L’Encyclopédie/1re édition/PANTOGRAPHE
PANTOGRAPHE, s. m. (Art du Dessein.) le pantographe ou singe, est un instrument qui sert à copier le trait de toutes sortes de desseins & de tableaux, & à les réduire, si l’on veut, en grand ou en petit ; il est composé de quatre regles mobiles ajustées ensemble sur quatre pivots, & qui forment entre elles un parallélogramme. A l’extrémité d’une de ces regles prolongées est une pointe qui parcourt tous les traits du tableau, tandis qu’un crayon fixé à l’extrémité d’une autre branche semblable, trace légerement ces traits de même grandeur, en petit ou en grand, sur le papier ou plan quelconque, sur lequel on veut les rapporter.
Cet instrument n’est pas seulement utile aux personnes qui ne savent pas dessiner, il est encore très-commode pour les plus habiles, qui se procurent par-là promptement des copies fideles du premier trait, & des réductions qu’ils ne pouroient avoir sans cela qu’en beaucoup de tems, avec bien de la peine, & vraissemblablement avec moins de fidélité.
Cependant de la maniere dont le pantographe avoit été construit jusques-ici, il étoit sujet à bien des inconvéniens, qui en faisoient négliger l’usage. Le crayon porté à l’extrémité de l’une des branches, ne pouvoit pas toujours suivre les inégalités du plan sur lequel on dessinoit ; souvent il cessoit de marquer le trait, & plus souvent encore sa pointe venant à se briser, gâtoit une copie déjà fort avancée : lorsqu’il falloit quitter un trait achevé, pour en commencer un autre, on étoit obligé de déplacer les regles, ce qui arrivoit à tous momens.
M. Langlois, ingénieur du roi, a très-heureusement corrigé tous ces défauts dans le nouveau pantographe qu’il a présenté à l’académie des Sciences en 1743, & c’est principalement par le moyen d’un canon de métal dans lequel il place un porte-crayon, qui pressant seulement par son poids, & autant qu’il le faut le plan sur lequel on copie, cede aisément & de lui-même en s’élevant & s’abaissant, aux inégalités qu’il rencontre sur ce plan ; à la tête du porte-crayon s’attache un fil, avec lequel on le souleve à volonté, pour quitter un trait & en commencer un autre, sans interrompre le mouvement des regles, & sans les déplacer.
Outre ces corrections, M. Langlois ajuste la pointe à calquer de son pantographe, le porte-crayon, & le pivot des regles, sur des especes de boîtes ou coulisses, qui peuvent se combiner différemment sur ces regles, selon qu’on veut copier en grand ou en petit, plus ou moins, & il rend enfin tous ces mouvemens beaucoup plus aisés en faisant soutenir les regles par de petits pilliers garnis de roulettes excentriques. Le pantographe ainsi rectifié est un instrument propre à réduire en grand & en petit toutes sortes de figures, de plans, de cartes, d’ornemens, &c. très-commodément & avec beaucoup de précision & de promptitude. Voyez nos Pl. de Dessein & leur explic.