L’Encyclopédie/1re édition/ORPHELIN
ORPHELIN, s. m. (Gramm. & Antiq. greq.) enfant mineur qui a perdu son pere & sa mere. On prenoit un soin particulier des orphelins dans plusieurs villes de Grece, mais sur-tout à Athènes, tant que cet état fut bien gouverné. Les enfans dont les peres avoient été tués à la guerre étoient élevés aux dépens du public, jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus à l’adolescence, alors on les produisoit sur le théâtre pendant les fêtes de Bacchus ; & après leur avoir donné une armure complette, on les renvoyoit dans leurs maisons. Eschine nous a conservé la belle formule dont le héraut se servoit pour les congédier : paroissant avec eux sur la scene, il disoit à haute voix : « Que ces jeunes orphelins, à qui une mort prématurée avoit ravi au milieu des hasards leurs peres illustrés par des exploits guerriers, ont retrouvé dans le peuple un pere qui a pris soin d’eux jusqu’à la fin de leur enfance ; que maintenant il les renvoie armés de pié en cap, pour vaquer sous d’heureux auspices à leurs affaires, & les convie de mériter chacun à l’envi les premieres places de la république ». On n’a point imité dans nos gouvernemens modernes de si nobles institutions politiques. (D. J.)