L’Encyclopédie/1re édition/OLBA
OLBA. (Géog. anc.) ville de Cilicie, capitale de la Ketide, dans le voisinage de Seleucie, étoit à dix lieues de Lalasis. Ptolomée l’appelle Olbasa. & la met à 64. 30. de Longitude.
La ville d Olba, que Strabon nomme Olbé, étoit célebre par un temple de Jupiter, qui fut bâti par Ajax fils de Teucer. Les grands-prêtres de ce temple étoient princes du pays ; ils faisoient battre monnoie à leur coin, & exerçoient dans l’étendue de leurs états les droits de souveraineté. On sait que dans la plus haute antiquité, les rois & les princes étoient les premiers ministres de la religion. La même personne portoit le sceptre d’une main, & de l’autre offroit des sacrifices à l’être suprème. Cet usage établi dans les premiers tems chez presque toutes les nations, subsistoit sous la domination romaine dans plusieurs provinces de l’Asie. Les pontifes de Zela & des deux Comanes jouissoient d’une espece de souveraineté dans le Pont & dans la Cappadoce. Le grand-prêtre de Jupiter Abretonien avoit le titre & l’autorité de souverain dans la Mysie. Tous ces princes & pontifes au milieu des provinces romaines, étoient libres, & vivoient suivant leurs propres lois.
L’histoire des princes d’Olba remonte jusqu’au tems de la guerre de Troie ; mais elle est peu connue dans le détail. Strabon, liv. XIV. nous apprend seulement que le sacerdoce & la principauté étoient héréditaires dans une même famille ; que les états de ces princes furent démembrés ; que la famille sacerdotale fut totalement dépouillée, & qu’elle fut ensuite rétablie.
Les médailles nous donnent le nom de trois de ces princes, l’étendue de leurs états, le titre de sacré, ΙΕΡΑ, dont leur capitale étoit décorée, & plusieurs autres faits intéressans, dont aucun écrivain ancien n’a parlé, mais sur lesquels il faut consulter les mém. de l’acad. des Inscript. tom. XXI.
Je remarquerai seulement que l’étendue des états du prince d’Olba pouvoit être de vingt lieues d’orient en occident. Son pays quoique situé dans les montagnes, étoit très-fertile. La race sacerdotale fut maintenue par Auguste dans la possession de la principauté ; elle étoit encore florissante sous le regne de Tibere ; mais nous n’avons aucun monument des siecles suivans qui fasse mention des princes d’Olba ; car quoique sujets de l’empire, ils étoient par la situation de leur pays, presque indépendans de l’empereur.
Il est probable que le culte de Jupiter, & que l’autorité des pontifes subsisterent à Olba jusqu’au regne de Théodose. Au jv. siecle de l’ére vulgaire, la ville d’Olba fut comprise dans la province d’Isaurie, & fut décorée d’un siege épiscopal. Eusebe, évêque d’Olba, étoit un des peres du concile de Constantinople, qui se tint l’an 381, & Théodore d’Olba assista au concile général convoqué l’an 681 contre les Monothélites. Nous ignorons si la ville d’Olba subsiste encore ; mais les écrivains & les voyageurs ne nous instruisent pas davantage sur l’état actuel de plusieurs villes qui ont été célebres dans l’Orient. (D. J.)