L’Encyclopédie/1re édition/OLYMPE

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OLYMPE, (Géog. anc.) Olympus, ce nom étoit commun à deux ou trois villes, à un promontoire, & à plusieurs montagnes : je commence par les villes.

1°. Olympus étoit une ville d’Asie dans la Pamphilie ; 2°. c’étoit encore une ville d’Asie dans la Lycie, selon Ptolomée, liv. V. chap. iij.

Olympus promontoire étoit dans l’île de Cypre, selon Strabon cité par Ortelius : passons aux montagnes de ce nom.

1°. Olympe montagne de la Macédoine que Ptolomée fait de 40 minutes plus orientale que le mont Ossa ; c’est moins une montagne qu’une chaîne de montagnes entre la Pierie & la Pélasgiotide. Homere dit que c’est la demeure de Jupiter & des dieux, & qu’il n’y a point de nues au-dessus : son nom moderne est Lacha.

Brown qui a été dans ce siecle sur cette montagne, n’y vit point de neige en Septembre, au-lieu qu’il y en a toujours sur le sommet des Alpes aussi bien que sur le haut de Pyrénées & des monts Krapacks ; cependant cette montagne est apperçue de fort loin, même à la distance d’environ 24 lieues. L’étendue qu’elle a, principalement d’orient en occident, fait que les habitans qui sont au pié de ce mont du côté du nord & du midi, ont une température d’air aussi différente que s’ils vivoient dans des pays fort éloignés. Lucain le remarque dans sa Pharsale, liv. VI. v. 341.

Nec metuens imi borean habitator Olympi
Lucentem totis ignorat noctibus arcton
.

C’est après quelque séjour au pié de cette montagne que Paul Emile, consul romain, défit le roi Persée, & se rendit maître de la Macédoine. Lorsque le roi Antiochus assiégea la ville de Larisse, Appius Claudius lui fit lever le siége par le moyen de plusieurs grands feux qu’il alluma sur une partie du mont Olympe. Antiochus, à la vûe de ces feux se retira, dans l’idée que toutes les forces des Romains alloient fondre sur lui.

Ovide & Properce placent le mont Ossa entre le Pélion & l’Olympe ; Horace met le Pelion sur l’Olympe ; Virgile dispose encore ces trois montagnes d’une maniere différente : les Poëtes ne sont point obligés de peindre les lieux en Géographes.

2°. Je doute que le mont Olympe, mis par Ptolomée en Thessalie, soit différent du mont Olympe de la Macédoine.

3°. Le mont Olympe étoit encore une montagne du Péloponnèse, dans l’Elide.

4°. Polybe parle d’un mont Olympe, ou plutôt d’une colline de ce nom, aux confins de l’Arcadie & de la Laconie.

5°. Pline, liv. V. ch. xxxij. met un mont Olympe dans l’île de Lesbos, & un autre dans la Lycie.

6°. Athenée parle d’un mont Olympe dans la Lydie.

7°. Il y a un mont Olympe en Mysie. Méla y met la source du Rhyndacus. Ce mont Olympe de Mysie est décrit par Tournefort dans son voyage du Levant. « C’est, dit-il, une horrible chaîne de montagnes, à l’approche desquelles on ne voit que des chênes, des pins, du thym de Crète, du ciste ladanifere, &c. Après trois heures de marche sur cette montagne, on ne voit que des sapins & de la neige. Les hêtres, les charmes, les trembles, les noisetiers n’y sont pas rares ». C’est près de ce mont Olympe que les Gaulois furent taillés en pieces par Manlius, qui se vangea sur eux des maux que leurs peres avoient faits en Italie.

8°. Le mont Olympe, surnommé Triphylien, est une autre montagne de l’île Panchea dans l’Océan, près de l’Arabie heureuse.

9°. Enfin les Géographes parlent encore d’un mont Olympe dans l’île de Cypre.

M. Huet prétend que l’étymologie du mot Olympe, est la même que des mots Alpes, Albion, Alben, &c. si son idée n’est pas vraie, elle est du-moins ingénieuse. (D. J.)

Olympe, s. m. (Mythol.) l’Olympe n’est point une montagne dans les écrits des Poëtes, c’est l’empirée, c’est le ciel, c’est le séjour des dieux ; Claudien en a fait la peinture dans ces deux beaux vers.

Celsior exurgit pluviis, auditque ruentes
Sub pedibus nimbos, & rauca tonitrua calcat
.

Aussi quand vous lisez dans Virgile, que Jupiter gouverne l’Olympe, regit Olympum, cela signifie qu’il regne souverainement dans le ciel. Comme il y avoit sur le mont Olympe une forteresse que des brigands, qu’on nomma géants, assiegerent, la fable dit qu’ils avoient escaladé le ciel.

Il y a dans le recueil de l’académie des Inscriptions tom. XXV. un mémoire de M. de Mairan, pour justifier la conjecture, que la fable de Jupiter & des dieux tenant leur conseil sur l’Olympe, tiroit son origine d’une aurore boréale que les Grecs avoient vûe. Je ne puis croire cette théorie mythologique bien fondée, mais elle est rendue avec beaucoup d’esprit & d’ornemens. (D. J.)