L’Encyclopédie/1re édition/PIÉRIE

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PIÉRIE, (Géog. anc.) Pieria, nom commun a bien des lieux, comme on va le voir. 1°. C’est le nom d’une petite contrée de la partie orientale de la Macédoine, sur le golfe Thermaïque. Ptolomée, liv. III. chap. xiij. la borne au nord par le fleuve Ludias, & au midi par le fleuve Pénée. Strabon, excerpt. liv. VII. fine, donne des bornes différentes à la Péirie. Il ne la commence du côté du midi, qu’au fleuve Aliacmon, & la termine du côté du nord au fleuve Axius, & il nomme les habitans Periotæ.

2°. Pieria, contrée de Syrie dans la Séleucide, dont elle faisoit partie. Elle tiroit son nom du mont Pierius ou Pieria, que les Macédoniens avoient ainsi nommé, à l’imitation du mont Pierius, qui étoit dans leur patrie. 3°. C’étoit une ville de Macédoine. 4°. Pieria étoit une montagne de Thrace sur laquelle demeuroit Orphée, & ce pourroit être la même que le mont Pangée. 5°. Pieria est une montagne de Syrie, ainsi dite à l’imitation d’une montagne du même nom en Grece. Cette montagne donnoit le nom à une contrée qui faisoit partie de la Séleucide. 6°. Lieu du Péloponnese au voisinage de Lacédémone. 7°. Ville de la Bœotie, qui dans la suite fut appellée Lyncos, Λυγκὸς 8°. C’est le nom d’une montagne de la Bœotie. 9°. Il y avoit une forêt de Macédoine dans la Piérie, qui portoit le nom de Pieria silva. Tite-Live, liv. XLIV. chap. xliij. dit que ce fut dans cette forêt que se sauva Persée, après avoir été battu par les Romains.

C’est de la Piérie de Macédoine qu’étoit natif Pierus, célebre poëte musicien, dont parlent Plutarque & Pausanias. Il eut neuf filles douées de tous les talens possibles pour la musique & la poésie ; il leur imposa le nom des neuf muses, & les petits-fils qu’elles lui donnerent, porterent les mêmes noms que les Grecs ont attribués depuis aux enfans des muses mêmes. Comme il excelloit également dans la musique & la poésie, il composa des poëmes dont l’histoire fabuleuse des muses, & leurs louanges, faisoient le principal sujet. Voilà d’où vient que les muses sont appellées Piérides par les poëtes.

Une colonie de Piériens, peuples de Thrace, entre le Carason & le Bracs, étant entré au fond du golfe de Salonique en Macédoine, s’établit sur les côtes, entre le Platamona & le mont Aka, & donna à ce canton le nom de Piérie, aussi-bien qu’à une fontaine qui fut consacrée aux muses. Le Carason ou le Mestro d’aujourd’hui, est apparemment le Nestus ou Mestus des anciens ; le Bracs est le Cossinites ou Compsatus ; la Platamona, l’Astrœus ; & le mont Aka est la partie orientale de l’ancien Olympus.

Criton (Quintus) historien, naquit à Pierie dans la Macédoine, apparemment depuis J. C. puisqu’aucun ancien auteur n’en parle. Il composa plusieurs ouvrages, dont les noms seuls nous ont été conservés. Julius Pollux, liv. X. cite son histoire de Nice, & Etienne, son histoire des Getes. Suidas nomme une histoire de Pallene par Criton, une de Perse, une de Sicile, la description de Syracuse, l’origine de la même ville, enfin un traité de l’empire de Macédoine. (D. J.)