L’Encyclopédie/1re édition/RAVET

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RAVET, s. m. insecte des pays chauds de l’Amérique, il est de la grosseur & à-peu-près de la figure & de la couleur des hannetons, mais plus écrasé, plat, mollasse, dégoûtant, exhalant une mauvaise odeur. La femelle du ravet étant féconde, pond & dépose sur tout ce qu’elle rencontre une espece d’œuf de couleur brune, gros comme une petite feve, un peu applati, & s’ouvrant par le côté en deux parties, l’intérieur de cet œuf est partagé transversalement par des petites logettes, renfermant une substance gluante dans laquelle se forment les embryons, qui, lorsqu’ils ont acquis des forces suffisantes, ouvrent l’œuf & s’échappent avec une extrème vivacité. Les ravets étant parvenus à leur grosseur parfaite changent de peau & prenent des aîles ; dans cet état ils sont d’un blanc d’ivoire qui brunit dans l’espace de cinq à six heures, & l’insecte reprend sa premiere couleur.

On rencontre assez souvent une autre espece de ravets, qu’on nomme kakerlats ; ceux-ci sont beaucoup plus gros que les précédens, leur couleur est d’un vilain gris, ils sont hideux à voir, volent pesamment & répandent une odeur très-forte & très dégoûtante.

Ces insectes se trouvent en grand nombre dans les maisons, ils se fourrent par tout, dans les jointures des maisons, derriere les meubles, & même dans les armoires où ils rongent, gâtent & infectent tout ce qu’ils touchent.

Il y a encore d’autres petits ravets qui ne sont guere plus gros que des mouches à miel, ils ont les aîles pointues par leurs extrémités, un peu transparentes & d’une couleur olivâtre : cette espece est fort commune à la côte de Guinée d’où elle a été transportée en Amérique par les vaisseaux qui font la traite des negres. M. le Romain.