L’Encyclopédie/1re édition/TERRA-NOVA

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TERRA-NOVA, (Géog. mod.) petite ville ou bourg d’Italie, dans le Florentin, près d’Arezzo, illustré par la naissance du Pogge, Poggio Bracciolini, l’un des plus beaux esprits & des plus savans hommes du xv. siecle.

Il fit ses études à Florence, & se rendit ensuite à Rome, où son mérite le fit bientôt connoitre ; on lui donna l’emploi de secrétaire apostolique qu’il exerça sous sept papes, sans en être pour cela plus riche. On l’envoya en 1414 au concile de Constance, dont il s’occupa bien moins que de la recherche des anciens manuscrits. Ses soins ne furent pas infructueux ; il découvrit en furetant les bibliotheques, les œuvres de Quintilien dans une vieille tour d’un monastere de S. Gall. Il déterra une partie d’Asconius Pedianus sur huit oraisons de Cicéron, un Valerius Flaccus, un Ammien Marcellin, un Frontinus de aquæductibus, & quelques autres ouvrages.

De retour en Italie, il fut nommé secrétaire de la république de Florence en 1453 ; l’amour qu’il avoit pour la retraite, lui fit vendre un Tite-Live pour acquérir une maison de campagne au val d’Arno, près de Florence ; & c’est-là qu’il s’appliqua plus que jamais à l’étude, quoiqu’il fût déja septuagenaire ; il mourut dans cette maison de plaisance en 1459, âgé de 79 ans.

On a de lui une belle histoire de Florence, une traduction latine de Diodore de Sicile, un traité élégant de varietate fortunæ, des épitres, des harangues ; enfin un livre de contes plaisans, mais trop obscènes & trop licentieux. Si vous desirez de plus grands détails, lisez le Poggiana, ou la vie, le caractere, les sentimens & les bons mots de Pogge, par M. Lenfant, Amsterdam 1720, in-8°. & vous ne vous repentirez pas de cette lecture.

Il avoit épousé une femme de bonne famille, jeune, riche, belle & douée d’excellentes qualités. Il en eut une aimable fille nommée Lucrece & cinq fils qui se distinguerent par leurs talens. Le plus célebre fut Jacques Poggio, dont on a plusieurs ouvrages ; mais ayant trempé malheureusement dans la conspiration des Pazzi, il fut arrêté & pendu avec d’autres conjurés à une fenêtre du palais de Florence. (D. J.)