L’Encyclopédie/1re édition/NAUSÉE

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NAUSÉE S. f. (Médec.) l’aversion qu’on a pour tous les alimens, ou pour certains alimens en particulier, s’appelle dégoût ; c’est un symptome qui semble composé du défaut du vice de l’appétit & de la nausée.

Si l’on a pris des substances pourries, corrompues, rances, nidoreuses, visqueuses, grasses, oléagineuses, dégoutantes, il les faut éviter dans la suite, & les chasser du corps soit par le vomissement, soit par les selles.

Si la corruption des humeurs de la bouche, des narines, des dents, du gosier ; si la matiere capable de causer des catharres, des aphthes, vient à produire cette maladie, on évite la déglutition de ces humeurs viciées ; on la détourne autre part ; on se lave fréquemment la bouche avec les antiseptiques.

Quand le ventricule & le pancréas sont remplis d’un suc morbifique, & qu’une bile de mauvaise qualité vient à couler dans le premier de ces visceres, & qu’il s’y trouve en même-tems un amas de cacochylie crue, il faut employer les évacuans pour chasser par haut & par bas toutes ces matieres, ensuite recourir aux stomachiques pour empêcher qu’elles ne se reforment de nouveau.

La nausée qui vient sur mer, ou lorsqu’on est en voiture sur le devant d’un carrosse fermé, ou celle qui est la suite de quelqu’autre mouvement extraordinaire & de quelque passion de l’ame, se dissipe en ôtant les causes, en changeant de position, en prenant les acides, &c. mais elle est dangereuse dans la lienterie, la dyssenterie, le cholera ; il la faut alors traiter par les anodins stomachiques.

Celle qui accompagne les fievres aiguës, ardentes, érésipélateuses, putrides, purulentes, malignes, hectiques, la phthysie, la goutte des piés, est un fâcheux symptome qui demande ordinairement les acides agréables, les délayans & les anodins ; mais ce ne sont là que des remedes palliatifs.

Dans la constipation, la suppression d’un ulcere, ou de quelqu’autre évacuation ordinaire, il convient de rétablir l’évacuation, ou d’en procurer une autre qui fasse le même effet.

En général les présages varient autant que les causes. Dans cette maladie on doit attendre que le sujet qui en est constamment attaqué, prendra moins d’alimens que de coutume, qu’il en résultera une mauvaise chylification, la maigreur du corps, la foiblesse, le dépérissement sensible de toute la machine, & finalement sa destruction. (D. J.)