Aller au contenu

L’Encyclopédie/1re édition/PANNE

La bibliothèque libre.
◄  PANAIRE
PANNEAU  ►

PANNE, s. f. (Architect.) c’est dans un bâtiment une piece de bois, qui portée sur les tasseaux & chantignoles des forces d’un comble, sert à en soutenir les chevrons. Il y a des pannes qui s’assemblent dans les forces, lorsque les fermes sont doubles. On nomme panne de brisis celle qui est au droit du brisis d’un comble à la mansarde. Voyez Panne de brisis. Les pannes sont appellées templa par Vitruve.

Panne, (Blanchiss.) c’est, en Anjou, une espece de cuvier de bois, dont on se sert pour lessiver les toiles que l’on veut mettre au blanchiment.

Panne, terme de Chaircutier, graisse de porc qui n’est ni battue ni fondue, mais que l’on bat, & que l’on fond quand on veut faire du sain-doux.

Panne, (Charpenterie.) piece de bois, de six ou sept pouces en quarré, entre deux jambes de force, & entre le faîte & l’entablement, sur laquelle posent les bouts des chevrons qui ne pourroient pas être assez longs, pour aller du haut du toît jusqu’en-bas ; ou assez forts, pour soutenir les lattes & l’ardoise, ou les tuiles.

Comme les pannes sont des pieces de bois posées horisontalement le long des demi-toîts, ensorte que les chevrons supérieurs & inférieurs s’appuient sur elles, chacun par une de leurs extrémités, elles doivent s’opposer à l’effort que fait le toît pour perdre sa rectitude & se fléchir. Mais le plus souvent elles s’y opposent inutilement, & d’autant moins qu’elles tendent elles-mêmes à se fléchir par leur propre poids. Aussi est-il très-commun de voir des toîts qui se démentent & se courbent, d’où s’ensuit la ruine du faîte, & tout ce qu’il est aisé d’imaginer d’inconvénient.

On pourroit faire les pannes plus fortes & d’un plus gros équarrissage ; mais ce remede seroit cher, & chargeroit beaucoup le toît ; il y auroit peut-être encore d’autres remedes que nous obmettons, pour en venir à celui qu’a proposé M. Couplet.

Il faut, selon lui, faire ensorte que la panne ait peu à travailler, que même elle ne travaille point du tout, auquel cas on pourroit absolument s’en passer ; & ce ne sera plus qu’une sûreté de surcroît, qui par conséquent pourra être aussi petite & coûter aussi peu qu’on voudra.

Cela se trouvera, si le toît est composé de deux parties distinctes qui soient parfaitement en équilibre, c’est-à-dire, telles que tout l’effort de l’une soit soutenu & contrebalancé par l’autre.

Pour cet effet, on voit d’abord qu’il faut que le toît soit brisé, ou en mansarde. Deux chevrons du même demi-toît, l’un supérieur, l’autre inférieur, qu’on suppose égaux, s’appuieront l’un contre l’autre à l’endroit où le toît est brisé, & on fera la panne qu’on appelle alors panne de brisis. Le chevron supérieur s’appuie par son extrémité supérieure contre un chevron de l’autre demi-toît ; & l’inférieur s’appuie par son extrémité inférieure contre la sabliere. Dans cet état, les deux chevrons s’arcboutent l’un contre l’autre, & il s’agit de les mettre en équilibre.

L’effort vertical du chevron supérieur pour tomber, étant soutenu par le chevron de l’autre côté qui en a un pareil, il ne lui reste que l’effort horisontal, par lequel il tend à faire tourner le chevron inférieur sur son point d’appui de la sabliere, & par conséquent à la renverser de dedans en-dehors ; cet effort est horisontal, & comme il agit sur ce point fixe de la sabliere, il agit d’autant plus puissamment qu’il en est à une plus grande distance ; ce qui se détermine par le lieu où est le centre de gravité du chevron à l’égard de ce point fixe. C’est-là un bras de levier par lequel il faut multiplier l’effort pour avoir l’énergie du chevron supérieur : d’un autre côté, l’inférieur résiste par sa pesanteur à l’effort du supérieur, il a aussi son bras de levier par rapport au même point fixe ; car son centre de gravité, où réside toute sa force pour résister, lui donne aussi une distance à l’égard de ce point, & par conséquent une énergie de même nature que l’autre ; après cela, ce n’est plus l’affaire que de l’algèbre & du calcul, de trouver les expressions des efforts & de leurs bras de leviers, & de prendre les deux énergies pour égales, puisqu’elles doivent l’être dans le cas de l’équilibre cherché. Hist. de l’acad. des Scienc. année 1731. (D. J.)

Panne de brisis, (Charp.) est celle qui soutient le pié des chevrons à l’endroit où le comble est brisé, & qui reçoit les chevrons du brisis, comme dans les combles en mansarde ou combles brisés. Voyez nos Pl. de Charpente.

Pannes, (Charp.) sont des pieces de bois qui portent par les bouts sur les Arbalêtriers, & qui y sont soutenues, pour les empêcher de glisser, par le tasseau & la chantignolle. On les fait porter l’une sur l’autre en les coupant en délardement à demi-bois, pour qu’elles ne fassent qu’une même grosseur. Voyez nos Pl. de Charpente.

Panne, Aîle, Bras, termes de pêche, usités dans le ressort de l’amirauté de Marennes. Ce sont les côtés des pêcheries tendues, flottées, ou montées sur piquets.

Panne, mettre en panne, (Marine.) c’est virer le vaisseau vent devant, & mettre le vent sur toutes les voiles, ou sur une partie, afin de ne pas tenir ni prendre le vent, ce qui se fait quand on veut retarder le cours du vaisseau pour attendre quelque chose, ou laisser passer les vaisseaux qui doivent aller devant ; mais cela ne se fait que de beau tems. Nous mîmes nos voiles d’avant en panne, & notre grand hunier à porter, pour laisser les vaisseaux qui avoient ordre de chasser l’avant.

Etre en panne, c’est ne pas tenir ni prendre le vent.

Etre mis sur panne. Mettre un vaisseau en panne, c’est faire pencher un vaisseau en mettant le vent sur ses voiles sans qu’il fasse de chemin, & cela se fait afin d’étancher une voie d’eau qui se trouve de l’autre bord du vaisseau, du côté que le vent vient.

Panne, (Manufact.) étoffe de soie veloutée qui tient le milieu entre le velours & la pluche, ayant le poil plus long que celui-là, & moins long que celui-ci. Il se fabrique à-peu-près de même que le velours, & son poil provient d’une partie de la chaîne coupée sur la regle de cuivre. La chaîne & la trame sont de laine, & le poil est de soie.

Panne, terme d’ouvrier, se dit chez les artisans qui se servent du marteau, de la partie de la masse qui est opposée à la tête, & qui va en diminuant.

Panne, terme de Serrurier & de Taillandier, & autres ouvriers en fer, commandement du maître forgeron. C’est comme s’il disoit : frappez de la panne, ce qui arrive lorsqu’il faut alonger ou élargir le fer.