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L’Encyclopédie/1re édition/ROSE D’OR

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Rose d’or, (Hist. de la cour de Rome.) c’est ainsi qu’on nomme par excellence, une rose de ce métal faite par un orfévre italien, enrichie de carats, & bénie par le pape le quatrieme dimanche du carême, pour en faire présent en certaines conjonctures, à quelque église, prince, ou princesse.

La coutume qu’a le pape de consacrer une rose d’or le dimanche lætare Jerusalem, n’a pris son origine que dans le xi. ou xij. siecle ; du-moins n’en est-il pas parlé plutôt dans l’histoire.

Jacques Picart, chanoine de saint Victor de Paris, dans ses notes sur l’histoire d’Angleterre, écrite par Guillaume de Neubourg, sur la fin du xij. siecle, nous donne l’extrait d’une lettre d’Alexandre III. à Louis le jeune, roi de France, en lui envoyant la rose d’or ; « imitant (dit ce pape au monarque) la coutume de nos ancêtres, de porter dans leurs mains une rose d’or le dimanche lætare, nous avons cru ne pouvoir la présenter à personne qui la méritât mieux que votre excellence, à cause de sa dévotion extraordinaire pour l’Eglise, & pour nous-mêmes ».

C’est ainsi qu’Alexandre III. paya les grands honneurs que Louis le jeune lui avoit rendus dans son voyage en France. Bien-tôt après les papes changerent cette galanterie en acte d’autorité, par lequel en donnant la rose d’or aux souverains, ils témoignoient les reconnoître pour tels ; & d’un autre côté, les souverains accepterent avec plaisir de la part du saint siége, cette espece d’hommage. Urbain V. donna en 1368 la rose d’or à Jeanne, reine de Sicile, préférablement au roi de Chypre. En 1418 Martin V. consacra solemnellement la rose d’or, & la fit porter sous un dais superbe à l’empereur qui étoit alors au lit. Les cardinaux, les archevêques, & les évêques, accompagnés d’une foule de peuple, la lui présenterent en pompe, & l’empereur s’étant fait mettre sur un trône, la reçut avec beaucoup de dévotion aux yeux de tout le public.

Henri VIII. reçut aussi la rose d’or de Jules II. & de Léon X. Ce dernier pape ne prévoyoit pas qu’un de ses parens & successeurs (Jules de Médicis) qui prit le nom de Clément VII. s’aviseroit bien-tôt après d’excommunier ce même monarque, & qu’il arriveroit de-là, que toutes les roses de la tiare pontificale seroient flétries en Angleterre. (D. J.)