L’Encyclopédie/1re édition/PO, le

La bibliothèque libre.
◄  PNYCE
POA  ►

PO, le, (Géog. mod.) en latin Padus, Eridanus ; c’est le fleuve le plus considérable d’Italie. Il a sa source dans le Piémont, au marquisat de Saluces, dans le mont Viso, & prend son cours en serpentant d’occident en orient. Après avoir passé la vallée du Po, une partie du marquisat de Saluces, il arrose le Montferrat, le duché de Milan, coule entre le Crémonois & le Parmésan, traverse le duché de Mantoue, entre dans l’état de l’Eglise, & se jette enfin dans le golfe de Venise par plusieurs embouchures. Le Tasse parlant de la rapidité avec laquelle il se rend dans la mer, dit en poëte de génie, qu’il semble porter la guerre, & non pas un tribut à la mer :

E pare
Che guerra porti, e non tributo al mare.

Virgile appelle purpureum le golfe de Venise où le Po se précipite. On sait que purpureum ne signifie pas toujours la couleur de pourpre, & qu’il a quelquefois la signification de candidum. Le même poëte appelle l’Eridan,

Gemina auratus Taurino cornua cornu.

C’étoit peut-être ainsi qu’on représentoit ce fleuve à cause des nombreux troupeaux de bœuf qui paissoient sur ses bords, & qui enrichissoient le pays. Dryden en a fait une belle peinture :

There Pô first issues from his dark abodes,
Aud awful in his cradle, rules the floods,
Two golden horns on his large from he wears,
And his grim face a bull’s ressemblance bears :
With rapid course he seeks the sacred ain,
And fattens as he runs the fiuitful plain.

Un savant de l’académie des Belles-Lettres de Paris, prétend qu’il y avoit deux fleuves qui portoient le nom d’Eridan, l’un en Italie, l’autre en Allemagne, qui est la Vistule. Il fonde son opinion sur l’ambre que quelques auteurs anciens ont dit se trouver sur les bords de l’Eridan. Mais cela vient de ce que les négocians d’Italle faisoient venir l’ambre du nord ; & l’embarquant sur le Po pour le transporter dans la Grece par la mer Adriatique, les Grecs s’imaginerent qu’il croissoit sur les bords de ce fleuve. (D. J.)