Aller au contenu

L’Encyclopédie/1re édition/NEXUS

La bibliothèque libre.
◄  NEW-ZOL
NEYN  ►

NEXUS, (Droit rom.) c’est-à-dire, citoyen attaché par esclavage à son créancier pour dettes. On appelloit nexi chez les Romains ceux qui ayant contracté des dettes, & ne les pouvant acquitter au jour marqué, devenoient les esclaves de leurs créanciers, qui pouvoient non-seulement les faire travailler pour eux, mais encore les mettre aux fers, & les tenir en prison. Liber qui sua opera in servitute pro pecuniâ quam debet, dum solveret, dat, nexus vocatur, dit Varron.

La condition de ces débiteurs, appellés aussi addicti, étoit d’autant plus misérable, que leurs travaux & leurs peines n’entroient point en déduction de leurs dettes ; mais lorsqu’ils avoient payé, ils recouvroient avec la liberté tous leurs droits : car cette espece d’esclavage étoit différente du véritable esclavage, en ce que les nexi pouvoient malgré leur maître se délivrer de la servitude, en payant leur dette, & en ce qu’ils n’étoient point regardés comme affranchis après être sortis de servitude, mais comme citoyens libres, ingenui, puisqu’ils ne perdoient pas la qualité de citoyen romain, pouvant même servir dans les légions romaines. Servus cùm manumittitur fit libertinus ; addictus, receptâ libertate, est ingenuus. Servus invito domino libertatem non consequitur ; addictus solvendo, citra voluntatem domini consequitur ; ad servum nulla lex pertinet. Addictus legem habet ; propria liberi, quæ nemo habet nisi liber, prænomen, nomen, cognomen, tribuni habet hæc addictus. Ce sont les termes de Quintilien.

Cette coutume fut en usage à Rome jusqu’à l’an 429, & elle donna occasion à bien des tumultes de la part des plébéïens : ils la regardoient comme une véritable tyrannie, qui obligeoient les enfans mêmes à se rendre esclaves pour les dettes de leurs peres. Un jeune homme nommé Caïus Publilius ayant été maltraité cruellement, pour n’avoir pas voulu condescendre aux desirs infames de Lucius Papirius son maître, à qui il s’étoit donné comme esclave pour les dettes de son pere : cui quùm se C. Publilius ob æs alienum paternum nexum dedisset, il excita la commisération des citoyens, & fut cause de la loi qui ordonnoit que les biens des débiteurs répondroient à l’avenir de l’argent prêté ; mais que les personnes seroient libres. Pecuniæ creditæ bona debitoris, non corpus obnoxium esset. Ita nexi soluti, cautumque in posterùm ne necterentur, dit Tite-Live, lib. VIII. c. xxviij. (D. J.)