L’Encyclopédie/1re édition/MOSKOW

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MOSKOW, (Géog.) les François prononcent Moskou, mais mal ; ce mot se doit prononcer Moskof, parce que le w final de la langue esclavone, qui est d’usage en Russie, en Pologne & ailleurs, est un v consone, & se prononce par ces peuples comme une f.

Moskow est une grande ville, que Basilides conquit sur les Lithuaniens à la fin du onzieme siecle. Elle devint alors un patriarchat, & la capitale de l’empire russien, & elle l’a été jusqu’à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre I. Oléarius, le Brun & autres, ont décrit Moskow dans leurs voyages ; mais les années ont causé tant de changemens à cette ville, que leurs descriptions ne sont plus vraies aujourd’hui.

Cette ville est partagée en quatre parties, dont chacune est entourée d’une muraille & d’un fossé. Elle dépérit tous les jours, parce que la plûpart des maisons étant de bois, les incendies y sont fréquens, & le czar a défendu qu’on les rebâtit de pierre, afin d’attirer encore mieux les grands & les riches à Saint-Pétersbourg.

Les rues de Moskow ne sont pavées qu’en peu d’endroits, & remplies de vagabonds & de gueux, qui détroussent & assassinent les passans à l’entrée de la nuit.

Les églises & monasteres y brillent en très-grand nombre ; & comme chacun a ses cloches, la sonnerie ne finit point. Ces cloches ne se mettent pas en branle comme les nôtres ; on les sonne par le moyen d’un corde qui tient au battant.

L’apothicairerie de Moskow étoit autrefois la plus considérable de l’Europe, parce qu’elle fournissoit seule les armées & les grandes villes de Russie ; mais les choses ne sont plus de même aujourd’hui.

Les environs de Moskow paroissent très-beaux, & les Anglois établis dans cette ville, avoient trouvé l’art d’avoir dans leurs jardins au mois de Février des roses hâtives, des œillets & d’excellentes asperges. Tout le pays produit du bon blé, qu’on seme en Mai, & qu’on recueille en Septembre. La terre porte des fruits, pourvu qu’on la fume & qu’on la cultive. Le miel y est aussi commun qu’en Pologne. Le gros & le menu bétail y paît en abondance ; ensorte que la vie y est à grand marché.

Moskow est baignée au sud-est par la Moska, au couchant & au sud-ouest, par la riviere de Neglina.

Pierre-le-Grand a fait faire un canal de Moskow à Saint-Petersbourg, pour établir une correspondance entre l’ancienne capitale de ses états, & la nouvelle. Ce canal, après avoir traversé le lac d’Onega, arrive à Moskow.

Cette ville est dans une plaine fort étendue, à 160 lieues N. de Cassa, 240 de Constantinople, 260 de Cracovie, 245 de Stockholm, environ 360 de Vienne, & 650 de Paris. Long. selon Cassini, 57. 51. 30. lat. 55. 36. 10. Long. Selon Timmerman, 56. 11. 15. lat. 55. 34. (D. J.)

Moskow, le duché de, (Géog.) province de l’empire russien, appellé la Moscovie proprement dite, pour la distinguer de tout l’empire du czar.

Cette province particuliere a titre de duché ; car pendant long-tems les czars n’ont été connus que sous le titre de grands ducs de Moscovie. Elle prend son nom de sa capitale, qui elle-même le reçoit de la riviere qui l’arrose. Les autres rivieres principales sont l’Occa & la Clesma, qui vont grossir le Volga. Dans la partie occidentale du duché de Moskow est une grande forêt de vingt-cinq lieues, d’où sort le Borysthène, qui de-là passe par le duché de Smolencko, entre en Lithuanie, en Pologne, en Ukraine, &c. Long. du duché de Moskou 53. 63. lat. 52. 58. (D. J.)