L’Encyclopédie/1re édition/PNEUMA

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ΠΝΕΥΜΑ, (Critiq. sacrée.) esprit ; ce mot est fort équivoque, & reçoit différentes acceptions ; il convient d’en faire la remarque pour l’intelligence de plusieurs passages de l’Ecriture. Les Juifs appelloient esprit, toute cause qui agit, & même cause inanimée, comme le vent, les tempêtes Ps. cxlviij. Il y a des esprits, ἔστι πνεύματα, est-il dit dans l’Eccl. xxxix. 35. créés pour la vengeance, & qui ont affermi les maladies qu’ils ont causées. Qui sont ces esprits ? L’auteur le dit plus bas, v. 37. 38. le feu, la grêle, la famine, la mort ; il ajoute, v. 39. les bêtes farouches, les scorpions, les viperes, & le glaive.

Grotius observe sur le mot πνεῦμα, qu’il faut entendre par-là dans l’Ecriture toute qualité active dont une chose est douée, & qui en émane, comme le souffle émane d’un homme. On en trouvera cent exemples dans Aristote, Plutarque, Thucydide, Xénophon ; πνεύματα désigne encore dans les auteurs les parties nobles nécessaires à la vie, le poumon, les vents, la difficulté de respirer ; c’est dans ce sens qu’on donne dans l’Ecriture le nom d’esprit aux maladies, sans que nous prétendions nier l’interpretation des passages où il est manifeste qu’il s’agit de l’opération des démons ; saint Marc & saint Luc parlent d’un jeune homme qui étoit possédé d’un esprit muet, ἔχοντα πνεῦμα ἄλαλον, lequel le jettoit par terre subitement ; alors ce jeune homme écumoit, grinçoit des dents, &c. voilà les symptômes de l’épilepsie ; mais le miracle de Jesus-Christ n’en étoit pas moins grand : enfin puisqu’il s’agit ici de critique, nous finirons par observer, que πνεῦμα veut dire encore dans les auteurs, une période, sententia membris constans. Bud. ex Hermog. tom. IV. p. 90. (D. J.)