L’Encyclopédie/1re édition/MORPHÉE

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MORPHÉE, (Mythol.) ministre, ou, si l’on aime mieux, fils du Sommeil & de la Nuit ; habile, dit Ovide, à prendre la démarche, le visage, l’air, le son de voix de ceux qu’il veut représenter : son nom même le prouve. Frere de Phobetor & de Phantase, mais beaucoup plus aimable, il appaise les noirs soucis par les trompeuses illusions, & tient toute la nature dans un doux enchantement ; c’est lui qui répandant ses pavots sur les paupieres appesanties, fait couler une vapeur divine dans tous les membres fatigués ; il se plaît à envoyer aux hommes les songes légers, qui voltigeant sans cesse autour d’eux, les flattent par les images les plus riantes, & repoussent loin de leurs sens tout ce qui peut les réveiller avec trop de précipitation. Mais j’aime la peinture ingénieuse & forte que le poëte Rowe nous a faite du fils aîné du Sommeil. La voici :

Still when the golden sun withdraws his beams,
Aud drowsy Night invades the weary world,
Forth flies the god of dreams, fantastick Morpheus ;
Ten thousand mimich Francies fleet around hiem ;
Subtile as air, and various in their natures :
Each has ten thousand, thousand, diff’rents forms,
In wich they dance confus’d before his Sleeper ;
While the vain god laughs to behold what pain
Imaginary evils give Mankind
. (D. J.)