L’Encyclopédie/1re édition/PONTES

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PONTES, (Hist. rom.) ce mot dans l’histoire ne désigne pas, comme M. de S. Réal le pensoit, des tables hautes & étroites, où l’on donnoit les suffrages dans les assemblées publiques ; mais c’étoient réellement de véritables ponts faits de planches. Il y en avoit un pour chaque tribu, ou pour chaque centurie, selon que l’assemblée étoit formée ; & tous les citoyens passoient sur ces ponts pour donner leurs suffrages. On leur remettoit deux bulletins à l’un des bouts ; & lorsqu’ils étoient à l’autre, ils jettoient dans une corbeille le bulletin qu’ils vouloient. Il faut savoir que l’un de ces bulletins avoit une marque pour approuver, & c’étoit la premiere lettre de ces deux mots, uti rogas, qui veulent dire soit fait ; & l’autre pour refuser, étoit marqué de la premiere lettre du mot antiguo, qui veut dire j’abolis. De-là vint le proverbe, de ponte dejicere, priver du droit de suffrage.

Pour éviter la confusion & les tromperies, on avoit fait ces ponts fort étroits, de sorte qu’il n’y pouvoit passer que peu de monde à la fois. Marius même les fit encore retrécir de son tems ; enfin on y préposa du monde pour maintenir l’ordre & la regle. Mais dans la décadence de la république, toutes ces précautions n’aboutirent à rien. Cicéron dit dans une de ses lettres, que les coupe-jarrêts de Clodius, pour empêcher le peuple d’autoriser la proposition que le sénat lui avoit faite, s’emparerent des ponts en question, & ne fournirent à ceux qui devoient donner leurs suffrages que les bulletins qui marquoient le refus. Ainsi allerent les affaires de Rome, jusqu’à ce que toute liberté fut détruite par la puissance des empereurs. (D. J.)

Pontes, (Hist. nat. Minéral.) c’est ainsi qu’on nomme dans les mines de France la roche qui sert de couverture, & celle qui sert d’appui à un filon ou veine métallique. Celle qui est au-dessus se nomme ponte courante ; celle qui est au-dessus se nomme ponte couchante. Quelquefois la premiere s’appelle le toît de la mine, & la seconde le sol ou le plancher. Voyez Mine.

Pontes, (Géog. anc.) 1°. ville d’Angleterre. L’itinéraire d’Antonin la met sur la route de Regnum à Londres, entre Calleva Attrebatum (Henley), & Londres, à 18 milles du premier de ces lieux, & à 22 milles du second : c’est aujourd’hui Colebrook, qui tire son nom de la riviere Cole qui se partage en quatre bras, sur chacun desquels il y avoit un pont ; & ces quatre ponts sont l’origine de l’ancien nom pontes. M. Thomas Gale (Antonin. itiner. Brit. pag. 107.) de qui est cette remarque, avertit que l’itinéraire d’Antonin est fautif dans les milles, pour la position de Pontes. L’erreur vient de ce qu’il ne marque que 18 milles entre Calleva Attrebatum & Pontes, au lieu qu’il devoit en mettre 22. 2°. ville de la Gaule Belgique. L’itinéraire d’Antonin la place sur la route de Lyon, entre Ambiani & Gessoriacum, à 36 milles du premier de ces lieux, & à 39 milles du second. (D. J.)