L’Encyclopédie/1re édition/NILOMETRE ou NILOSCOPE

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NILOMETRE ou NILOSCOPE, s. m. (Hist. anc.) instrument dont les anciens faisoient usage pour mesurer la hauteur des eaux du Nil dans ses débordemens.

Ce mot vient du grec Νεῖλος, Nil (qui vient lui-même de νεα ἰλύς, nouveau limon, ou, selon d’autres, de νεω, je coule, & de ἰλύς, limon), & de μέτρον, mesure. Les Grecs appelloient ordinairement cet instrument νειλοσκοπεῖον.

Dans la bibliotheque du roi il y a un traité écrit en arabe sur les nilometres, intitulé neil fi alnal al Nil, dans lequel on décrit tous les débordemens du Nil, depuis la premiere année de l’hégire, jusqu’à la 875e.

Hérodote parle d’une colonne qu’on avoit élevée dans un endroit de l’île Delta, pour servir de nilometre ; il y en a encore une semblable au même endroit dans une mosquée.

Comme toutes les richesses de l’Egypte viennent des inondations du Nil, les Egyptiens les demandoient avec instance à leur dieu Sérapis, employant à cet effet plusieurs superstitions, & entr’autres le sacrifice d’une jeune fille qu’on noyoit tous les ans dans le Nil : ce qui obligea Constantin de leur défendre les sacrifices, & d’ordonner que le nilometre, qui avoit été jusqu’alors dans le temple de Sérapis, seroit mis dans une église. Julien l’apostat replaça le nilometre dans le temple de Sérapis, où il resta jusqu’au tems du grand Théodose. Voyez, au sujet des nilometres, les actes de Léipsic, année 1686, p. 147. (G)