L’Encyclopédie/1re édition/SALYENS

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SALYENS, (Géog. anc.) en latin Sallyes, ou Salyes, Salyi, Salvii & Salluvii ; ancien peuple de la Provence, le long de la mer, entre le Rhône & le Var. Strabon, un peu après le commencement de son quatrieme livre, dit : La côte est occupée par les Massiliens & les Salies jusqu’à la Ligurie, & aux frontieres de l’Italie, & jusqu’au Var. Ils n’avoient pas seulement le rivage de la mer, car il dit ensuite : le pays montagneux des Salyens avance du couchant au nord, & se recule de la mer insensiblement.

Tite-Live, liv. XXI. ch. xxvj. parlant de P. Cornelius, dit qu’étant parti de la ville avec soixante barques longues, & cotoyant l’Etrurie, la Ligurie & ensuite les montagnes des Salyens, il arriva à Marseille. Comme ils étoient contigus à la Ligurie, ils ont été appellés Gallo-Liguri, mot qui semble marquer qu’ils étoient Liguriens d’origine, quoique établis dans les Gaules.

Ce peuple fut attaqué par les Romains alliés des Marseillois qu’il incommodoit, selon Florus, liv. III. c. ij. Prima trans Alpes arma nostra sensere Salyii, cum de incursionibus eorum fidissima atque amicissima civitas Massilia quereretur.

Ce fut la premiere guerre que les Romains firent au-delà des Alpes, en prenant ce mot au-delà par rapport à Rome. Pline, liv. III. ch. xvij. les nomme Sallyi en un endroit : il parle de la ville de Verceil possédée par les Libici, & fondée par les Sallyes : Vercellæ Libicorum ex Sallyis ortæ. Mais le même auteur, liv. III. ch. iv. les nomme Salluvii, en parlant d’Aix leur capitale ; Aquæ sextiæ Salluviorum. Il les nomme, ch. v. les plus célebres des Liguriens au-delà des Alpes, Ligurûm celeberrimi ultrà Alpes Salluvii.

L’abbé de Longuerue, descrip. de la France, part. I. p. 336. croit que les Salyes étoient subdivisés en plusieurs peuples : les plus proches d’Antibes étoient les Décéates, qui avoient pour voisins les Védiantiens, les Nérusiens, les Sueltériens ou Seltériens, dont il est impossible à présent de donner les limites. Les Déciates ou Décéates étoient aux environs d’Antibes ; les Oxybiens, aux environs de Fréjus ; les Védiantiens avoient pour ville, selon Ptolomée, Cemenelium, aujourd’hui Cimiez, près de Nice. Les Nérusiens étoient au-tour de Vence ; les Suletériens au-tour de Brignoles & Draguignan. On pourroit y ajouter les Avatici & les Anatilii. Les derniers étoient dans le territoire d’Arles, & les premiers plus près de la mer. (D. J.)