L’Encyclopédie/1re édition/TERNATE

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TERNATE, (Géog. mod.) île de la mer des Indes, la principale des Moluques, sous la ligne, à un demi-degré de latitude septentrionale, à 2 lieues de Tidor. Elle en a six de circuit. Le pays est montagneux. L’air y est chaud & sec, & les volcans y font de grands desordres. La mer fournit beaucoup de poisson ; les orangers, citronniers, cocotiers & amandiers, viennent en abondance à Ternate. Il y a dans cette île un roi particulier, qui fait son séjour à Malayo, capitale. Ses sujets sont mahométans, paresseux, sobres, ignorans, sans ambition, & sans vanité. Tous leurs meubles consistent en une hache, un arc, des flêches, quelques nattes & quelques pots. Leur principale nourriture est de pain de sagou, ou de maïs.

Les Hollandois ont débusqué les Portugais de cette île, & le roi de Ternate s’est soumis à la compagnie des Indes orientales, en arrachant tous les girofliers de son pays ; la compagnie pour le dédommager de cette perte, lui donne chaque année environ dix-huit mille rixdallers en especes, ou en valeur par d’autres effets.

On ne connoît guere de volcan plus terrible que celui de l’île de Ternate. La montagne, qui est roide & difficile à monter, est couverte au pié de bois épais ; mais son sommet qui s’éleve jusqu’aux nues, est pelé & escarpé par le feu. Le soupirail est un grand trou qui descend en ligne spirale, & devient par degré de plus petit en plus petit, comme l’intérieur d’un amphithéâtre. Dans le printems & en automne, vers les équinoxes, quand il regne un certain vent, & sur-tout le vent du nord, cette montagne vomit avec grand bruit des flammes mêlées d’une fumée noire & de cendres brûlantes ; & toutes les campagnes des environs se trouvent couvertes de cendres. Les habitans y vont dans certain tems de l’année pour y recueillir du soufre, quoique la montagne soit si escarpée en plusieurs endroits, qu’on ne peut y monter qu’avec des cordes attachées à des crochets de fer. (D. J.)