L’Encyclopédie/1re édition/SAREPTA
SAREPTA, (Géog. anc.) ville des Sidoniens, dans la Phénicie, entre Tyr & Sidon, sur le bord de la mer Méditerranée. Pline & Etienne le géographe l’appellent Sarapta, & les Arabes Tzarphand. Josephe & les Grecs disent Sarephta ou Saraphta, & les Juifs Zarphat.
Le géographe arabe Scherif-Ibn-Idris la met à vingt milles de Tyr, & à dix milles de Sidon. Cette derniere étoit au nord, & Tyr au midi.
Sarepta est fameuse par la demeure qu’y fit le prophete Elie, chez une pauvre femme veuve, pendant que la famine desoloit le royaume d’Israel. On y montroit au tems de S. Jérôme, & encore long-tems depuis, le lieu où ce prophete avoit demeuré. C’étoit une petite tour. On bâtit dans la suite une église au même endroit, au milieu de la ville.
Le vin de Sarepta est connu chez les anciens, sous le nom de vinum sareptanum :
Et dulcia Bacchi
Munera, quæ Sarepta ferax, quæ Gaza crearat.
Fortunat, dans la vie de S. Martin, dit :
Sareptæ
Lucida perspicuis certantia vina capillis.
Et on lit dans Sidonius Apollinaris, carm. 17.
Vina mihi non sunt gazetica, chia, falerna,
Quoeque sareptano palmite missa bibas.
Fulgent. l. II. Mytholog. dit que les vins de Sarepta sont si fumeux, que les plus hardis buveurs n’en sauroient boire un setier en un mois. Or le setier, sextuarius, n’étoit que la pinte de Paris, selon Budée.
Sarepta n’est plus aujourd’hui qu’un méchant village que les Turcs nomment Sarphen. Sa situation est sur la croupe d’une petite montagne. L’ancienne Sarepta étoit beaucoup plus près du rivage, où l’on voit encore quelques fondemens à fleur de terre. Mais on a placé la moderne sur la montagne, à cause des ravages des pirates. Du tems que les chrétiens étoient maîtres de cette ville, il y avoit un évêque & une église bâtie en mémoire de S. Elie. Elle a été détruite par les Sarrasins ou par les Turcs, qui ont fait bâtir une mosquée à la place. (D. J.)