L’Encyclopédie/1re édition/TAGE

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TAGE, (Géog. mod.) ville de l’Arabie heureuse, sur la route de Moka, entre Manzéri & Manzuel, à 18 lieues de la premiere de ces villes. Celle-ci a quelques belles mosquées ; elle est fermée de murs, & a un château pour la commander ou la défendre.

Tage, le, (Géog. mod.) en latin Tagus ; grande riviere d’Espagne, qui selon les anciens, rouloit des paillettes d’or avec son sable. Tagus auriferis arenis celebratur, dit Pline, l. IV. c. xxij. Elle ne roule plus d’or aujourd’hui, mais elle en porte beaucoup à l’Espagne & au Portugal, par le commerce.

Ce fleuve a sa source dans la partie orientale de la nouvelle Castille, aux confins du royaume d’Arragon. Il traverse toute la Castille de l’orient à l’occident, & baigne Tolede : de-là il passe à Almaraz & à Alcantara, dans l’Estramadoure d’Espagne, d’où entrant dans l’Estramadoure de Portugal, il lave Santaren, & va former un petit golfe d’une lieue de largeur, qui sert de port à Lisbonne ; & deux lieues au-dessous il se décharge dans l’Océan atlantique. La marée monte à Lisbonne ordinairement douze piés à pic, & plus de dix lieues en avant vers sa source.

Le Camoens, dans sa Lusiade, apostrophe ainsi les nymphes du Tage. « Nymphes, dit-il, si jamais vous m’avez inspiré des sons doux & touchans, si j’ai chanté les bords de votre aimable fleuve, donnez-moi aujourd’hui des accens fiers & hardis ! Qu’ils aient la force & la clarté de votre cours ! Qu’ils soient purs comme vos ondes, & que désormais le dieu des vers préfere vos eaux à celles de la fontaine sacrée » !

Cette apostrophe est charmante, quoiqu’elle ne renferme point le beau contraste qui se trouve dans celle de Denham à la Tamise, comme le lecteur en pourra juger en lisant le mot Tamise. (D. J.)