L’Encyclopédie/1re édition/TABES

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TABES, s. m. Tabide, adj. en Médecine, qui convient généralement à toutes sortes de consomptions. Voyez Consomption, Phthisie, Atrophie, Marasme, &c.

Tabes dorsalis est une espece, ou plutôt un degré de consomption, qui vient quelquefois d’excès dans l’acte vénérien.

Le malade n’a ni fievre, ni degoût, mais une certaine sensation, comme si une multitude de fourmis lui couroit de la tête le long de la moelle de l’épine ; & lorsqu’il urine, ou qu’il va à la selle, il rend une matiere liquide, qui ressemble à la semence.

Après un violent exercice, il a la tête pesante, & un tintement d’oreille ; & à la fin il meurt d’une lipyrie, c’est-à-dire d’une fievre où les parties externes sont froides, tandis que les internes sont brûlantes.

Les causes sont les mêmes que dans la consomption, l’atrophie & la phthisie, en général & en particulier ; la cause ici est un épuisement, causé par la partie la plus spiritueuse de nos fluides qui est la semence ; elle est aussi ordinaire aux femmes épuisées par des fleurs blanches continuelles. La phthisie dorsale est une maladie incurable ; elle est suivie d’insomnie, de sécheresse, d’anxiété, de douleurs nocturnes, de tourmens, de tiraillemens dans les membres, & sur-tout dans l’épine du dos.

La cure est la même que celle de la consomption : ainsi les restaurans, les fortifians, les gêlées, le vin vieux pris modérément, l’eau de gruau, le lait coupé, les alimens restaurans aromatisés ; & surtout les bouillons de veau, de bœuf : on doit aller par degré des alimens légers aux plus nourrissans.

L’air doit être pur, celui de la campagne dans une plaine, & tempéré, est le meilleur, le malade s’y proménera. Voyez Gymnase & Exercice.

Le sommeil sera long & pris sur un lit modérément mollet, chaud & sec. On le placera dans un lieu airé, on en écartera toute vapeur mal saine.

Les passions seront tranquilles, on donnera de la gaieté, on animera l’esprit par les compagnies. Voyez Maladie de l’esprit.

La meilleure façon de guérir cette maladie, est de rendre au sang sa partie balsamique & spiritueuse, emportée par l’excès des plaisirs de l’amour.

Tous les symptomes des autres maladies s’y rencontrant, on doit les calmer ; mais la cause seule étant une fois extirpée, mettra en état d’y remédier. V. Consomption, Phthisie. Car cette maladie prend la forme de toutes les différentes especes de consomption & de phthisie.