L’Encyclopédie/1re édition/SABARIE

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SABARIE, (Géog. anc.) Sabaria ; ville & colonie romaine, dans la Pannonie. Une médaille rapportée par Golzius & par le P. Hardouin, la nomme Col. Sabaria Claudina Augusta ; & dans le même lieu, on trouve une pierre avec cette inscription, insérée au recueil de Gruter.

L. Val. L. Fil. Cl. Censorinus
D. C. C. S. §. item ve, leg. j.

Les quatre premieres lettres de la seconde ligne, signifient decurio coloniæ Claudianæ Sabariæ. Ptolomée nomme Savariæ, dans la haute Pannonie, Σαβαρία. Sulpice Sévere dit que S. Martin étoit de Sabarie en Pannonie.

L’abregé d’Aurelius Victor, in Didio Juliano, remarque que dans le même tems on fit deux empereurs, Niger Pescennius à Antioche, & Septime Sévere à Sabarie de Pannonie.

On croit que c’est présentement Sarwar, place forte de Hongrie, au confluent de la riviere de Guntz & du Rab, au comté de Sarwar. Quelques auteurs prétendent qu’Ovide ayant obtenu la permission de revenir de son exil, mourut en chemin à Sabarie.

Gaspard Bruschius dit qu’en 1508, on trouva à Sabarie une voûte avec une inscription, qui marquoit que c’étoit le tombeau d’Ovide : voici l’inscription.

Fatum necessitatis lex.
Hîc situs est vates, quem divi Cæsaris ira
Augusti, patriâ cedere jussit humo.
Sæpè miser voluit patriis occumbere terris ;
Sed frustrà : hunc illi fata dedêre locum.

Lazius croit que Sabarie est Stainam-Auger, bourgade située sur la riviere de Guntz, qu’il appelle Sabaria ou Sabarius fluvius.

On a vu ci-dessus que S. Martin naquit à Sabarie. Il commença par la profession des armes, & finit par celle de solitaire. Il reçut le baptême à l’âge de 18 ans, fut nommé évêque de Tours dans un âge fort avancé ; bâtit le monastere de Marmoutier que l’on croit la plus ancienne abbaye de France, & y vécut long-tems en anachorete à la tête de plusieurs moines. Il fit une belle action, ce fut de s’opposer tant qu’il put auprès de Maxime, pour empêcher qu’on ne condamnât à mort les Priscillianistes. Il décéda à Tours l’an 397. C’est le premier des saints confesseurs auquel l’église latine ait rendu un culte public. On prêta long tems des sermens sur sa châsse & sur ses reliques. Venance Fortunat a écrit la vie de S. Martin dans un poëme en quatre livres ; mais ce n’est pas un chef-d’œuvre pour la diction & pour les faits. Il avoue qu’il l’avoit composé pour le remercier de ce qu’il avoit été guéri d’un mal des yeux par son intercession. (D. J.)