L’Encyclopédie/1re édition/PAILLE

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PAILLE, s. f. (Maréchallerie.) c’est le tuyau des gros & menus grains, après qu’ils ont été battus à la grange. Il y a la paille du blé, du segle, de l’avoine. La paille hachée mêlée avec l’avoine, sert dans quelques pays de nourriture aux chevaux : on la hache avec une machine appellée hachoir ou coupe-paille ; la paille pour la litiere est communément sans épis & sans grain.

Paille, (Commerce.) il se fait un grand commerce de paille pour l’engrais des terres, après qu’elle a été réduite en fumier, & avant ce tems-là pour la nourriture de divers animaux, ainsi que pour des ouvrages de Nattiers, & de Tourneurs-Empailleurs de chaise. On se sert aussi de paille pour les emballages de caisses de marchandises.

Pailles de bittes, (Marine.) ce sont de longues chevilles de fer qu’on met à la tête des bittes pour tenir le cable sujet. (Z)

Paille, (Métallurgie.) c’est un endroit défectueux dans ses métaux, qui les rend cassans & difficiles à forger ; on le dit sur-tout du fer & de l’acier.

Paille de fer, (Forgerie.) ce sont des especes d’écailles qui tombent de ce métal quand on le forge à chaud. Elles servent à faire le noir, & quelques autres couleurs des Peintres sur verre.

Paille, (Jouaillerie.) ce mot désigne un défaut qui se trouve dans les pierres précieuses, particulierement dans les diamans ; c’est quelque petit endroit obscur, étroit, & un peu long, qui se trouve dans le corps de la pierre précieuse, & qui en interrompt l’éclat & le brillant. Quelques personnes confondent la paille avec la glace & la surdité ; mais ces trois défauts sont différens ; les pailles diminuent davantage le prix du diamant.

Paille, courir à la, (Salines.) c’est hâter la cuisson du sel par une addition subite de bois ; ce qui arrive toutes les fois que la formation du sel & partant l’évaporation, a été retardée par quelque cause que ce soit.

Paille en cul, fétu en cul, s. m. oiseau de tropique, oiseau de mer. Il ne se rencontre jamais au-delà des bornes de la Zone torride ; c’est ce qui l’a fait nommer par quelques voyageurs oiseau de tropique. Il est à-peu-près de la figure d’un pigeon, mais plus gros & plus vigoureux, ayant des aîles fort grandes lorsqu’elles sont étendues ; il a la tête menue, les yeux assez beaux, le bec bien proportionné, d’une couleur jaune tirant sur le rouge, ainsi que ses pattes qui sont un peu courtes ; son plumage est blanc mêlé quelquefois de petites plumes noires sur les aîles. Du milieu de sa queue qui s’ouvre en éventail quand il vole, sortent deux grandes plumes très-fines, longues d’environ seize à dix-huit pouces, & tellement appliquées l’une contre l’autre, qu’elles ne forment qu’un seul brin apparent ; ce qui lui a fait donner le nom de paille en cul. On en voit qui ont trois de ces plumes un peu écartées l’une de l’autre, formant trois longues queues. Les pailles en cul font leurs nids dans des trous au sommet des plus hauts rochers ; ils vivent de poisson, & prennent leur essor en haute mer, fort loin des côtes ; leur chair est maigre & médiocre au goût.