L’Encyclopédie/1re édition/PIPA, PIPAL
PIPA, PIPAL, s. m. (Hist. nat.) P. XV, fig. 3, crapaud d’Amérique. Le mâle ressemble assez par la forme du corps, au bufo ou crapaud de terre de ces pays-ci ; mais la femelle a une conformation très différente ; elle est beaucoup plus grosse que le mâle. La tête du pipa est petite, & la partie antérieure se termine en pointe à-peu-près comme le museau d’une taupe ; l’ouverture de la bouche est très-grande, & les yeux sont fort petits ; il y a de chaque côté, à l’extrémité postérieure de la tête, un petit appendice formé par un prolongement de la peau : le dos forme une élévation très-apparente à sa partie antérieure ; il est très-large & couvert presqu’en entier de petits corps ronds de la grosseur d’un gros pois, & enfoncés fort avant dans la peau ; ces corps ronds sont autant d’œufs couverts de leur coque, & posés fort près les uns des autres, presqu’à égale distance ; l’espece de croûte membraneuse qui les recouvre, est d’un roux jaunâtre & luisant. On voit sur les intervalles qui se trouvent entre les œufs & sur les autres parties de la face supérieure du corps, un grand nombre de très-petits tubercules ronds, semblables à des perles. Lorsqu’on enleve la membrane extérieure qui recouvre les œufs, ils paroissent à découvert, & on distingue les petits crapauds. Les jambes de devant du pipa sont menues & terminées par quatre doigts longs qui ont de petites ongles ; les jambes de derriere sont beaucoup plus grosses, & ont chacune cinq doigts tous unis les uns aux autres par une membrane, comme dans les canards : le dessous du ventre a une couleur cendrée jaunâtre. La femelle est d’une couleur jaunâtre, à-peu-près semblable à celle des crapauds de ces pays-ci. On trouve le pipa en Amérique ; les naturels du pays donnent le nom de pipa à la femelle, & celui de pipal au mâle : les negres mangent les cuisses de l’un & de l’autre, quoiqu’ils passent tous les deux pour être très-venimeux. M. Merian, Metamorp. des ins. de Surinam, dit, de même que Seba, que c’est la femelle qui porte ses petits sur son dos. La figure ci-dessus citée représente un pipa portant ses petits sur le dos dont les uns ne font que d’éclore, & les autres sont un peu plus grands. Seba, these I. Voyez Crapaud.