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L’Encyclopédie/1re édition/PÉRICARDE

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PÉRICARDE, s. m. (Anatom.) capsule membraneuse, ou poche dans laquelle le cœur est renfermé. Voyez Cœur.

Ce mot est formé des mots grecs περὶ, autour, & καρδία, cœur. Le péricarde est composé de deux membranes : leur figure est conique comme celle du cœur ; & le cœur n’y est point trop serré, afin de pouvoir faire aisément les battemens. Voyez Cœur.

Le péricarde environne tout le cœur inférieurement ; il se colle dans toute la longueur de sa surface inférieure au diaphragme, dont on ne peut le séparer. Antérieurement il en couvre le plan convexe ; & s’élevant un peu plus haut, il adhere d’abord postérieurement & obliquement à la veine cave ; il donne ensuite la faux ou cette petite cloison qui se trouve entre la veine cave, l’aorte, & l’artere pulmonaire ; il donne une gaîne au canal artériel, tient alors à l’artere pulmonaire, entre l’artere & la veine de ce nom ; forme une faux très-sensible. La partie antérieure du péricarde tient avec la partie postérieure à cette faux ; elle est divisée en deux parties par les bronches : la supérieure est entre les grandes arteres & la division de la trachée-artere, & devant cette trachée il se continue à l’inférieure, qui distingue le sinus pulmonaire de la plevre ; & sous le sinus il adhere au diaphragme. Il se termine latéralement aux insertions des vaisseaux pulmonaires, auxquels il donne des gaînes dans le poumon, outre celles qu’ils ont de sa membrane externe & le tissu cellulaire : car le péricarde est fait de deux fortes membranes séparées par un tissu cellulaire. On distingue aisément deux lames dans l’endroit où les nerfs passent au cœur, car ils y serpentent dans les interstices de ces deux membranes : l’extérieur de ces lames avec le tissu cellulaire, donne des gaînes à l’aorte, à l’artere pulmonaire, aux veines caves & pulmonaires. Voyez Vinslow.

Nous ne manquons pas d’observations qui nous apprennent que le pericarde ne se trouve pas toujours non seulement dans le chien & dans plusieurs autres animaux, mais dans l’homme même. Vieussens fait mention de plusieurs hommes d’une santé parfaite, qui n’avoient point de pericarde : il s’accorde en cela avec Colombus. Ces observations sont-elles bien certaines ? Ce sac fort mince dans certains animaux, & qui dans l’homme se colle quelquefois au cœur, n’en auroit-il pas imposé à ceux qui les ont faites ? Il se trouve en effet fort & charnu, même dans les amphibies, comme dans le crocodile & dans la tortue. Le poisson qu’on nomme lamproie a un péricarde presque cartilagineux ; & l’on trouve très-certainement cette même capsule dans le hérisson, qui en manque, ainsi que le chien de mer, si l’on veut croire d’autres auteurs.

On observe dans le péricarde une eau qui paroît filtrée par des arteres exhalantes de toutes ces parties, & cette eau sert à humecter le cœur, qui desséché par son mouvement continuel, eût nécessairement contracté des adhérences avec les parties voisines, comme je l’ai observé dans un cadavre que j’ouvris, & dans lequel je trouvai le cœur collé par-tout au péricarde, qui étoit plus épais qu’à son ordinaire.

Les auteurs ne sont pas d’accord sur cette liqueur. Quelques-uns prétendent qu’elle n’est point naturelle, & qu’elle est l’effet forcé des agonies qui surviennent à l’article de la mort. En effet, les anatomistes sont embarrassés pour savoir d’où cette liqueur peut venir, & quels en sont les vaisseaux secrétoires. Les uns admettent des glandes pour la filtrer, d’autres prétendent que ce sont des arteres exhalantes. Le docteur Keil, dans son traité des secrétions animales, prétend que la liqueur du péricarde doit être la plus fluide de toutes celles qui se séparent dans le corps, parce que les parties s’unissent les premieres, & sont séparées les premieres ; car ces particules qui s’unissent les premieres doivent avoir la plus grande force attractive, par conséquent elles doivent être plus sphériques & plus solides : donc elles doivent se toucher par moins de surface, & par conséquent avoir plus de fluidité. Voyez Fluidité.