L’Encyclopédie/1re édition/SUAIRE

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SUAIRE, s. m. (Gram. & Critiq. sacrée.) en grec σουδάριον, en latin sudarium, mouchoir, linge pour essuyer la sueur du visage, d’où est venu son nom. On lit dans les actes des apôtres, xix. 12. qu’on portoit sur les malades des mouchoirs de S. Paul, σουδάρια, & leurs maladies cessoient. Le mot suaire désigne encore une espece de voile, dont on couvroit la tête & le visage des morts, Jean xj. 44. Mais ce mot est particulierement consacré à désigner le voile que le Sauveur avoit sur la tête dans le tombeau, Jean xx. 7. Plusieurs églises se disputent l’honneur d’avoir ce suaire, ce qui doit au-moins faire soupçonner qu’aucune ne le possede. On le montre à Turin, à Toulouse, à Besançon, à Sarlat, à Compiegne, sans parler des villes d’Espagne & d’Italie, où on le montre aussi. Celui de Turin a été confirmé pour le véritable par quatre bulles du saint siege, avec des indulgences en sa faveur ; mais celui de Toulouse est autorisé par quatorze bulles des papes, à commencer par celle de Clément III. en 1190, c’est-à-dire sur la fin d’un des plus grands siecles d’ignorance & de barbarie. (D. J.)