L’Encyclopédie/1re édition/PHURIM ou PURIM

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PHURIM ou PURIM, (Crit. sacr.) c’est-à-dire les sorts, fête très-solemnelle des Juifs, instituée en mémoire de leur heureuse délivrance du projet des sorts que fit jetter Aman par des devins, pour exterminer toute la nation juive qui se trouvoit dans les états d’Artaxerxès. On sait par le livre d’Esther, les détails de cet affreux projet, comment il échoua, le supplice d’Aman & de sa famille, & le massacre que les Juifs eux-mêmes, autorisés par le roi de Perse à se défendre, firent en un seul jour de tous leurs ennemis, le 13 du mois Adar, l’an 452 avant J. C. Délivrés du danger qui les avoit menacés d’une extermination totale, ils en célébrerent pendant deux jours, des réjouissances extraordinaires : par ordre d’Esther & de Mardochée, trois jours entiers furent consacrés pour en faire tous les ans la commémoration ; le premier jour par un jeûne, & les deux autres par des actes de vive réjouissance. Esther ix, 20, 22. Joseph, Antiq. liv. XI. c. vj.

Ils observent encore aujourd’hui le jeûne & la réjouissance ; ils appellent le jeûne, le jeûne d’Esther, & nomment la réjouissance, la fête de Purim ou Phurim, parce qu’en persan, purim signifie les sorts, & qu’Aman s’étoit servi de cette espece de divination pour fixer le jour de leur perte. Cette fête a été longtems célébrée parmi les Juifs, dans le gout des bacchanales ; & ils y poussoient la débauche à de grands excès, du moins pour la boisson, prétendant que ce fut par des festins qu’Esther sçut mettre Artaxerxes dans la bonne humeur dont elle avoit besoin pour obtenir la délivrance de sa nation.

Pendant les jours de cette fête, on lit solemnellement dans les synagogues le livre d’Esther : tout le monde y doit assister, hommes, femmes, enfans & serviteurs, parce que tous ont eu part à la delivrance. Chaque fois que le nom d’Aman revient dans cette lecture, la coutume établie est de frapper des mains & des piés, en s’écriant : que sa memoire périsse ! C’est la derniere fête de leur année, car la suivante est la pâque qui est toujours au milieu du mois par lequel commence l’année des Juifs. (D. J.)