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L’Encyclopédie/1re édition/SALMACIS

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SALMACIS, (Géog. anc.) fontaine d’Asie dans la Carie. Elle ne doit pas être loin de la ville du même nom, & peut-être lui donnoit-elle son nom. Cette fontaine avoit, disoit-on, la réputation de rendre mous & efféminés ceux qui bûvoient de ses eaux. Strabon, l. XIV. plus judicieux que le vulgaire, ne croit point qu’elle eût cette propriété ; mais, selon lui, ce défaut de ceux qui en bûvoient venoit de leurs richesses & de leur intempérance.

Vitruve, l. II. c. viij. en donne une autre raison. Il y a, dit-il, tout auprès de la fontaine de Salmacis un temple de Vénus & de Mercure. On croit faussement qu’elle donne la maladie de l’amour à ceux qui en boivent ; mais il n’y aura point de mal à rapporter ce qui a donné lieu à ces faux bruits qui se sont répandus par-tout. Il faut savoir, continue-t-il, que les Grecs qui s’établirent en cet endroit, charmés de la bonté de cette eau, y éleverent des cabanes, & qu’ensuite ils attirerent des montagnes les barbares, les engagerent à s’amollir, c’est-à-dire à adoucir la férocité de leurs mœurs, & à se policer en se soumettant aux lois, & en s’accoutumant à une vie moins sauvage.

Festus en indique une raison bien différente ; il avoue que cette fontaine étoit très-funeste à la pudicité, & ceux qui en alloient boire s’exposoient à la perdre, non que l’eau eût par elle-même aucune qualité, mais parce que pour y aller il falloit passer entre des murs qui resserroient le chemin, & donnoient par-là occasion aux débauchés de surprendre les jeunes filles qu’ils déshonoroient, sans qu’elles pussent leur échapper. Ovide, que l’opinion du peuple accommodoit mieux, l’a embrassée.

Cui non audita est obscenæ Salmacis unda ?

C’est ce qu’il dit dans le XV. liv. de ses métamorphoses vers 319. On peut voir comment il a traité la fable de la nymphe Salmacis, l. IV. fab. 11. (D. J.)

Salmacis, s. f. (Mytholog.) nom d’une nymphe tellement amoureuse d’Hermaphrodite, fils de Mercure & de Vénus, que l’ayant surpris comme il se baignoit dans une fontaine de Carie, elle se jetta dedans & en l’embrassant étroitement, elle pria les dieux de les unir pour jamais. Sa priere fut exaucée, leurs deux corps n’en firent plus qu’un, où étoit néanmoins conservé le sexe de l’un & de l’autre. La fable ajoute que depuis cette fontaine située près d’Halicarnasse fut nommée Salmacis, & que tous ceux qui s’y baignoient devenoient efféminés. (D. J.)