L’Encyclopédie/1re édition/PÉNITENCERIE

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PÉNITENCERIE, s. f. (Jurisprud.) est de deux sortes ; la pénitencerie de Rome, camera pœnitentiaria, est l’office, tribunal ou conseil de la cour de Rome, dans lequel s’examinent & se délivrent les bulles, brefs ou graces & dispenses secrettes qui regardent les fautes cachées, & par rapport au for intérieur de la conscience, soit pour l’absolution des cas reservés au pape, soit pour les censures, soit pour lever les empêchemens de mariages contractés sans dispense.

Les expéditions de la pénitencerie se font au nom du pape ; elles sont scellées en cire rouge, & s’envoient cachetées à un docteur en Théologie, approuvé par l’évêque pour entendre les confessions ; mais sans en désigner aucun spécialement, soit par son nom, soit par son emploi.

Le grand pénitencier de Rome, au nom duquel le bref est expédié, enjoint au confesseur d’absoudre du cas exprimé, après avoir entendu la confession sacramentelle de celui qui a obtenu le bref, en cas que le crime ou l’empêchement du mariage soit secret. Il est ensuite ordonné au confesseur de déchirer le bref aussi-tôt après la confession, sous peine d’excommunication, sans qu’il lui soit permis de le rendre à la partie.

Les absolutions obtenues & les dispenses accordées en vertu des lettres de la pénitencerie, ne peuvent jamais servir dans le for extérieur ; ce qui doit sur-tout s’observer en France, où les tribunaux, tant ecclésiastiques que séculiers, ne reconnoissent point ce qui est émané de la pénitencerie.

En France, la pénitencerie est le bénéfice ou le titre de celui qui est grand pénitencier de l’évêque : c’est-à-dire, qui a le pouvoir d’absoudre des cas reservés.

La pénitencerie est ordinairement une des dignités des églises cathédrales. Voyez les lois ecclésiastiques, voyez Pénitencier. (A)