L’Encyclopédie/1re édition/NUMANCE

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NUMANCE, (Géog. anc.) en latin Numantia ; ville de l’Espagne tarragonnoise dans le pays des Arévaques, située sur une petite éminence entre Volucé & Augustobriga, à 15 milles de la premiere & à 23 milles de la seconde. Le Durius (le Douro) l’arrosoit comme le dit Strabon, mais ce fleuve étoit peu considérable en cet endroit, parce qu’il se trouvoit encore voisin de sa source.

Numance avoit 2880 pas de tour. Florus l’appelle Hispaniæ decus, à cause du courage de ses habitans. Cette ville, dit-il, sans murs, sans tours, & munie seulement d’une garnison de quatre mille Celtiberes, soutint seule pendant 14 ans les efforts d’une armée de quarante mille hommes. Elle fut enfin saccagée l’an 621 de Rome par Scipion Emilien, après avoir lassé la patience de six consuls. Numantia fera, dit Horace, pour marquer la valeur féroce de ses habitans, qui aimerent mieux se détruire eux-mêmes par le feu, le fer & le poison, que de tomber entre les mains du vainqueur.

Ecoutons à-présent Mariana sur la situation & les ruines de cette ville qu’il avoit vûe & examinée avec soin. On montre, dit-il, les ruines de Numance à l’extrémité de la Celtibérie du côté du septentrion, à l’orient du fleuve Durius, à 4 milles de Soria & du Pont-de-Garay, Puente-Garay, environ à 3 lieues des frontieres de l’Arragon vers le couchant. L’art avoit moins contribué à sa défense que la nature. Elle étoit bâtie sur une colline dont la pente étoit assez douce, mais de difficile accès, parce que les montagnes l’entouroient presque de toutes parts : un seul côté aboutissoit à une plaine fertile, qui s’étendoit l’espace de 12 milles le long de la riviere de Téra, jusqu’à l’endroit où elle se joint au Durius. Semblable à la ville de Sparte, Numance n’avoit point de murailles : elle étoit seulement munie d’une forteresse où les habitans mirent leurs effets les plus précieux ; & ce fut dans cette forteresse qu’ils soutinrent si long-tems les attaques des Romains. (D. J.)