L’Encyclopédie/1re édition/NONCHALANCE

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NONCHALANCE, s. f. (Gramm.) paresse, négligence, indolence, mollesse, foiblesse d’organisation, ou mépris des choses, qui laisse l’homme en repos, dans les momens où les autres se meuvent, s’agitent & se tourmentent On devient paresseux, mais on naît nonchalant. La nonchalance ne se corrige point, surtout à un certain âge. Dans les enfans, l’accroissement fortifiant le corps, peut diminuer la nonchalance. La nonchalance qui introduit peu-à peu le desordre dans les affaires, a des suites les plus facheuses. La nonchalance est aussi accompagnée de la volupté. Elle ne répond guere au plaisir, mais elle l’accepte facilement. Les dieux d’Epicure sont des nonchalans, qui laissent aller le monde comme il peut. Il s’échappe des ouvrages de Montagne une nonchalance que le lecteur gagne sans s’en appercevoir, & qui le tranquilise sur beaucoup de choses importantes ou terribles au premier coup d’œil. Il regne dans les poésies de Chaulieu, de Pavillon, de la Fare, une certaine nonchalance qui plaît à celui qui a quelque délicatesse d’esprit. On diroit que les choses les plus charmantes ne leur ont rien coûté, qu’ils n’y mettent aucun prix, & qu’ils souhaitent d’être lus avec la même nonchalance qu’ils écrivoient. Il faudroit prêcher aux turbulens la nonchalance, & la diligence aux nonchalans. C’est par un coup ou frappé en sens contraire, qu’on modere la chute d’un corps en mouvement, ou frappé dans la direction qu’il suit lentement, qu’on accélere sa vitesse : pour peu qu’on hâtât les uns, ou qu’on arrêtât les autres, ils auroient la vîtesse qui convient aux choses de la vie.