L’Encyclopédie/1re édition/PERINTHE

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PERINTHE, (Géog. anc.) Perinthus, Perinthos ; ville nommée autrement Héraclée de Thrace, située sur la Propontide selon Ptolomée, lib. III. c. xj. à 54d. & 50′. de long. & à 42d. 20′. de lat.

Ce fut cette ville qui résista la premiere aux Perses, & dont la prise facilita à Mécabise, lieutenant de Darius, la conquête du reste de la Thrace. Hérodote rapporte qu’il ne put s’en emparer que par le secours des Péoniens qui l’attaquerent à l’improviste. On sait le plaisant défi que les Périnthiens firent alors aux Péoniens ; ils les appellerent en trois sortes de duels, l’un d’hommes, l’autre de chevaux, & le troisieme de chiens : & comme ils se réjouissoient en chantant l’hymne de la victoire, qu’ils avoient déjà remportée dans le premier & le second défi, les Péoniens profitant du moment favorable où les Périnthiens étoient plongés dans l’ivresse & la sécurite, les taillerent en pieces, & se rendirent maitres de leur capitale.

Philippe ayant formé le projet de subjuguer la Grece, ravagea les terres des Périnthiens, & tâcha de s’emparer de leur capitale ; mais les Athéniens sécoururent vivement Périnthe, & Philippe fut obligé d’abandonner cette entreprise. C’est à ce sujet que les Perinthiens firent en faveur des Atheniens leurs bienfaiteurs, un decret des plus honorables, dont Démosthene a donné le détail dans sa harangue pour Ctésiphon.

Ce fut un Héraclius, prince de Constantinople, qui changea le nom de cette ville en celui d’Héraclée. Elle est fameuse par son exarque, dont l’évêque de Constantinople relevoit encore sous l’empereur Constantin. Cette prééminence dura jusqu’au premier concile de Constantinople, qui en dépouilla Héraclée, pour attacher tous les honneurs du patriarchat au siege de la nouvelle Rome.

Cette ville est encore assez peuplée pour le pays, mais on n’y trouve plus que quelques vestiges de son amphithéâtre si vanté par les anciens ; cependant M. Buanoroti, dans ses observations, supra alcuni Medaglioni Antichi, a rassemblé tout ce que l’histoire & la fable disent de Périnthe ; l’ouvrage est digne du nom de l’auteur : dans la race de Michel-Ange il n’est pas permis d’être un homme médiocre. (D. J.)