des rainures dans le milieu des planches, & à la distance de leurs bords que l’on juge à propos.

La fig. 110 en est le fer, qui peut aussi être semblable à celui fig. 106.

La fig. 111 est encore un bouvet brisé, qui ne differe du précédent qu’en ce que la languette du premier rabot A est soutenue par une petite lame de fer attachée de clous ou de vis, & les tiges B retenues aussi à demeure dans les mêmes trous sont fendus en forme de mortaise d’un bout à l’autre, & assemblées comme celles du guilboquet fig. 71.

Au lieu du rabot A, on en peut placer d’autres, comme ceux fig. 107 & 119, selon le besoin qu’on en a, de même que l’on en peut substituer aussi d’autres à celui B, selon l’utilité des ouvrages.

La fig. 112 est un rabot ceintré, semblable à celui, fig. 92, excepté qu’il est ceintré sur sa longueur, à l’usage des parties circulaires.

La fig. 114 en est le fer.

La fig. 115 est un rabot rond, aussi semblable à celui fig. 92, excepté qu’il est arrondi sur sa largeur par-dessous, il sert pour les fonds des parties rondes.

La fig. 116 en est le fer arrondi du côté du taillant, & qui prend la forme du rabot.

La fig. 117 est un rabot appellé mouchette ronde, parce qu’il est arrondi sur sa largeur par-dessous, & qu’il a un côté plus haut que l’autre ; il sert quelquefois pour des moulures.

La fig. 118 en est le fer dont le taillant prend la forme du rabot.

La fig. 119 est un rabot appellé mouchette à grains d’orge, semblable au précédent, à l’exception que sa partie inférieure toujours plus haute d’un côté que de l’autre est droite.

La fig. 120 en est le fer.

On se sert encore d’une infinité de mouchettes, que l’on nomme mouchette à talon, à baguette, à doussine, à bec de corbin, à bouement double, simple, &c. selon les moulures que l’on veut pousser, & dont les fers sont faits de même.

La fig. 121 est un instrument appellé compas à verge, qui fait en grand le même effet du petit compas fig. 68, & qui sert aux mêmes usages, il est ainsi appellé à cause de la verge quarrée A de bois dont il est composé ; cette verge porte environ depuis cinq ou six piés jusqu’à quelquefois dix & douze piés, le long de laquelle glissent deux planchettes B percées chacune d’un trou quarré de la grosseur de la verge A, leur partie inférieure est armée chacune d’une pointe pour tracer, qui en s’éloignant ou se rapprochant, font l’effet des pointes de compas, & la partie supérieure d’une vis, pour les fixer sur la verge où l’on le juge à propos.

La fig. 122 est un instrument de fer appellé sergent, composé d’une grande verge A de fer quarrée, d’environ dix ou douze lignes de grosseur, coudée d’un côté B avec un talon recourbé C, & d’une coulisse D aussi de fer avec un talon E aussi recourbé, l’autre bout F de la verge est renforcé de peur que la coulisse D ne sorte.

La fig. 123 est un pareil instrument beaucoup plus commode, en ce qu’au lieu d’un talon F, fig. 122, on y place une vis A avec une tête à piton, qui fait que l’on peut serrer les planches autant qu’on le veut sans ébranler leurs assemblages.

La fig. 124 est un établi, la chose la plus nécessaire aux Menuisiers, & sur lequel ils font tous leurs ouvrages ; c’est avec le valet A, le seul instrument que les maîtres Menuisiers fournissent à leurs compagnons, qui sont obligés de se fournir de tous les autres outils.

Cet établi est composé d’une grande & forte planche B d’environ cinq à six pouces d’épaisseur, sur environ deux piés & demi de large, & dix à quinze piés de long, posée sur quatre piés C, assemblés à tenon & à mortoise dans l’établi avec des traverses ou entretoises D, dont le dessous est revêtu de planches clouées les unes contre les autres, formant une enceinte où les ouvriers mettent leurs outils, rabots, & autres instrumens dont ils n’ont pas besoin dans le tems qu’ils travaillent ; sur le côté E de l’établi se trouve une petite planche clouée qui laisse un intervalle entre l’un & l’autre, pour placer les fermoirs, ciseaux, limes, &c. marqués F ; à l’opposite & presque au milieu est un trou quarré G, dans lequel se trouve un tampon H, de même forme que le trou ajusté à force, sur lequel est enfoncée une piece de fer I, coudée & à pointe d’un côté, & de l’autre à queue d’aronde & dentelée, qui sert d’arrêts aux planches & autres pieces de bois lorsqu’on les rabotte ; ce tampon H peut monter & descendre à coups de maillet, selon l’épaisseur de ces planches ou pieces de bois que l’on veut travailler ; K est encore un arrêt de bois posé sur le côté de l’établi qui sert lorsque l’on en rabote de grandes sur leurs côtés en les posant le long de l’établi, en les y fixant par le moyen d’un valet A à chaque bout.

Ce valet A qui est de fer & qui passe par des trous semés çà & là sur l’établi, est fait pour qu’en frappant dessus il tienne ferme les ouvrages que l’on veut travailler.

La fig. 125 est une grande scie à refendre à l’usage des scieurs de long, gens qui ne font que refendre ; elle est faite comme celle fig. 87, mais plus grande, & dont la partie supérieure A est composée d’un petit chassis de bois d’une certaine élévation, on ne s’en sert pour refendre à cause le sa grandeur, que dans les chantiers seulement ; & pour la manœuvrer on place d’abord deux traiteaux de cinq à six piés de hauteur, & distans l’un de l’autre de presque la longueur des planches que l’on veut refendre & que l’on pose dessus, sur lesquels est monté un homme tenant la scie des deux mains par la partie A, tandis qu’un autre placé au-dessous la tient par son extrémité inférieure B, & de cette maniere vont toujours, celui-là en reculant, celui-ci en avançant à mesure que l’ouvrage se fait.

Les ouvriers les plus industrieux dans la Menuiserie, comme dans toutes les autres professions, ont toujours l’art de composer de nouveaux outils plus prompts & plus commodes que ceux dont ils se servent ordinairement, & aussi plus propres aux ouvrages qu’ils ont à faire.

Explication des deux vignettes ; la premiere représente une boutique de menuisier ou attelier de Menuiserie.

Fig. a, ouvrier qui scie de long avec la scie à refendre, fig. 87.

Fig. b, il débite du bois avec la scie, fig. 87.

Fig. c, deux scieurs de long, fig. 125.

Fig. d, perce des trous au vilebrequin, fig. 85.

Fig. e, deux ouvriers qui poussent des moulures, rainures ou languettes avec les bouvets brisés, fig. 109 & 111.

Fig. f, ouvrier qui travaille au parquet, fig. 59.

Fig. g, portion de comptoir.

Fig. h, portes, planches, & autres ouvrages faits.

Fig. i, i, i, i, établis chargés de maillets, de marteaux, de valets, de rabots, de ciseaux, & autres outils.

La vignette seconde représente un chantier.

Fig. a, scieurs de long en ouvrage.

Fig. 6, attelier ou boutique de la vignette précédente.

Fig. 9, ouvriers qui descendent des planches.

Fig. 5, 5, 5, piles de bois. M. Lucote.

Menuiserie d’étain, (Potier d’étain.) sous ce terme on entend presque tout ce qui se fabrique en étain, excepté la vaisselle & les pots : les moules qui ont des vis, comme les seringues, boules au ris, &c. ou des noyaux de fer, comme les moules de chandelle, se dépouillent avec un tourne-à-gauche, le reste se fait comme à la poterie d’étain. Voyez Poterie d’étain & achever


  1. Débiter des planches ou pieces de bois, c’est les refendre ou scier sur leur longueur.
  2. On appelle ordinairement chantier, un lieu à découvert & très vaste, où l’on dispose les matériaux propres à faire des ouvrages.
  3. Un nœud dans une planche est originairement la naissance d’une branche de l’arbre que l’on a débité. Cet endroit est toujours très-dur, & sans aucune solidité ni propreté.
  4. Un tampon dans une planche est le closoir d’un trou formé ordinairement par un nœud.
  5. L’aubier est la partie entre l’écorce & le fort du bois. C’est la pousse de la derniere année, qui, comme nouvelle, est par conséquent plus tendre.
  6. Malandre est une espece de fente qui s’ouvre d’elle-même dans le bois lorsqu’il séche.
  7. Flache est un manque de bois dans un ouvrage fini, comme lorsque l’on emploie des planches ou des bois trop étroits, il en reste une partie qui n’a point été travaillée.
  8. Fistule est toute espece de coup de marteau, de ciseau, ou autres choses semblables donnés mal à propos, qui sont autant de cavités dans les ouvrages finis.
  9. Galles sont des mangeures de vers.
  10. Un bois déjetté est celui qui, après avoir été bien dressé devient gauche.
  11. Caussiné ressemble à peu de chose près au précédent.
  12. Un morceau de bois coupé en onglet, ou à quarante-cinq degrés, c’est la même chose.
  13. Le bois debout, dans de certains ouvrages, comme, par exemple, dans des tenons ou mortoises, est lorsque les fibres du bois sont disposées sur la largeur ou l’épaisseur de ces mêmes tenons ou mortoises, & non sur la longueur.
  14. Le bois de fil est lorsque les fibres du bois sont disposées sur la longueur des ouvrages.
  15. Chasser à force, c’est frapper jusqu’à ce que ce qui est frappé ne puisse plus entrer sans rompre quelque chose.
  16. Un bâti de panneaux est le chassis sur lequel il est assemblé.
  17. Le mot frise, tiré de l’architecture, est la partie de l’entablement entre l’architrave & la corniche.
  18. En terme de menuiserie on ne dit point faire une moulure, mais la pousser ; & cela, parce qu’elle se fait en poussant les rabots ou bouvets.
  19. On appelle dormant, tout ce qui ne bouge point de sa place, & qui en quelque façon dort.
  20. Un vantail de porte est ce que le vulgaire appelle batlant de porte.
  21. Imposte est un ornement d’architecture placé dans toutes les arcades à la retombée du ceintre & au même niveau que son centre.
  22. Une astragale est une moulure composée d’une baguette & de son filet.
  23. On appelle planches de bateaux, celles qui proviennent des débris des vieux bateaux qui transportent des provisions.
  24. Des broches sont des especes de cloux ronds, longs & sans tête.
  25. Des lambourdes sont des pieces de bois de charpente de 4 pouces sur 6 pouces de grosseur.
  26. Le mâchefer est ce qui sort des forges où l’on use du charbon de terre.
  27. On dit qu’un maillet, un marteau, a plus de coup qu’un autre, lorsqu’avec un poids égal, le coup qu’il donne fait plus d’effet.
  28. Le biseau d’un ciseau est une partie inclinée qui en fait le taillant.