L’Encyclopédie/1re édition/PARAETAQUES
PARÆTAQUES, (Géog. anc.) peuples dont les anciens Géographes marquent presque tous différemment la position. Selon Pline, ils séparoient le pays des Parthes de la province nommée Aria, c’est-à-dire qu’ils occupoient les montagnes qui servoient de frontieres à ces Parthes & aux Ariens. Selon Ptolomée, les Parætaques habitoient au nord de la Perse & au midi de la Médie ; & selon Eratosthenes, cité par Strabon, ils s’étendoient vers l’Orient jusqu’aux frontieres du pays des Parthes & celles de la Caramanie : ensorte qu’ils n’étoient séparés des Parætaques orientaux de l’Asie & du Sacastan que par les déserts de la Caramanie, si même ils ne les habitoient pas ; car les pays les plus stériles ne l’étoient pas pour les Scythes, leurs troupeaux étant accoutumés à se nourrir des plantes seches que la terre produit dans ces plaines arides.
Hérodote & Arrien mettent les Parætaques dans la Médie. Etienne de Byzance dit qu’il y avoit une ville dans la Médie, appellée Paroetaca ; mais il y a apparence qu’elle étoit seulement dans la Paraetacene, aux confins de la Médie.
Strabon donne une très-grande étendue aux Parætaques occidentaux, il les joint aux Cosséens ; & après avoir dit que ce sont des montagnards féroces & accoutumés aux brigandages, il ajoute qu’ils s’étendoient au nord jusqu’aux portes Caspiennes, c’est-à-dire jusqu’au nord de la Médie, & dans le voisinage de l’Hyrcanie, & de la partie septentrionale du pays des Parthes : ailleurs il joint ces Parætaques aux peuples de l’Elymaïde, & dit qu’ils occupoient les montagnes voisines de la Pittacene ou de l’Apolloniatide, c’est-à-dire de la rive orientale du Tigre. Ces Parætaques avoient conservé dans l’Elymaïde le nom de Saques, & l’avoient donné à un canton de la Susiane, nommé Sagapena, selon Strabon : ce nom nous apprend que les Parætaques répandus dans les montagnes de la Perse, étoient des Saques ou des Scythes, de la même nation que les Parætaques du Sacastan, dans la Margiane & dans le Paropamisus. Ainsi l’on conçoit facilement que ces peuples n’avoient eu que le Tigre à traverser pour s’établir dans la Babylonie, & porter leur nom de Saques dans cette île formée par les deux bras du Tigre où sont les deux bourgades, qui sont appellées encore aujourd’hui Sakié par les Arabes.
Il se pourroit même que quelque bande de ces mêmes Saques eût donné son nom à la ville de Sacada sur le Tigre, au midi de Ninive. Selon le témoignage de Strabon, les Saques avoient fait des irruptions dans les pays les plus éloignés de leur premiere demeure qui étoit vers les bords du Jaxartes ; non seulement ils s’étoient emparés de toute la Bactriane, de la Margiane, & du pays des Parthes, habité par une très-ancienne colonie de Scythes avec laquelle ils s’étoient mêlés, mais ils s’étoient encore étendus de proche en proche jusques dans la Babylonie à l’Occident ; & remontant de-là vers le Nord, ils avoient pénétré jusques dans l’Arménie où ils s’étoient emparés d’une province fertile entre le Cyrus & l’Araxe, à laquelle ils donnerent le nom de Sacassena ; ils avoient aussi fait des courses dans la Capadoce, & ravagé ce pays jusque sur les bords du Pont Euxin. On célébroit encore du tems de Strabon une fête à Zela, ville du Pont sous le nom de Sacæa, en mémoire d’un avantage remporté par ceux du pays sur les Saques. Voyez Saccées. (D. J.)