L’Encyclopédie/1re édition/NIGER

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NIGER, (Géog.) c’est le Nigir de Ptolomée, liv. IV. chap. vj. & le Nigris de Pline, liv. V. chap. iv. grand fleuve d’Afrique qui arrose la Nigritie : les François le nomment autrement, la riviere du Sénégal. Quoique le cours de ce fleuve nous soit un peu mieux connu qu’il ne l’étoit des anciens, cependant il s’en faut beaucoup que nous en soyons assurés. On croit qu’il tire sa source d’un lac nommé Maberia par les Sauvages, & qu’on place au cinquieme degré de latitude septentrionale. Les anciens ont imaginé qu’il venoit du Nil par un passage souterrein, parce qu’il se déborde tous les ans en même tems que le Nil, mais nous en dirons plus bas les raisons. On prétend qu’il se partage en deux branches, dont celle qui coule au sud s’appelle Gambie, on lui donne une de ses embouchures au onzieme degré de latitude, & la plus éloignée à quinze degrés de distance de l’équateur.

Suivant les cartes de M. de Lisle, le Niger perd son nom dans le lac de Guarde, & de là à la mer, ce qui fait 700 milles anglois en ligne droite ; mais M. Suow qui a été gouverneur de James-Fort, sur la riviere Gambie, nous assure que le Niger n’a point un cours aussi étendu qu’on nous le représente dans les cartes géographiques. Il nous apprend encore que c’est une riviere barrée, qui ne peut recevoir de batiment plus gros que des barques jusqu’à l’endroit où se trouve l’établissement des François, au-dessus duquel il n’y a que des bâtimens plats qui puissent naviguer jusqu’à Galam ; au-lieu que la Gambie est navigable pour des vaisseaux, si chargés qu’ils puissent être, environ cinquante lieues au-dessus de l’établissement des Anglois, & qu’il porte des vaisseaux de cent tonneaux jusqu’à Barraconda, & un peu plus haut (car la marée monte jusques-là) c’est-à-dire à près de 150 lieues au-dessus du fort James.

Quant aux inondations du Niger, il n’en faut pas chercher la cause bien loin ; ce sont les pluies qui tombent entre la ligne & le tropique qui produisent les accroissemens de cette riviere : ces pluies commencent les premiers jours de Juin, & continuent trois à quatre mois. Elles gagnent toujours pays, & avancent de l’est à l’ouest. La riviere se débordant par la crue de ses eaux, inonde les pays plats, engraisse les terres & les fertilise par le limon qu’elle y laisse. (D. J.)