L’Encyclopédie/1re édition/PARCOURS
PARCOURS, s. m. (Droit féodal.) c’est société, usance & coutume ; ce vieux mot que l’on trouve dans quelques coutumes, signifie société, union, entre certaines villes & certains villages. Le parcours est, selon Ragneau, une ancienne société entre villes & les pays de divers seigneurs, pour la commodité du commerce. Pithou dans ses mémoires a dit ; quant au droit de société, qui a été autrefois entre quelques pays & villes de ce royaume, étant alors sous divers seigneurs pour la commodité du commerce ; il étoit appellé droit de marche, de parcours & entrecours, & non de pariage, comme aucuns ont voulu dire, dont nous avons exemple au parcours ancien de Champagne & de Barois, &c.
Chopin, dans son traité du Domaine, a fait mention d’une ancienne transaction passée entre l’abbé de Mousson & le duc de Réthel, par laquelle les sujets furent liés & associés les uns avec les autres, & le parcours des hommes d’une seigneurie à l’autre.
Quand le parcours ou l’entrecours, dit M. de Lauriere, étoit fait entre deux seigneurs qui avoient droit de souveraineté, c’étoit une société au moyen de laquelle, les sujets d’un de ces seigneurs pouvoient librement & sans danger de tomber dans la servitude de corps, se venir établir dans l’état de l’autre. Le parcours contracté entre deux seigneurs, étoit fait ou au sujet de leurs étagiers & de leurs hommes de corps, ou des bestiaux de leurs sujets. Quand il concernoit les hommes de condition servile, c’étoit une société au moyen de laquelle l’étagier & l’homme de corps d’un seigneur, pouvoit aller s’établir dans le fief & la justice d’un autre, & prendre femme de sa condition dans la terre de l’autre seigneur, sans danger de formariage. Le parcours pour les bestiaux étoit une société entre deux seigneurs ou deux villages, au moyen de laquelle les sujets de l’un pouvoient mener paître leurs bestiaux dans les vains pâturages de l’autre ; ce parcours est encore en usage. Voyez les coutumes du comté de Bourgogne. De Lauriere. (D. J.)