L’Encyclopédie/1re édition/NAVET

La bibliothèque libre.
◄  NAVÉE
NAVETTE  ►

NAVET, napus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante qui ne differe de la rave que par le port de la plante ; ce caractere fait distinguer très-aisément ces deux genres l’un de l’autre. Voyez Rave. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Des cinq especes de navets que compte M. de Tournefort, nous ne décrirons que le plus commun, c’est-à-dire le navet cultivé, napus sativa, radice albâ, I. R. H. 229. Il a la racine oblongue, ronde, grosse par le collet, cependant moins grosse que la rave, charnue, tubéreuse, plus menue vers le bas, de couleur blanche ou jaune, quelquefois noirâtre en-dehors, blanche en-dedans, d’une saveur douce & piquante, agréable, plus suave & plus délicate que le raifort. Elle pousse une tige de la hauteur d’une coudée & davantage, qui se divise en rameaux. Ses feuilles sont oblongues, profondément découpées, rudes, vertes, sans pédicules, ou attachées à des pédicules membraneux ; les inférieures sont sinuées, embrassent la tige, & finissent en pointe.

Sa fleur est à quatre pétales disposés en croix, jaune comme celle du chou ; quand elle est passée, il lui succede une silique longue d’environ un pouce, ronde, qui se divise en deux loges, remplies de semences assez grosses, presque rondes, de couleur rougeâtre, ou purpurine, d’un goût âcre & piquant qui tient de l’amer. Cette âcreté est moindre que celle de la graine de moutarde, quoiqu’elle en approche.

On seme le navet, & on le cultive dans les jardins & dans les champs : il se multiplie de graine, & veut une terre légere & sablonneuse, quoiqu’il vienne également dans les terres fortes, quand elles sont bien labourées. Il y en a de plusieurs sortes, de gros & de petits ; les petits navets sont estimés les meilleurs & les plus agréables au goût. On fait cas à Paris des navets de Vaugirard, & de ceux de Freneuze, près de Poissy. Il y a beaucoup de navets qui sont tout-à fait insipides, ce qui vient du défaut de culture, & de dégénération de la graine. Il ne faut pas confondre cette graine avec celle qu’on appelle navette. Voyez Navette. (D. J.)

Navet, (Chimie, Pharmacie, Diete, & Mat. med.) navet cultivé, navet commun. Ce n’est que la racine de cette plante qui est employée soit en Médecine, soit pour l’usage de nos tables. Aussi est-ce proprement la racine de navet qui est désignée dans l’usage commun par le mot de navet.

Les navets donc, pour parler le langage ordinaire, ont, lorsqu’ils sont cruds, un goût sucré, relevé d’un montant vif & piquant, qui s’évapore facilement par la suite, pour ne laisser au navet que la simple saveur douce. Les principes par lesquels ils excitent l’un & l’autre sentiment, sont bien connus. Leur goût sucré & fixe est dû au corps muqueux-doux qu’ils contiennent abondamment ; & le goût piquant & fugitif a une petite portion d’alkali volatil spontané Voyez Doux, Muqueux, Végétal.

Le corps doux-muqueux contenu dans le navet, est de l’espece de ce corps qui a le plus d’analogie avec le mucus, ou la substance gélatineuse des animaux, & qui peut être regardée comme étant, à cet égard, le dernier chainon par lequel la série des végétaux se lie au regne animal. Voyez Végétal, & Substances animales.

Cette espece de corps muqueux, & celui que contient le navet en particulier, fournit aux animaux une nourriture abondante, un aliment pur, & peut-être l’aliment végétal par excellence. Voyez Nourrissant. Aussi le navet est-il généralement reconnu pour être très-nourrissant, de bon suc, & de facile digestion. Son usage diététique est trop connu, trop manifestement, & trop généralement salutaire, pour que la Médecine ait des préceptes à donner sur cet objet. Mais c’est pour cela même qu’il y a peu à compter sur les éloges que les Médecins ont donnés au bouillon & au syrop de navet. employés à titre de remede dans les toux, les phthysies, l’asthme, &c. Un aliment si pur, & si propre à tous les sujets, ne sauroit exercer chez quelques uns une vertu véritablement médicamenteuse. Si quelque médecin se proposoit cependant de soutenir un malade par un aliment doux, léger, pur, de prescrire une diete plus tenue que celle des bouillons de viande ; les bouillons de navet pourroient être regardés comme remplissant très-bien cette vûe. Cette diete mérite au moins d’être tentée, & comparée à la diete lactée, & à la diete farineuse, sur laquelle les observations manquent absolument aussi. Voyez Régime.

On employe quelquefois dans les compositions officinales la semence de ce navet, au lieu de celle de navet sauvage. (b)

Navette, s. f. (Com. des graines.) graine d’une espece de choux sauvage que les Flamands nomment colsa & colzat. Voyez l’article Colsat.

C’est de cette graine que l’on tire par expression l’huile que les mêmes Flamands appellent huile de colsa ou de colzat, & les François huile de navette ou de rabette. La navette ou colsa est cultivée avec grand soin en Flandre & en Hollande ; on la cultive encore en Brie, en Champagne & en Normandie, où il se fait un assez grand négoce d’huile exprimée de cette graine, dont l’usage le plus ordinaire est pour les ouvriers qui fabriquent des étoffes de laine & pour ceux qui font des ouvrages de bonneterie : il s’en consomme aussi beaucoup par les Couverturiers, & pour brûler dans la lampe, sur-tout lorsque l’huile de baleine manque, soit parce que la pêche n’a pas été heureuse, soit parce que la guerre empêche les Pêcheurs d’y aller, & les Marchands d’en tirer des pays étrangers.

Les qualités de la bonne huile de navette sont une couleur dorée, une odeur agréable, & qu’elle soit douce au goût. On la mélange quelquefois d’huile de lin, ce qui se reconnoît à l’amertume & à l’odeur moins agréable.

Il faut remarquer que la navette ou graine de colsa qui croît en Hollande ou en Flandre, est beaucoup plus grosse & mieux nourrie que celle de France ; ce qui lui fait donner le nom de grosse navette, au lieu que celle de France est appellée navette ordinaire ou petite navette, parce qu’effectivement elle est plus menue. (D. J.)

Navet sauvage, Navette. (Mat. méd.) Sa semence entre dans la composition de la theriaque. On en prépare dans plusieurs pays une huile par expression, très-connue, qui ne possede que les qualités connues de cette espece d’huile, mais qui parce qu’elle est communément des moins douces, ne s’emploie point pour l’usage intérieur. (b)