L’Encyclopédie/1re édition/PERGE

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PERGE, (Géog. anc.) Perga, ville de Pamphylie, selon Strabon, l. XIV. p. 667. Ptolomée, l. V. c. v. & Pline l. V. c. xxvij. Elle étoit dans les terres, à 8 milles de la mer. Ortelius dit qu’on la nomme présentement Pirgi.

Pomponius Mela, l. I. c. xjv. la place entre les fleuves Cestron & Cataractes, & il nous apprend qu’il y avoit un temple de Diane Pergée, ainsi appellée du nom de cette ville. Ce temple, selon Strabon, étoit situé sur une hauteur voisine ; il étoit fort ancien, & on l’avoit en grande vénération, ainsi que l’atteste Ciceron. Pergæ fanum antiquissimum & sanctissimum Dianæ scimus esse, id quoque à te nudatum & spoliatum esse, ex ipsa Diana quod habebat auri detractum, atque ablatum esse dico. Orat. 6. in Verrem. Quoique la Diane d’Ephese surpassât la Diane de Perge, celle-ci ne laissoit pas d’avoir bonne part à la dévotion des peuples.

Il s’y faisoit tous les ans une nombreuse assemblée ; c’est alors, sans doute, que l’on y chantoit les hymnes que Damophila, contemporaine de Sappho, avoit composées en l’honneur de cette déesse, & qui se chantoient encore au tems d’Apollonius de Tyane. Il y a plusieurs médailles qui parlent de la Diane de Perge, Περγαία Ἄρτεμις Voyez Spanheim de præstant. & usu numismat. p. 782.

Il est fait mention de Perge dans les actes des Apôtres, c. xiij. v. 14. Comme elle n’étoit pas maritime, il faut que saint Paul ait remonté le fleuve Cestron pour y arriver, ou qu’il soit allé par terre, dans le dessein qu’il avoit d’y annoncer l’Evangile.

Perge est à-présent en un triste état : le siége archiépiscopal en a été transféré à Attalia, l’une des 14 villes qui en dépendoient auparavant.

Le fameux géometre Apollonius, dont on a un traité des sections coniques, étoit natif de Perge. Il vivoit sous la 134. olympiade, vers l’an 244 de Jesus-Christ, & au commencement du regne de Ptolomée Evergetes, roi d’Egypte. Il étudia long-tems à Alexandrie sous les disciples d’Euclide, & il mit au jour plusieurs ouvrages, dont il ne nous reste que celui des sections coniques, que plusieurs auteurs anciens ou modernes ont commenté ou traduit. Nous avons encore le commentaire qu’Eutocius d’Ascalon fit sur les quatre premiers livres de cet ouvrage, avec quelques lemmes & corollaires de sa façon. Nous avons aussi au nombre de 65, les lemmes que Pappus disposa sur les coniques d’Apollonius. Entre les modernes, il faut lire (Vincentio) Viviani, de maximis & minimis geometrica divinatio, in quintum librum conicorum Apollonii Pergæi. Florence 1659, in-fol. (D. J.)