L’Encyclopédie/1re édition/PHAEACIE

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PHÆACIE, (Géog. anc.) phæacia ; île de la mer Ionienne, qu’Homere appelle tantôt phæacia, & tantôt Pheria : elle fut ensuite appellée Corcyra ; mais son premier nom étoit Drépané ; c’est aujourd’hui Corfou, près des côtes d’Albanie, à l’entrée du golfe de Venise.

Du tems qu’Alcinoüs régnoit dans cette île, la brillante jeunesse n’y respiroit que la volupté. Alcinoüs lui-même le reconnoît en parlant de sa cour, dans le VIII. liv. de l’Odissée. « Les festins, dit-il, la musique, la danse, les habits, les bains chauds, le sommeil & l’oisiveté, voilà toute notre occupation ». C’est d’après Homere, qu’Horace, Epist. ij. lib. I. voulant peindre les désordres des Romains, dit :

Nos numerus sumus, & fruges consumere nati,
Sponsi Penelopæ, nebulones, Alcinoique,
In cute cur andâ plus æquo operata juventus,
Cui pulchrum fuit in medios dormire dies, &
Ad strepitum citharæ cessantem ducere curam.


« A quoi sommes-nous bons nous autres, sinon à boire & à manger ? Semblables aux amans de Pénélope, ou aux courtisans d’Alcinoüs, tous vrais débauchés, qui n’avoient d’autre occupation que celle de leurs plaisirs, & qui faisoient consister tout leur bonheur à dormir jusqu’à midi, & à rappeller le sommeil fugitif au bruit des instrumens de musique. (D. J.)