L’Encyclopédie/1re édition/ROMESTECQ

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ROMESTECQ, (jeu du) ce jeu qui ne laisse pas d’avoir ses difficultés, est ainsi nommé de rome & de stecq, deux termes usités dans le jeu. Voyez Rome & Stecq.

Les cartes avec lesquelles on joue ce jeu sont au nombre de trente-six, c’est-à-dire, depuis les trois jusqu’au six. On y peut jouer deux, quatre ou six personnes. On voit qui sera ensemble ; & si l’on est six, le joueur du milieu prend les cartes & les donne à couper à celui du milieu de l’autre côté pour voir à qui fera. Celui qui tire peut faire, ou ordonner à l’autre, selon qu’on est convenu. Il y en a qui prétendent que c’est un avantage de faire à six. Si l’on ne joue que quatre, celui qui coupe la plus belle carte donne. Il y a pour lors beaucoup d’avantage pour celui qui joue le premier ; ce qui arrive en ce cas, puisque celui qui est à la droite de celui qui mêle est son compagnon avec lequel il communique le jeu.

Et celui qui ne fait point marque ordinairement le jeu avec des jetons, une plume ou du crayon.

La partie est ordinairement de trente-six points lorsqu’on joue six ; & à deux ou quatre, elle est de vingt-un, quoique cela dépende proprement de la volonté de celui qui joue, comme de fixer la partie.

Celui qui doit mêler, après avoir fait couper à sa gauche, donne à chaque joueur cinq cartes, par deux fois deux, ou par tel autre nombre, pourvu qu’il observe de toujours donner de même dans tout le reste de la partie. Il n’y a point de triomphe à ce jeu, & le talon reste sur la table sans qu’on y touche.

Il faut observer que l’as est la meilleure carte du jeu, levant même le roi ; le reste des cartes vaut à l’ordinaire. Mais pour qu’une carte supérieure en leve une inférieure, il faut qu’elle soit de la même couleur ; car autrement l’inférieure jettée la premiere leve la supérieure en une autre couleur. Quant aux jeux différens, les voici selon leur plus grande valeur. Le vilique, le double ningre, le triche, le village, la double rome, la rome & le stecq.

Il faut remarquer que quelque carte qu’on joue, si elle fait parité d’un jeu quelconque, qui peut arriver au romestecq, elle doit être nommée par son nom propre, c’est-à-dire qu’en la jouant, il faut toujours dire double-ningre, ou piece de ningre ; en jouant une de la double-rome, piece de la double-rome, de triche, & de village : car autrement celui qui auroit effacé sans l’avoir nommée, perdroit la partie. Ainsi, en jettant les deux dames & les deux valets, qui font le village, il faut dire piece de village. Voici les principales regles de ce jeu.

Celui qui en donnant les cartes en retourne une de celles de sa partie adverse, est marqué de trois jetons de sa partie ; mais de rien si la carte est pour lui ou pour son compagnon.

S’il se trouve des cartes retournées dans le jeu, & que les joueurs s’en apperçoivent, on marquera trois jetons pour celui qui fait.

Qui manque à donner de la même maniere qu’il a commencé, est marqué de trois jetons, & le coup se joue.

Celui qui donne six cartes au-lieu de cinq, marquera trois jetons, & en ôtera une au hasard, qu’il remettra au talon ; puis continuera de donner comme auparavant.

Qui joue devant son tour releve sa carte, & est marqué de trois jetons ; celui qui renonce à la couleur qu’on lui jette, en ayant, perd la partie.

Celui qui compteroit des jeux qu’il n’auroit pas, perdroit la partie, si l’on s’en appercevoit.

Qui joue avec six cartes ou plus, perd la partie.

Qui se démarqueroit d’un jeton de plus qu’il ne feroit perd la partie.

Celui qui accuseroit trois marques qu’il n’auroit pas, n’importe par quel motif, perdroit la partie.