L’Encyclopédie/1re édition/SEBÉSION

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SEBÉSION, f. f. (Inscript. antiq.) Ce terme d’inscription seul ou joint à un autre, est un des plus difficiles à entendre. On n’a pas été plus heureux à expliquer ces deux mots, nama sebesio, qu’on a trouvé dans le dernier siecle sur un marbre antique : tous les gens de l’art paroissent y avoir échoué.

Il faut savoir que parmi les figures de Mithra, ancien dieu des Perses, dont le culte fut porté à Rome du tems de la guerre des pirates, il y en a une sur laquelle outre l’inscription ordinaire deo soli invicto Mithræ, on lit ces mots barbares, nama sebesio, qui ont mis à la torture les antiquaires. Leurs conjectures ayant paru peu satisfaisantes, M. le marquis Mafféi en a proposé une nouvelle à l’académie des Inscription en l’année 1736. L’action de ce bas-relief fait voir le sacrifice d’un taureau.

Il observe que l’on a placé ces mots sous le sang qui coule en abondance & avec impétuosité de la blessure faite au col du taureau. Νᾶμα σεϐήσιον, en bon grec, signifie, dit M. le marquis Mafféi, source auguste, liqueur vénérable, fluide sacré. Or on ne pouvoit rien mettre ici de plus propre ni de plus convenable.

On pourroit objecter au sujet de cette explication, que la derniere lettre manque dans le mot sebésion ; mais on répond que c’est parce qu’il n’y avoit plus de place entre l’extrémité du col & le couteau.

L’on pourroit opposer encore qu’à la vérité νᾶμα est usité pour signifier une liqueur qui coule ; mais qu’il n’en est pas de même de σεϐήσιον, qu’on ne trouve point dans les lexiques. A cela M. Mafféi répond que nul dictionnaire, de quelque langue que ce soit, ne comprend toutes les inflexions qu’on peut former & tirer des verbes Sur les marbres antiques on trouve des verbaux qui ne paroissent point dans les livres ; & on feroit une longue liste de mots grecs & latins qui se lisent dans les inscriptions, & qui manquent dans les auteurs. Sans doute, mais ce n’est point par des possibles, c’est par des faits qu’on appuie les explications qu’on donne des marbres antiques. M. Mafféi n’en cite aucun pour appuyer la sienne ; & quand une lettre lui manque, il s’en tire par une gentillesse d’esprit. (D. J.)