L’Encyclopédie/1re édition/STACTÉ

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STACTÉ, s. m. (Hist. nat. des drog.) c’est ainsi que les anciens nommoient la plus précieuse sorte de myrrhe liquide, qui découloit des arbres sans incision. Ce n’étoit point le storax de nos boutiques, comme quelques modernes l’ont imaginé, car le storax est même fort différent de notre myrrhe en larmes. C’est une myrrhe liquide, naturelle, d’un grand usage dans les choses de luxe. On la mêloit dans des vins de liqueur, qu’on appelloit vina myrrhata, & qu’on estimoit singulierement. De-là vient que dans Plaute une vieille dit :

Tu mihi stacte, cinnamomum. Tu rosa,
Tu crocum & cassia es !

Les anciens composoient encore avec le stacté des parfums odoriférans, des pommades pour les cheveux & des baumes de grand prix. Plusieurs commentateurs de l’Ecriture prétendent que c’est de ce baume de myrrhe que les mages porterent à Bethléem au Sauveur du monde, avec de l’or & de l’encens.

Nos parfumeurs appellent à leur tour stacte quelques morceaux choisis de myrrhe, qu’ils font dissoudre dans de l’huile, & y mettent de l’odeur ; car nous ne connoissons plus le stacte des anciens ; nous ne connoissons uniquement que la myrrhe seche en larmes. Voyez Myrrhe, & Myrrhé, vin. (D. J.)