L’Encyclopédie/1re édition/QUINDÉCEMVIR

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QUINDÉCEMVIR, s. m. (Antiq. rom.) officier préposé à la garde des livres sibyllins, & chargé d’une partie des choses qui concernoient la religion, ce que faisoient auparavant les décemvirs & les duumvirs. Ils consultoient ces oracles lorsque le sénat l’avoit ordonné, & en faisoient leur rapport, y ajoutant leur avis. Ces magistrats étoient aussi commis pour exécuter tout ce qui étoit prescrit dans le livre des sybilles, & pour faire célébrer les jeux séculaires. Ce nom leur fut donné parce qu’ils étoient au nombre de quinze dans leur origine. On croit que ce fut Sylla, dictateur, qui les établit, en créant cinq magistrats qu’il ajouta au college des décemvirs. Quoique dans la suite ils aient été soixante, comme le prétend Servius sur le VI. liv. de l’Eneïde, v. 63. leur nom ne changea point, & on continua à les appeller quindécemvirs ; on les créoit de la même maniere que les pontifes, & celui qu’ils avoient à leur tête se nommoit magister collegii.

Outre le dépôt qu’ils avoient des livres sibyllins, & l’interprétation qu’ils en donnoient, ils présidoient aussi aux sacrifices & cérémonies extraordinaires que l’on faisoit. Sur les médailles, quand un dauphin est joint à un trépié, il marque le sacerdoce des quindécemvirs, qui pour annoncer leurs sacrifices solemnels, portoient un dauphin au bout d’une perche, par la ville ; ce poisson étoit consacré à Apollon, aussi-bien que la corneille parmi les oiseaux. Les quindécemvirs jouissoient, comme les autres prêtres, de l’exemption d’aller à la guerre, & des autres charges, afin qu’ils fussent uniquement occupés de leur sacerdoce. L’an de Jesus-Christ 389, Stilicon brûla les livres sibyllins par l’ordre de l’empereur Théodore, & leurs interpretes tomberent du même coup. (D. J.)