L’Encyclopédie/1re édition/TERENJABIN

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TERENJABIN, s. m. (Mat. méd. des Arabes.) ce mot désigne communément dans les écrits des anciens arabes une espece de manne, nommée par quelques-uns manne de mastic, manna mastichina, à cause de ses grains ronds, ressemblans à ceux du mastic ; mais presque tous les médecins du monde la nomment aujourd’hui manne de Perse, manna persica.

M. Geoffroi a cru que le terniabin ou terenjabin, étoit une sorte de manne liquide, trompé par Bellon, qui l’avoit été le premier par les récits des moines du mont Sinaï. Bellon pense que la manne liquide recueillie par ces moines, & qu’il nomme terenjabin, est le miel de rosée, mel roscidum de Galien, ou le miel de cedre d’Hippocrate ; mais ce n’est point là le terenjabin des anciens Arabes, ni la manne persique des modernes. Il est bien vraissemblable que la manne liquide des moines du mont Sinaï est la même substance que le miel de rosée de Galien, ou le miel de cedre d’Hippocrate, mais ce n’est point là le terenjabin des anciens Arabes.

La description que fait Galien de son miel de rosée, & de la maniere dont on le recueilloit de son tems sur le mont Sinaï, convient très-bien avec le récit de Bellon ; mais il ne paroît point qu’on en fît le moindre usage en médecine, ni du tems de Galien, ni moins encore du tems d’Hippocrate. Les médecins arabes paroissent être les premiers qui l’ont employé comme purgatif. Galien parle plutôt de son miel de rosée, ou manne liquide, comme d’une curiosité, que comme d’une médecine, n’indiquant nulle part ni ses vertus, ni son usage ; il se contente de dire qu’on en recueilloit tous les ans quantité sur le mont Sinaï, mais qu’on en apportoit très-rarement dans son pays. De plus, il paroît par le témoignage de l’ancien auteur grec, cité par Athénée, & dont Saumaise a rapporté le passage, que ce miel de rosée étoit un objet de luxe par sa saveur, plus agréable au goût que le miel même, outre son parfum délicieux.

Dans l’ouvrage apocryphe, intitulé de dynamiis, attribué à Galien, il est bien vrai qu’on y ordonne de mêler de la scammonée avec du miel ; mais il n’y est pas dit un seul mot de la manne : or, comme Galien entre dans tous les plus petits détails de la matiere médicale de son tems, il s’ensuit que son silence est une forte preuve que dans son tems le miel de rosée du mont Sinaï n’étoit point d’usage en médecine, & moins encore toute autre espece de manne. Philosop. transact. n°. 472. (D. J.)